Allez le CR qui débarque deux semaines après, c'est toujours mieux que rien. Peu d'anecdotes géniales qui n'auraient pas déjà été narrées par ailleurs, donc le CR concernera principalement la cyclo du samedi !
Vendredi
Pas grand-chose à raconter sur le trajet, à part une heure de marche au pas de course entre Austerlitz et Gare du Nord pour le transfert, puisque mon premier train est arrivé à Paris avec 1h15 de retard… Après 10h de voyage, je finis par arriver à Lille et passe un coup de fil à Thor qui avait essayé de me joindre. Samuel et lui sont dans le coin, on se donne rendez-vous, ils me repèrent (avec mon sac à dos et mon vélo sur l’épaule) et nous partons pour notre appart.
On discute sur le trajet. Vu que la partie Pratique à ses habitués, j’ai presque l’impression de déjà les connaître sans les avoir jamais vus. Ça évite d’avoir à briser la glace ! On discute à l’appart, on monte les vélos. Samuel sort un sac d’élastique en disant « Akit a dit qu’il en fallait ». Gros blanc. « Mais on doit en faire quoi en fait ? »
. L’ami Bertrand tape alors à notre porte. On a laissé la clé dessus et le boitier dans l’entrée ouvert. Il voit son appart en bordel et trois vélo dans 5m² mais pas de souci, tout va bien. Vu le CR de Liam, ça ne me surprend pas !
Vers 20h on décide d’aller manger en centre ville. Thor regarde son téléphone et annonce qu’on est proche du Lobby et qu’on pourrait y trouver Trifon. Mais pas le temps pour ça ce soir. On s’enfile une assiette de pâtes (tartare-frites pour Thor), et on rentre. Sur la route, Thor m’arrête en pleine phrase parce que j’ai dit un mot avec l’accent du sud-ouest
Il attendait ça depuis plusieurs heures. On rentre, il est 22h, on se couche, prêt à affronter la légende.
Samedi - La course
Levé 4h38, ça pique. On s’habille rapidement et on se met en route vers la gare. On fait les malins sur les pavés du centre-ville : « 55km là-dessus ça va passer tranquille » ! A la gare, thor et Samuel se ravitaillent au distributeur alors que j’ai prévu le coup. On voit passer trois mecs à vélo dont un avec des roues devant coûter au bas mot 2000€ la paire. Carbone, jantes hautes, parfait pour aller s’exploser sur les pavés !
Notre train s’arrête toutes les 4 minutes à une gare au blase toujours plus charismatique . Il est vide après Valenciennes. A Aulnoye Aimeries (?), nous changeons et rejoignons Akit, que je n’ai pas vu depuis notre Ronde victorieux il y a deux ans ! On parle préparation, pavés, il nous met la pression pour nous montrer qu’on va en chier !
. On lui demande de nous expliquer le coup des élastiques et Samuel commence à installer ça sur son vélo. Perso, j’ai pas envie de devoir enlever et remettre l’élastique à chaque gorgée alors je laisse tomber. Ça passera bien comme ça !
Nous arrivons enfin à Busigny après près de 2h de périple matinal. On suit Akit jusqu’au départ, on récupère les dossards, on fait la photo souvenir et en route vers la légende ! On reste groupé les premiers kilomètres, quelques anglais viennent déjà indiquer à thor qu’il a fait une faute sur son dossard en écrivant thor_husvod. Après 11km, c’est déjà le premier secteur ! Akit part comme une balle et Samuel le suis. Je reste un peu avec thor le temps d’apprivoiser les pavés. Je le lâche en fin de secteur et au moment où je vais rejoindre les deux autres gruppettistes, je me rends compte que j’ai perdu un bidon. Après un secteur. Je montre mon porte bidon à Samuel qui se marre. J’appelle Akit pour qu’il regarde. Il me fait non de la tête comme un papa dirait à son fils « t’es con aussi, je t’avais prévenu »…
Les secteurs suivants se passent bien. On fait les malins avec Samuel : « c’est pas si terrible » ; « ça secoue un peu mais ça passe tranquille ». Les deux autres sont toujours plus rapides que moi sur les pavés. Akit, ça ne m’étonne pas (l’expérience), par contre Samuel m’impressionne !
C’est déjà l’heure du premier ravitaillement. Akit nous conseille de prendre notre temps et se barre en fourbe six minutes avant nous après seulement 4 minutes d’arrêt !
