Un Jour en Enfer

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Un Jour en Enfer

Messagepar Floflo59250 » 06 Avr 2018, 15:17

Salut tout le monde, je vous ai manqué ? :noel: Désolé pour ceux qui suivaient, ou participaient à mon récit précédent, mais il ne reprendra pas :(

J'ai eu une petite envie, celle de raconté une course fictive de l'intérieur. Vous suivrez donc ici le Paris-Roubaix 2018 du point de vue d'un jeune coureur fictif, d'une équipe elle aussi fictive. Voici la première des trois parties, j'espère que ça va vous plaire :mrgreen:


Un Jour en Enfer

Partie 1


… le voilà ! Matteo Gruppetto pénètre dans le vélodrome en tête ! Il va pouvoir lever les bras après cette démonstration de force ! 104 ans après Roubaix et le Nord tout entier se sont trouvés un successeur à Charles Crupedandt ! Sagan, Van Avermaet et Terpstra sont battus. Le jeune français néophyte sur l’Enfer du Nord est à quelques instants d’une victoire de prestige ! ça y est, il lève les …

*Bip … Bip … Bip …*
Arh … Saloperie de réveil ! Il est … ? 7 heures … Oh et puis zut, encore quelques minutes …
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Zzzzz …

Je suis réveillé par une main vigoureuse qui me secoue l’épaule.
- Aller debout Mat, tu voudras pas que le bus parte sans toi, si ?
- Non ! Hors de question que vous partiez sans moi ! Il est quelle heure ? demandai-je
- 7 heures 20. Aller dépêche-toi ! Tu vas nous mettre en retard, fait mine de s’énerver Enrico.
- Désolé mec, m’excusai-je en me précipitant à la salle de bain faire un brin de toilette.
Enrico est mon camarade de chambre depuis le début de la campagne flandrienne. Agé de trente ans il est l’un des coureurs expérimentés de l’équipe cycliste Ubisoft. C’est un bon gars, et j’ai appris énormément de choses à son contact. J’apprécie tout particulièrement son accent italien et sa manie de parler avec les mains. En ça il me rappelle mon défunt grand-père paternel, originaire de Toscane et arrivé en France peu avant la guerre pour fuir le régime fasciste. En fait Enrico s’entend bien avec tout le monde, même avec le glacial Marc Leroux. Et puis il s’est construit un petit palmarès avec les années. Pas par ses capacités physiques, qui n’ont rien d’exceptionnelle, mais par sa roublardise. Il a ainsi remporté Milan-Turin, Paris-Camembert, deux étapes sur la Route du Sud, une sur le Tour du Trentin, et même une lors de la Course des deux mers, sa plus grande fierté.

Je fais peur à voir dans la glace. La nuit a été trop courte, stressé comme je le suis il m’a été difficile de trouver le sommeil hier soir. Mes cheveux bruns sont dans un état pas possible, et ma barbe s’obstine à vouloir pousser. Quel problème me direz-vous ? Elle a grappillé du territoire jusqu’à quelques centimètres de mes yeux, et bien trop bas au niveau du cou. Lorsque je la laisse pousser je ressemble à un ours, c’est du moins ce qu’affirme Eva, ma petite sœur. Aller hop, un petit coup de rasoir. Faudrait pas que la boue puisse y trouver un refuge où s’accrocher.

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Mais au faîte, je ne me suis pas présenté. Matteo Gruppetto, pas tout à fait 23 ans, néo-pro au sein de la toute nouvelle équipe sponsorisée par Ubisoft. Né à Roubaix, tout prêt des routes empruntées chaque printemps par les meilleurs flahutes du peloton, j’ai toujours rêvé d’en faire partie un jour. Pendant des années je me suis entraîné assidûment pour passer pro. André Durfont m’a donné cette possibilité en août dernier alors qu’il cherchait de jeunes coureurs pour sa nouvelle équipe.

Huit heures moins cinq. Me voilà prêt. Enrico m’attend assis sur son lit, les yeux fixés sur son téléphone. Après l’avoir tiré de sa transe, nous descendons les deux étages de l’hôtel pour arriver dans le hall. Louis Lefèvre, notre "vieux" directeur sportif (il n’a pas quarante ans), feuillette son édition de la La Voix du Nord. La première page montre la Trouée d’Arenberg, boueuse et pleine de monde.

