Tekrunner a écrit:Et bannissement à vie du cyclisme pro. Ça c'est de la sanction dissuasive au moins. On peut juste un peu regretter que cela se fasse au rythme de la justice, donc pas très vite.
"dissuasive" heu.. Pour Di Gregorio c'est trop tard, il n'y a plus rien à dissuader hein.. Pour les autres, je doute que ça en dissuade beaucoup. Quand tu vois la carrière post-cycliste de certains dopés notoires ou avérés (pas tous évidemment, y'en a qui ont laissé leur peau ou leur esprit, et j'ai vraiment de la peine pour eux), je vois pas très bien actuellement ce qui pourrait dissuader les mecs qui choisissent de plonger du côté obscur de la Force.
Cela dit, ça soulève une vraie question : Malgré tout le bordel de ces dernières années (on va dire, depuis l'affaire Festina et le scandale Armstrong) et les drames qui ont touché de plein fouet certains coureurs (je pense à tous ceux qui ont fini malade à en crever à cause des addictions aux produits, addictions qui les poursuivaient bien après leur carrière, faisant d'eux de purs toxicomanes dans un état psychique déplorable - j'ai eu connaissance d'assez près de ce phénomène, mais c'est un peu trop perso pour entrer dans les détails. Je peux juste dire que ça se passait dans une salle de muscu de Poitiers, peu après l'affaire Festina : la salle était une des plaques tournantes françaises du traffic de produits dopants - s'y croisaient des coureurs à pied, des cyclistes (dont le fameux Pascal Hervé) et bien évidemment des culturistes - eux n'étaient limités par aucune réglementation, c'était l'orgie. Les keufs ont fait une descente dans cette salle à la fin des 90's, la salle a fermé, et j'ai connu quelqu'un qui a fini à l'hosto l'estomac carrément perforé à cause des saloperies ingérées pendant sa carrière et qui a vécu ensuite dans un état de toxico complet pendant des années. Une horreur.), bref, je reprends :
Malgré tout ce bordel médiatique et réel (les suspensions, les descentes de flic, l’opprobre du public, les dangers sur la santé, etc), pourquoi le cirque continue ?
Manifestement les sanctions ne suffisent pas à dissuader.
Il y a une culture de la triche qui continue de sévir dans le peloton - et quoi d'étonnant quand on lit le nom de certains directeurs sportifs ou membres de l'encadrement ? Pourquoi s'inquiéter de l'avenir quand un certain nombre de commentateurs sportifs font une seconde carrière peinard à la télé ou la radio ou quand d'anciennes stars plus ou moins repenties rencontrent le succès dans l'édition et se pavanent sans trop de difficultés autour des aires d'arrivée ?
Les réponses sont nombreuses, et, pour avoir travailler dans mon métier avec pas mal de toxico, j'ai tendance à penser qu'une partie du problème vient de là : on peut "essayer" sous la pression, même si on n'est pas viscéralement un tricheur (et je doute qu'il se trouve beaucoup de tricheurs "par nature"), mais une fois qu'on y a goûté, qu'on a profité des effets du truc, pas facile de ne pas y retourner, et ce, d'autant plus que certains de ces produits sont véritablement addictifs : les corticoïdes par exemple ! Et là, du coup, au bout d'un moment, ça n'est même plus une question de triche ou pas, c'est juste qu'on n'arrive pas à décrocher (et à courir sans produits). C'est pour ça d'ailleurs qu'on trouve même des seconds couteaux, qui, malgré une absence de résultats, continuent de se doper. Même après qu'ils aient décroché. Un truc que je dis souvent : prenez une dizaine de djeunes qui picolent dans une soirée à l'adolescence, vous pouvez être sûr qu'il y en a au moins 1 sur ces dix qui va plonger dans l'alcool plus tard (pareil pour l'héro, la coke etc..). Dans le peloton, c'est probablement plus que 1 sur 10 quand en plus vous vivez 24/24h avec des collègues ou des encadrants qui ferment les yeux ou carrément encouragent.
Enfin bref, tout cela a déjà donné lieu à bien des causeries sur ce forum, mais je ne crois vraiment pas à la dissuasion par la sanction, et j'ai bien plutôt l'impression que cette course poursuite absurde entre les centres antidopages et les dopés va durer encore bien longtemps - jusqu'à ce que ça tue complètement les compétitions cyclistes ou qu'on autorise carrément le dopage (le dopage du futur sera de toutes façons du genre : modification génétique, donc là, de toutes façons, on passera à tout autre chose....)