Je suis Samuel, on passe le premier secteur tranquille puis arrive le 2e. Je veux bourriner derrière Samuel dans un faux plat mon temps et ma chambre à air explose à l’arrière
. A plat direct, je n’ai plus qu’à m’arrêter. Je vois passer thor qui ne pense pas à donner sa roue à son leader…
Je change, regonfle comme je peux avec ma pompe de merde (4 bars, peut-être… ?) et je repars. Les deux secteurs suivants, ça passe mais je sens que ma chambre n’est pas assez gonflée et va péter au moindre trou. Je bourrine sur les secteurs asphaltés pour essayer de refaire mon retard sur les autres. Je roule à 40km/h quand j’arrive, sans le savoir, sur les lieux du drame.
Une belle ligne droite, deux voies de belle taille, un vent de dos, parfait pour avoiner ! Je suis en train de rattraper un groupe quand je vois un mec faire un signe de la main pour indiquer aux autres de se décaler sur la gauche. Sur la droite, je vois un vélo sur le trottoir et un cycliste assis. Je le reconnais en m’approchant : c’est thor !
Tombé tout seul sur le secteur le moins difficile de toute la course, c’est beau
. Je m’arrête et m’approche de lui. Je lui demande si ça va (question conne, je l’admets). Le vélo a volé, il a le bras en sang, se tient la clavicule, grimace, mais sa première réponse c’est « putain, j’ai explosé mes lunettes »
. Ok mon grand tu dois être fatigué, quelqu’un va s’occuper de toi. Un spectateur a déjà appelé les pompiers qui sont en route. Je reste deux minutes et lui demande si ça ne le dérange pas que je reparte. Une fois parti, je me dis que j’aurais peut-être du lui taper une chambre à air et un bidon, tant qu’à faire, en mode charogne…
Quelques kilomètres plus tard, c’est la trouée d’Arenberg !
Neutralisée…
Je suis un peu dégouté, mais quand je vois la gueule du pavé, je comprends. J’entends alors Trifon hurler dans le mégaphone (Leinhart… Fabio Felline… mon gars sûr…)
, ça me redonne le sourire ! Le pavé s’ouvre finalement après un kilomètre, c’est un carnage. Ca patine, ça glisse, ça n’avance pas (il faut savoir que les coureurs du parcours moyens découvrent les pavés à ce moment là…). Je suis assez peu confiant, mais je roule 800m sur le pavé comme je peux, jusqu’à ce qu’un mec se fracasse devant moi et tape la tête sur le sol
. Je freine de la roue arrière (réflexe salvateur ici) qui part en vrille mais je reste miraculeusement debout. Je suis à l’arrêt, le cœur à 180bpm, j’essaye de repartir mais je chasse dans tous les sens. Je viens de voir un mec se rétamer, thor partir à l’hôpital, je craque et préfère repasser sur le bitume. Un regret qui m’obligera à revenir une autre fois !
https://forum-images.hardware.fr/images/perso/5/mac_lane.gifJe ne sais plus exactement où s’est déroulée l’anecdote suivante alors je la pose ici. Pour éviter de traverser une grande route, l’organisation nous fait passer dans un tunnel piéton : passage en S étroit, tunnel sans lumière et à l’intérieur, deux grosses bandes de béton, pas forcément le top à enjamber avec un vélo de route. Dans la pénombre, j’entends un gros « crac », puis un mec se met à hurler en portugais. J’aperçois l’homme en question à la sortie : sur l’une des bandes, il a fracassé sa tige de selle en carbone. Course terminée. J'ai un peu de sang portugais quelque part normalement (dans mon patrimoine génétique hein, pas dans mon frigo...
), alors je compatis.
Vient ensuite le secteur de Pont Gibus, autre haut lieu de Paris-Roubaix en raison de son pont caractéristique, parfait pour une séance photo ! Ici, un anglais perd son bidon devant moi. Je l’évite de peu mais voit l’anglais piler pour le récupérer. Je me retrouve coincé entre lui et le bas côté, je pile également et me retrouve sur la roue avant, avec la roue arrière levée de 20 cm… Nouvelle frayeur ! Petite photo du secteur au passage
Apparemment, c’est ici que j’ai doublé Samuel mais je ne l’ai pas vu. En regardant le FlyBy sur Strave, je vois qu’il s’est arrêté quelque chose comme 20 minutes. Il ne me redoublera même pas après ma nouvelle crevaison deux secteurs plus loin. Parce que oui, regonfler sa roue à 4 bars avec une pompe de merde, c’est multiplier par 100 le risque de pincement de chambre sur les pavés…
Deux crevaisons en 30km, encore 80 à parcourir. J’ai encore 2 chambres dans les poches mais je commence à baliser…
J’arrive finalement tant bien que mal au 2e ravito ou je trouve un stand pour remettre de la pression dans ma roue arrière. Dans le doute, je demande si le mécano a des chambres à air : « Oui, c’est 5€ » / Je donne 10€, il me rend 3 / « Ah non c’est pas 5, c’est 7. J’ai dit 5 ? Non mais c’est 7 ». Ok fuck you si tu veux,
j’ai autre chose à faire de ma journée… Apparemment Samuel arriva au ravitaillement au moment où je partais. Je ne l’ai pas vu. Heureusement, sinon j’en avais pour 30 minutes le temps qu’il prend pour s’alimenter...