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Presque toute l’équipe est déjà là. Maxime Bernard, notre leader, discute avec les frangins Dubois, tandis que Marc Leroux sirote son café, seul dans son coin comme toujours. Après avoir brièvement salué ce dernier, c’est bien-sûr vers les premiers que je me dirige.
- Hey, mais c’est l’Autobus, m’interpelle Robin, l’aîné des Dubois.
- Hey, mais c’est le Chêne, lui rétroquai-je.
Dès notre première rencontre, lors du stage de présaison à Majorque, les frères Dubois m’ont affublé de ce surnom d’Autobus. En retour je leur ai moi-même trouvé de jolis surnoms. Robin, l’aîné est le Chêne, en référence à son bon mètre quatre-vingt-cinq et à sa carrure colossale. Jules, le cadet, est Bouleau car je n’ai jamais vu quelqu’un de si acharné à la tâche. Ça en fait un excellent … porteur de bidon. Malheureusement Jules n’a pas le potentiel pour être mieux qu’un gregario. Dans la foulée Enrico a hérité du surnom d’Ezio. Ben quoi ? Il est le seul Italien de l’équipe … Maxime Bernard est notre leader lors de cette campagne flandrienne. Dimanche dernier il a pris la neuvième place du Tour des Flandres, et on espère le voir rééditer pareille performance aujourd’hui. Presque aussi grand que le Chêne, il est cependant plus fin. Tous trois sont aussi de chics types, même si mon préféré est Jules qui, du haut de ses vingt-cinq ans, est le plus proche de moi par l’âge.

Enrico, Robin, Jules, Maxime, Marc et moi-même ça fait six. Le septième membre de notre équipe de choc n’est pas encore parmi nous. Stijn Van Stroken a cette nuit hérité de la chambre solo, mais il passe plus de temps que nous tous réunis à la salle de bain. En-même temps il lui en faut du temps pour entretenir sa longue chevelure blonde. Que de temps perdu quand on sait dans quel état il sera ce soir. Tiens, le voilà justement qui arrive, saluant chacun d’entre nous avec son accent à couper au couteau.

L’équipe est maintenant au complet, si ce n’est le patron qui nous rejoindra à Compiègne. Huit heures trente, il est temps de nous
embarquer dans notre beau bus bleu et blanc.

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En sortant de l’hôtel Enrico, habitué au climat méditerranéen, ne peut s’empêcher de lâcher un juron.
- Cazzo di Merda ! Il fait un froid de chien.
- Un froid de canard Enrico, un froid de canard, le reprit le Chêne en enfouissant ses mains au plus profond des poches.
Une fois qu’on est bien installés, Louis prend son air le plus sérieux pour débuter le briefing.
- Ok les gars, vous avez fait du super boulot la semaine dernière. Je compte sur vous pour en faire autant aujourd’hui. Côté météo, ben ça va être la galère. Comme vous l’avez remarqué il ne fait vraiment pas chaud. Pour ne rien arranger de la pluie est annoncée pour midi, peut-être même de la neige fondue. Heureusement vous n’aurez pas de vent.
- Manquerait plus que ça, se lamenta Enrico. La neige ça suffit.
- Ouais. Bon pour la stratégie : Bouleau, l’Autobus et Iceman (c’est le petit nom de Marc) vous me protégez Max aussi longtemps que possible, vous lui ramener ses bidons, bref vous me le bichonnez. Odin (Stijn, notre dieu à tous), tu prends le relai une fois que les autres auront sautés. Le Chêne et Ezio vous sautez sur tout ce qui bouge au départ. Je veux l’un de vous deux dans le coup.
- Ok patron, acquiesçe Robin.
- Max, tu me lâches pas Sagan, Van Avermaet et Terpstra d’une roue. Gaffe aux Quickstep, ils vous sûrement jouer le surnombre.
- Ça marche, répond l’intéressé.

Le briefing terminé, le silence s’abat sur notre bus. C’est peut-être le moment de vous parler de mon début de saison. Ma première course eu lieu sous le sommeil méditerranéen, avec un abandon lors du Grand Prix d’Ouverture la Marseillaise. Je cours ensuite l’Etoile de Bessèges comme équipier, avec à la clé une douzième place dans le chrono final, et un succès d’étape pour notre sprinteur. Ensuite passage au niveau supérieur avec l’Omloop Het Nieuwsblad. Le rythme est fou, mais je parviens à finir, antépénultième, mais à l’arrivée tout de même. Le lendemain les jambes sont lourdes, mais je me débrouille pour prendre la quinzième place à Kuurne, puis la treizième sur le Samyn deux jours plus tard. Puis ce sont deux abandons sur A Travers la Flandre occidentale et la Ronde van Drenthe, et une course difficile lors de l’Handzame Classic. Retour en World Tour sur l’E3 avec une dix-neuvième place, avant de renoncer avant Wevelgem, et de finir au-delà du cinquantième rang sur A Travers la Flandre. Enfin, dimanche dernier j’ai fini pour premier monument à la trente-septième place. Il faut noter que j’ai couru chacune de ces épreuves au service de Maxime qui y a souvent bien figuré.

