Bien que l’envie lui taraudait l’esprit de répliquer par la force brute, par un bon poing en plein dans la face du chinois qui venait d’apparaître dans l’encadrement de la porte, Knolan pensa instantanément aux conséquences qui résulteraient de cette action, tant dans le futur proche que lointain : blessures physiques d’abord, blessures mentales suite aux piques des autres le voyant comme un bagarreur ensuite. Comment se faire une place dans le peloton alors, et surtout dans son équipe ? Ses coéquipiers ne lui feraient plus confiance, et auraient peut-être peur de lui. Knolan savait contenir le lion en cage dans son cœur, qu’il avait réussi à maitriser à bout de patience et en enserrant un tas de chaînes autour de ses palpitations, toujours plus rapides quand survenait l’action, toujours plus pressantes quand le sang lui montait au cerveau.
Ce fut pour toutes ces raisons, et plus encore, que Knolan décida de battre en retraite. Après tout, n’avait-il pas déjà fait le même choix en choisissant de
comprendre les idéogrammes chinois et le dialecte national ?
Comprendre pour ne pas
dépendre des autres et de ce qu’ils penseraient de lui. Et pourtant le sang quittait son visage à grosses gouttes, tombant presque en bouillon sur le sol alors qu’Halvy lui tendait des mouchoirs qui deviendraient bientôt écarlates, tandis que Nohon était déjà parti chercher une serviette dans l’appartement de Knolan. Ce n’était pas le plus bel accueil qui soit.
Revenu de la fureur qui avait empli ses traits, le chinois affichait un air ahuri et stupéfait, amplifié par le fait de ne porter qu’un léger short jaune et un t-shirt sans manche complètement démodé. L’effet aurait pu prêter à rire, si Knolan n’avait pas eu si mal, un mal de chien qui lui traversait le nez en lui remontant la crête nasale et en électrisant chaque fibre de son être en franchissant son échine.
-Oh, merde, putain, ça va ?! Merde, merde, merde, je suis désolé ! Evidemment, faut que ça arrive la SEULE fois où je m’énerve, hannnn, je sui maudit, c’est moi qui te le dit, roh, ça va, hein ? Laisse moi regarder…mouais c’est pas beau à voir. Merde ! Au fait, moi c’est Xiaolong. Sun Xiaolong. E…
-Oui, Oui, ze crois que z’ai compris, le coupa Knolan, zézayant en pinçant légèrement son nez avec un des mouchoirs qu’Halvy lui avait passé. Une écume rouge gouttait toujours au travers. Mais purquoi tu m’as dézoncé la joue, bordzel ?
-Ah, oui…une méprise vraiment…regrettable. Je t’ai pris pour Fye, un autre des « Down Under » de l’équipe là, lui répondit-il d’un geste vague de la main. Depuis qu’il est arrivé, il y a 3 jours, il n’arrête pas de venir m’embêter et de me piquer des trucs. C’est un petit jeu entre nous, il est super agile, j’essaye de lui mettre des taloches quand il vient m’embêter…le truc, c’est que ça commence à m'énerver et qu’il fait bien 15 centimètres de plus que toi. Du coup lui ça le touche à l’épaule, et toi...à la joue et au nez malheureusement. En plus t'as l'air bien plus fragile. Ça m’apprendra à répliquer sans vérifier. Tout ça car c’est le seul mec venu me voir dans l’appart’ depuis 3 jours !
Et, hésitant, Sun proposa à Knolan d’entrer afin de soulager ses douleurs