Arrive ensuite le secteur de Beuvry la forêt, dégueulasse à souhait, dont Darth me narrera le récit passionnant le lendemain (le fameux « pavé Madiot »
). Un anglais me double : « Hey, you dropped something » / « What did it look like ?” / “A glove I think”… Ok, j’ai compris, j’ai fait tomber une manche de mon manteau que j’avais enlevée au premier ravito. Je m’arrête, je regarde derrière. Rien. J’hésite. Finalement, je décide de faire demi-tour à pied : le manteau sans manche n’a plus grand intérêt pour l’hiver, ça serait con de devoir en racheter un pour avoir eu la flemme de faire 200m à pied. De toute façon dans ma tête, Akit et Samuel sont loin devant
. Samuel ne me rattrape toujours pas d’ailleurs.
La suite se passe relativement bien, avec notamment le très long secteur de Mons-en-Pévèle. Je roule encore correctement, je stresse moins pour ma roue qui a retrouvé de la pression, mais je commence à sentir des brûlures quand je mets les mains sur les cocottes. Ça sent pas bon… J’arrive finalement au 3e ravito, mange un morceau rapidement et repars pour le grand final ! A partir de là, chaque pavé devient un supplice. Je ne sais plus comment tenir mon guidon, car dès que la paume touche, ça brûle affreusement… Je passe les secteurs tant bien que mal, je tiens le guidon avec deux doigts sur les parties asphaltées, bref, je subis, mais j’arrive bientôt au bout !
L’enchainement final est infernal : deux petits secteurs, un peu d’asphalte et ensuite : Camphin en Pévèle, Carrefour de l’Arbre et Gruson avec quasiment aucune récupération : 5km de pavés en moins de 8km
. C’est affreux, je lutte pour ne pas lâcher le guidon, je maudis les cyclos qui roulent à 2 à l’heure et qui m’obligent à passer sur les pavés dégueulasses sur le côté pour les passer. Je dois même doubler une voiture à l’arrêt derrière un groupe sur le CDA !
Je vois finalement le restaurant, je tourne à droite et à la sortie du secteur : Le Gruppetto est là
. Enfin presque, Mayo est allé chercher Thor à l’hôpital mais à part ça… Trifon ne crie plus, ça sent déjà le pétage de caisson. Mayoj me balance un « alors, ça va ? », auquel je réponds sobrement « non »
. Je décide alors de soulever mes gants pour la première fois (j’avais peur de ce que j’allais trouver, je préférais éviter…). Je découvre une énorme ampoule complètement arrachée sur ma main gauche, laissant apparaître 3cm de chair
. Je comprends mieux ma douleur… Je discute avec mes supporters, je leur demande quand sont passés Akit et Samuel. J’ai 15 minutes de retard sur Akit et ils ont raté Samuel… « Ah pourtant je suis sûr qu’il est devant moi, je l’ai jamais redoublé. Vu que Thor est à l’hôpital ça sert à rien d’attendre plus personne ne passera ». Voilà, grâce à moi, Samuel est privé de supporters.
Je repars et escamote complètement le secteur de Gruson. Sur le dernier secteur, j’alterne pavé et bande… Et j’en vois enfin le bout ! Les derniers kilomètres seront moins épiques, au milieu de la circulation. J’apercevrai l’homme dont parlait Samuel, en sang à 6km de l’arrivée, un beau gâchis. Finalement le vélodrome se profile. Enfin ! J’entends Akit m’encourager à la barrière. Ne pouvant plus tenir mon guidon, je préfère rouler doucement et prendre la bande bleu plutôt que me lancer dans un virage incliné… Le tour terminé, je récupère ma médaille, je rejoins Akit qui m’indique le poste de secours le plus proche.