Neuf heures dix, mon portable se met à vibrer. C’est ma mère. Elle sera au vélodrome ce soir avec mon père et Eva.
- Allo maman ?
- Comment va mon chéri ? Pas trop stressé ?
- Pourquoi je serai stressé ? Je vais enfin pouvoir montrer de quoi je suis capable.
- Ils vont faire connaissance avec Matteo Gruppetto, je n’en doute pas. Mais ne prends pas trop de risques mon chéri. La météo a dit qu’il allait pleuvoir, ne va pas glisser et te casser quelque chose.
- Un cycliste doit prendre des risques maman, sinon il n’a qu’à rester dans son canapé. Mais je serai prudent, promis. Tu peux me passer papa ou Eva ?
- Ta sœur se prépare, et ton père est parti promener le chien. Ils t’embrassent.
- Ah … Et bien à ce soir maman.
Je raccroche, avant de me laisser glisser dans mon fauteuil, de sortir mes écouteurs et de m’abandonner à la musique.

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Neuf heures trente. Nous voici arrivés à Compiègne. On y est accueilli à la descente du bus par André Dufront, notre manager et second directeur sportif. Contrairement à ce que son prénom et son poste pourraient laisser penser, il est plus jeune que certains d’entre nous, à peine trente ans. Il a un petit mot d’encouragement pour chacun d’entre nous. Le temps d’enfiler nos tenues, et nous voilà sur le podium pour signer. A la descente quelques supporters demandent des autographes à Max, et une poignée à Stijn et Enrico. Les frères Dubois, Marc et moi-même n’intéressons visiblement pas grand monde. Enfin presque, un individu nous demande de poser avec le logo d’un site internet. Devant le nom du site en question je ne peux m’empêcher de sourire et accepte.

Retour à la case bus pour l’échauffement à à peine une heure du départ. L’excitation augmente, mais avec elle le stress se fait aussi de plus en plus oppressant. Ça doit se voir puisqu’Enrico s’approche de moi et me donne une tape sur l’épaule.
- Ça va Mat ? Pas trop stressé ?
- J’ai les tripes en compote mec.
- T’inquiète c’est normal avant une première. Mais t’inquiète pas, bientôt tes jambes te brûleront tellement que tu ne sentiras plus le mal de ventre, rie l’Italien.
- Tu as le don pour réconforter les gens.
- Bienvenue en Enfer amico mio
Sur ce débute l’échauffement. Le froid se fait terriblement mordant. Il traverse k-way, maillot, peau et muscles pour venir nous glacer les os. Sept heures dans ces conditions, avec les pavés et la boue en prime. Faut vraiment être taré pour participer à ce genre de course. Alors que j’atteins enfin le rêve poursuivi pendant des années, je n’ai qu’une envie, me réfugier quelque part au chaud.

Ah j'ai failli oublier. Voici la tenue de l'équipe cycliste Ubisoft :
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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Tipitch » 06 Avr 2018, 15:36

Quelle entame !

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Kreuziger » 06 Avr 2018, 17:07

Très sympa oui

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Floflo59250 » 07 Avr 2018, 11:49

Un Jour en Enfer

Partie 2


Onze heures moins le quart. Nos adversaires se dirigent petit à petit vers la ligne de départ. En chemin nous croisons Jalabert, Pasteur et Rousse à quelques instants de prendre l’antenne, alors qu’Arnaud Démare est interviewé par un autre journaliste de France tv à quelques mètres de là. Nous voilà sur la ligne de départ. Enfin c’est vite dit, il y a plusieurs dizaines de mètres entre notre position et là où elle est effectivement placée. Enrico et Robin se faufilent vers l’avant afin de ne pas laisser filer la bonne échappée dès le départ. Enfin vu leur carrure, ils forcent plutôt le passage. Pour essayer de ne pas mourir de froid je discute avec Jules tandis que Stijn plaisante avec un gars de la Lotto belge. Près de nous je remarque également Florian Sénéchal qui plaisante avec ses anciens comparses de la Cofidis, ou encore Marc Soler, vainqueur du dernier Paris-Nice et apparemment pas dans son élément ici.

Onze heures pile. Le départ est enfin donné. Quelques instants encore avant le départ réel. Premiers tours de roue, et plus personne ne parle, ne sourit, ne plaisante. Ça y est c’est parti ! De ma position il est impossible de voir quoi que ce soit, je me contente de suivre les accélérations brutales de la masse de coureurs, et les ralentissements non moins brutaux. Après une bonne vingtaine de minutes de ce régime, l’allure fléchit enfin vraiment. Louis nous informe à l’oreillette « Cinq hommes sont partis. Enrico est parmi eux avec Martinez, Pichot, Wallays et un Astana non identifié ».

