Le défenseur français, qui revient sur les raisons qui l'ont poussé à choisir le Borussia Dortmund plutôt que Lyon cet été, est déjà fasciné par son entraîneur, Lucien Favre.
Il s'était donné plusieurs semaines pour livrer le récit de son été brûlant. Un an après son arrivée à Mayence, le capitaine de l'équipe de France Espoirs s'est retrouvé au coeur d'un des feuilletons du mercato estival. Lyon ou Dortmund, l'ex-Monégasque a été confronté à ce dilemme. Au final, Diallo (22 ans) a choisi la continuité allemande et est devenu le plus gros transfert de l'été en Bundesliga (28 M€ + bonus) (*). Il s'en explique pour la première fois, de manière réfléchie et structurée.
«Fin juin, vous vous êtes retrouvé au coeur de l'actualité mercato. Comment vit-on cela ?
En réalité, je ne me rendais pas vraiment compte que j'étais au coeur d'un feuilleton, j'étais vraiment focus sur faire le bon choix, donc je cogitais. C'est après, quand j'ai relu tous les articles, que je me suis dit "Ah oui, c'était mon tour, j'étais dans le feuilleton." (Rires.) Je mets un petit pied dans la cour des grands. Et c'est plutôt agréable. (Rires.) C'était une situation compliquée mais rêvée aussi. C'était un grand club ou un grand club.
Au final, quelle fut votre méthodologie pour vous déterminer ?
Dortmund est venu beaucoup plus tôt. Ils ont pris une bonne longueur d'avance à la base. Et derrière, Lyon est arrivé de façon très prononcée. Ça m'a fait réfléchir car c'est un très grand club français. Il y a beaucoup de joueurs que je connaissais en Espoirs (Aouar, Ndombele, Terrier...), avec un président très présent. Et un coach qui a pris du temps pour se déplacer. C'était un choix très difficile.
Sur quels critères l'avez-vous fait ?
Je me suis dit qu'une continuité en Allemagne, là ou ça s'était bien passé, ça pouvait être une bonne opportunité. Il y a aussi le fait qu'il y a beaucoup plus de chances de jouer très souvent la Ligue des champions à Dortmund. Il y a un public exceptionnel, un stade exceptionnel, c'est une référence mondiale. C'est ça qui a fini par me convaincre.
Est-ce qu'aujourd'hui Lyon est moins attractif qu'à une période, qu'à l'époque où il gagnait tout ?
Si on compare aux sacres lyonnais, forcément, c'est une grosse période dans l'histoire du foot. Mais, par contre, je trouve que Lyon est plus attractif qu'il y a deux ou trois ans. L'année dernière, j'ai beaucoup aimé le jeu proposé, le projet qui repose sur les jeunes.
Mais alors...
Dans l'approche, ce sont deux coaches qui aiment avoir la possession de balle, jouer très haut. Il y avait pas mal de similitudes. Mais dans le projet club, il y a plus de différences. Beaucoup plus de concurrence à Dortmund, un environnement qui, entre guillemets, est plus proche du très haut niveau à Dortmund, avec beaucoup de pression. Je me suis dit que c'était le meilleur moyen d'atteindre le très, très haut niveau.
«Genesio a été très convaincant. Mais c'est vrai que Favre, c'est un personnage»
Le discours de Favre a-t-il été déterminant ?
Forcément, mais je prends des pincettes car les gens vont penser qui si Favre m'a convaincu c'est parce que Genesio ne m'a pas convaincu. Alors que c'est faux, vraiment. Genesio a été très convaincant. Mais c'est vrai que Favre, c'est un personnage, une référence en France et en Allemagne. C'est dur de lui dire non. Quand on parle avec lui, on sent la passion du foot, l'expertise, le souci du détail.
Mais le fait de jouer à Lyon vous aurait offert une meilleure exposition.
C'est une question que je me suis posée. Même pour l'équipe de France A, d'être médiatisé en France. Après, il n'y a jamais de choix parfait.
Comment avez-vous accueilli les déclarations de Jean-Michel Aulas où il expliquait qu'il fallait "que le salaire d'un joueur en équipe de France Espoirs ne soit pas incohérent avec les autres joueurs au même statut" ?
Je ne sais pas pourquoi il a dit ça, dans quel contexte il a dit ca. Honnêtement, ce n'est pas le plus important. Ils sont venus à moi avec un intérêt. Je n'ai forcé personne. Je n'ai pas de problème avec le côté financier. Surtout que ce qui coûtait le plus cher, c'était mon transfert. Je suis jeune, je n'aurais pas eu le salaire de Ronaldo.
Qu'est-ce qui vous a le plus surpris dans votre nouveau quotidien ?
Le stade. J'ai mal aux oreilles, c'est une ambiance incroyable. Et le souci du détail du coach.
Racontez-nous cela.
Il faut le vivre. (Sourires.) La première semaine, il m'a parlé de la position de mes mains. (Il s'anime pour nous décrire la scène.) Je jouais, il me regarde et il me dit : "Tu joues les poings serrés." "Pourquoi ?" Je n'avais même pas remarqué moi. (Rires.) Il me dit : "Tes mains peuvent te servir, dans l'équilibre, dans la protection de balle." C'est un personnage atypique. Il nous vouvoie, ça fait bizarre la première fois. (Rires.) S'il peut rester sur le terrain avec nous pendant des heures, il le fera.
Vous avez donc la conviction que d'ici à un an, deux ans, avec lui, vous serez un joueur différent ?
Oui, et si je ne suis pas un joueur différent, je me dirais, qu'est ce qui a cloché chez toi ?
En C1, vous allez retrouver Monaco. Est-ce un moyen pour vous de montrer à Leonardo Jardim qu'il s'est trompé en ne vous faisant pas jouer plus ?
Non, parce que je le lui ai déjà montré. Je n'ai pas de rancune, je n'ai rien à lui prouver. Il a fait ses choix, je les ai respectés. En réalité, je ne lui reproche pas grand-chose, cette année-là, on a gagné le titre, il a fait ses choix. Je ne suis pas d'accord mais c'est son choix.
Quand on voit la profusion des joueurs au poste d'axiaux gauchers (Umtiti, Kimpembe, Lenglet, Laporte), on se dit qu'on n'ira jamais chez les Bleus, non ?
Non, on ne se dit pas ça, sinon on arrête. On travaille. Et si je suis performant et que ça doit venir, ça viendra.»