Gros sketch d’ailleurs : après avoir fait la queue, une jeune femme s’occupe de moi pendant que son supérieur (pas bien vieux non plus) supervise et remplit ma fiche patient. Me voyant souffrir à la désinfection de ma plaie il me dit « Il y a un truc que je comprends pas. Vous avez tous des ampoules. Mais pourquoi vous les éclatez avant de venir nous voir ? »
. « Euuuuuh ». Je suis obligé de lui expliquer qu’avec 55km de pavés, l’ampoule a eu le temps de se former, de se percer et de se déchirer et que si j’avais eu le choix j’aurais évité… Mais le meilleur arrive. « Nom ? Prénom ? Adresse ? Code Postal ? » / « 31000, Toulouse » / « Toulouse ? Vous venez d’aussi loin pour ça ? … Vous avez pas de pavés chez vous ? » / « Mais… d’abord non y’a pas de pavés à Toulouse, et en plus c’est Paris-Roubaix quoi… » / « Ah… bon d’accord »
. On avait donc le seul mec du coin qui n’avait aucune idée de ce que représentait Paris-Roubaix pour des cyclistes…
Samuel arrive finalement, on dit au revoir à tout le monde et on se lance à 10 à l’heure à la recherche d’un tram. On arrive à la maison et on retrouve thor en slip. Décidemment, après Svam à Samoens, je vais finir par penser que les gruppettistes aiment bien se balader à poil
.
Samedi soir & dimanche
Je passe rapidement sur la soirée parce que d’autres l’ont mieux racontée que moi. J’étais juste content de faire la connaissance des parisiens de la tablée et de participer même faiblement à cette soirée. Il y avait du monde, des vrais gens, alors que je croyais que certains étaient juste des doubles-comptes de Cyro...
J'espère que je serai en meilleur état la prochaine fois ! J’ai fait remarqué à Cyro qu’il ne m’avait jamais invité à ses soirées toulousaines, ce à quoi il me répond : « C’est parce que j’ai des potes communistes, ça passerait pas avec toi et ta particule ». Au final, les trois cyclos rentrent à 1h, et se réveillent comme des vieux de 70 ans le lendemain.
Le supplice juste pour aller aux toilettes… je pense que Paris-Roubaix est un excellent simulateur de vieillesse
. On se dirige vers chez Mayodebain pour poser nos vélos et aller au point de rdv. On improvise un petit dej avec ce qu’il nous reste. On fait des courses. Samuel a faim, il prend un taboulé en plus de tout ce qu’on a déjà à manger pour le groupe. On arrive à trois cantons. Krowar propose la moitié de son pain au chocolat. Samuel a faim, il accepte
. Arrivé au CDA, Dart pose des croissants et pains au chocolat. J’ai un peu faim, je prends un pain au chocolat. Samuel a faim, il prend un croissant
. On commence à sortir les affaires, la course commence. Samuel a faim, il prend un 2e croissant
. On discute un peu, certains subissent le contre-coup de la soirée. Samuel a faim, il prend un 3e croissant
. Au final sur l’ensemble de la journée, je pense que Samuel a mangé le double des calories évacuées la veille ! Pas beaucoup d’anecdotes à raconter à part ça, mais ça a été un plaisir de rencontrer certains gruppettistes, d’en revoir d’autres. Ceux qui passent à Toulouse sont les bienvenus, y’a une belle équipe de gaziers.
Une fois la course terminée, on part assez rapidement parce que mon train part assez tôt ! La route est bouchée et je vois l’heure défiler, ça va être compliqué… Je négocie déjà un trajet taxi avec MdB, qui accepte gentiment. Finalement, le temps d’arriver chez lui, de récupérer mes affaires, de repartir et d’aller à la gare, j’arrive pile à l’heure pour mon train (5 minutes en avance !). Pour constater qu’il est en retard de 30 minutes… Je vais arriver tard chez mes amis parisiens alors je prends un kitkat à la machine. Je sélectionne, je mets 10 centimes pour commencer, le kitkat tombe et la machine me rend 80centimes de monnaie ! Quelqu’un avait du laisser une pièce de 2€ dedans, parfait. A Paris, je porte mon vélo dans le sac au lieu de le remonter : grosse erreur. Une heure de marche pour rejoindre mes amis, et une grosse galère pour porter ce truc encombrant. Je croise Edwy Plenel dans une rue (anecdote inutile mais quand même), et arrive enfin à destination ! Le lendemain je dois aller jusqu’à Montparnasse pour un train de substitution (grève oblige) alors que j’étais censé partir d’Austerlitz, à 10 minutes de chez mes potes. Résultat : 1h20 de marche (en poussant le vélo cette fois) sous la flotte. Retour entier à la maison finalement, crevé et physiquement abîmé, mais avec des souvenirs plein la tête. J’ai déjà envie de revenir, pour la magie de la cyclo et l’ambiance du gruppetto. Encore merci à tout le monde pour ce week-end