Shanghai, 20 juin 2020J'ai accepté cette main tendue en espérant qu'elle me mène vers d'autres lendemains. Dans l'ombre grise du levant depuis des années, doutant de tout, sur tout, je suis à la quête du chemin vers l'arc-en-ciel. Un arc-en-ciel qui ferait rayonner ma vie, qui lui donnerait un sens, pour laquelle je pourrais avoir de la reconnaissance. Cette reconnaissance qui, au fond de moi, me fait me sentir en vie.
Loin dans les montagnes, je sentis son souffle s'éloigner. Sa respiration haletante n'était bientôt qu'un murmure sur lequel je me concentrais, un murmure qui me disait de ne pas flancher et de maintenir ma cadence. Jamais, à l'entraînement, je ne fus en mesure de le distancer sur un pareil effort. Virant au vent, je sentis mes ailes se déployer. J'étais sur ma lancée...
Peu après mon succès sur la dernière étape du
Tour du Japon, nous avons enchaîné avec le Tour de
Kumano. A ma grande surprise, alors que je partais dans le milieu de tableau sur le prologue, je pris le second temps en passant la ligne. Et ce dans le même temps que
ZHAO. Mieux encore... J'achève cette épreuve chronométrée en 5e position et l'équipe réalise un quintuplé. Du jamais vu ! Comme la débâcle du lendemain où nous perdons le maillot, ne parvenant pas à contrôler l'échappée. Question d'égos, à mon sens. Personne ne voulait se sacrifier pour autrui et voilà le travail ! Un classement général plié tant les deux étapes suivantes ne laissaient aucune possibilité de créer des écarts.
Heureusement,
VOSEKALNS, survolté, nous consola une première fois. Repris dans les ultimes kilomètres après un raid solitaire, il trouva les ressources pour régler le sprint et remporter l'étape. Enfin, sur l'ultime étape, notre tactique fut payante. Nous devions "visser" un gros coup dans le final pour blesser les corps et les esprits. A cinq kilomètres du but, il y eut un moment de flottement et je gicla de toutes mes forces de l'arrière. Je résista pour une poignée de seconde et vint remporter ma seconde victoire professionnelle. Celle-ci avait une saveur encore différente. Après avoir savouré le goût du triomphe après une échappée, je découvris timidement ce que pouvais ressentir les favoris capables de sortir en costaud, se débarrassant aisément de de tous ceux qui auraient ne serait-ce que pensé à prendre la roue. Un exploit qui me permet de finir cinquième du général à une seconde de mon leader, porteur du maillot vert, à 1'13'' d'
Alexander PORTER. Une performance inimaginable laissant, malgré tout, un brin de déception : si nous avions été mieux organisés lors de la seconde étape, nous aurions pu nous offrir le maillot jaune et le doublé.
Une déception vite oubliée... Jamais deux sans trois, comme on dit. Tel un poursuiteur, alliant vélocité et puissance à la sortie du dernier virage qui laissait place à un boulevard long d'un kilomètre jusqu'à la ligne d'arrivée, je m'extirpa pour aller chercher un nouveau succès sur la première étape du
Tour de Corée. Derrière,
CIMA règle le sprint devant...
POZZATO. Je n'en revenais pas. Je passais des rires aux larmes, nerveusement, inconsciemment. Sans arrêt. Par la même occasion, j'allais revêtir le premier maillot jaune de cette épreuve. Celui-ci me fit remis conjointement par
Moon JAE-IN et
Kim JONG-UN, ayant accepté l'invitation du président voisin dans le cadre de l'amélioration de leurs échanges et de leurs rapports. Une scène politique rare qui avait suscité le vif intérêt de bon nombre de médias internationaux. De quoi être, moi aussi, projeté dans la lumière. Et même si je perdis le maillot le lendemain et que mes infimes espoirs de bien figurer au général final furent réduits à néant lors des étapes accidentées, je m'en moquais. J'avais emprunté le sentier de la gloire, permettant même à notre champion de Lettonie de décrocher quelques accessits et la victoire sur la dernière étape.
Ma seule crainte fut que ces souvenirs soient trop vite oubliés, effacés. Songeant à l'ardeur de la vie, aux innombrables sacrifices pour quelques instants de bonheur, j'arpentais les rues bondées de Shanghai. Le fracassant brouhaha accompagné par les sursauts lumineux qui m'entouraient ne daignaient pas me sortir de mes pensées. Quand, enfin, je sentis au cœur de la nuit cette onde d'espoir :
"Mais si, je te dis que c'est lui, c'est Edgar WONTINGER. Je le reconnais ! Qu'est-ce qu'il est beau..."Et si une lumière dorée brillait sans fin au bout du chemin ?
28.05 - 31.05 Tour de Kumano (2.2)
> Prologue - 5e
> Etape 1 - 16e
> Etape 2 - 17e
> Etape 3 - 1er
> Classement général - 5e
> Classement aux points - 2e07.06 - 14.06 Tour de Corée (2.1)> Etape 1 - 1er
> Etape 2 - 8e
> Etape 3 - 61e
> Etape 4 - 13e
> Etape 5 - 57e
> Etape 6 - 31e
> Etape 7 - 37e
> Etape 8 - 36e
> Classement général - 41e