Les kilomètres défilent, et avec eux l’avance des fuyards augmente. Après une quarantaine de kilomètres « Cinq minutes de marge pour Ezio et ses petits copains ». Je ne sais pas si Enrico souffre de son "froid de chien", mais nous oui. Et encore on est au chaud dans le ventre mou du peloton. Louis n’arrête pas de gueuler de nous replacer. Il est encore très tôt dans la course, mais il y a deux ans elle s’était décantée très vite. Il ne faudrait pas se laisser comme Sagan et Cancellara à l’époque. Une autre heure passe, et c’est à mon tour de descendre chercher les bidons. En me voyant Louis abaisse le carreau de sa voiture pour me tendre les précieuses boissons.
- Comment vont tes pattes petit ?
- Pour l’instant ça va.
- Parfait. Cette fois va vraiment valoir vous replacer, on approche de Troisville.
J’acquiesce de la tête avant de repartir vers la queue du peloton. Notre mauvais placement a tout de même un avantage, ça fait moins de monde à remonter avant de pouvoir décharger ma lourde cargaison sur mes camarades. Cependant Louis n’a pas tort, il n’est que trop temps de nous replacer. Mais nous ne sommes pas les seuls à avoir cette idée. Mécaniquement le peloton commence à accélérer, la nervosité à monter, et fatalement les premières chutes arrivent. Heureusement tous les Ubisoft passent au travers des mailles du filet. Mais certains n’ont pas cette chance, notamment Marc Soler, qui aurait vraiment dû rester chez lui, et Koen de Kort, équipier précieux de John Degenkolb et dont Louis nous apprend le renoncement via l’oreillette.

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Kilomètre 97, nous sommes autour de la trentaine position en pénétrant dans le secteur numéroté 29. Nous progressons toujours pas six. La tension des dernières minutes m’a presque fait oublier le froid, mais il se rappelle brutalement à moi lorsque je me retrouve aspergée d’eau glacée. Le coureur qui me précède a roulé dans une flaque, et j’ai failli en perdre le contrôle de ma machine. Mais finalement le secteur est passé sans encombre, tout comme ceux de Briastre et Saint-Python. Le numéro 26 entre la Fontaine au tertre et Quiévy est une autre paire de manches. Entre temps une pluie fine a commencé à tomber. Devant, un mec de la Sky a décidé de visser, et certains ne semblent pas apprécier particulièrement. Ce n’est pourtant pas encore suffisant pour faire éclater le peloton.

Les secteurs 25 et 24 sont passés sans encombre, et nous voici à l’entrée du 23, l’étroit secteur de Verchain-Maugré. Cette fois ce sont les maillots, ou plutôt les k-ways roses de l’équipe Education First qui prennent les commandes. Le peloton s’étire. A la sortie il ne forme plus qu’un long cordon, mais qui refuse de céder. Mais 1400 mètres plus loin on arrive déjà à Quérénaing. Sep Vanmarcke demande à ses hommes d’hausser encore le tempo, et cette fois ça casse. La rupture a eu lieu juste derrière Max. Nous sommes une grosse vingtaine à l’avant, dont Max, Stijn et moi. Une autre grosse vingtaine de coureurs parvient à nous rejoindre avec Marc et Robin, mais nulle trace de son petit frère.

Stato quo dans le secteur suivant, avant une douzaine de kilomètres bitumés. Louis en profite pour nous tenir au courant. « Ok les gars, le grand ménage vient de commencer. Martin, Küng, Haussler, Theuns et surtout Kristoff se sont faits distancer. Ils ne reviendront pas. Tenez bien Max et Stijn autour de la quinze-vingtième place. Ah ! et Enrico a encore six minutes de marge. » Bien reçu patron, on joue des coudes pour faire gagner quelques places à nos leaders. La pluie s’est intensifiée, et on est maintenant complètement trempés, malgré nos k-ways. On profite de l’accalmie pour échanger quelques mots avec les copains. Stijn rentrerait bien chez s’engouffrer un bon burger, mais il doit se contenter des barres énergétiques. Robin commence à avoir sacrément mal aux pattes. Marc va bien, toujours difficile de lui soutirer plus de trois mots. Enfin, le plus important, Max ne sent pas les pédales, il a presque le sourire aux lèvres. A l’approche du secteur d’Haveluy il demande même à Stijn s’il peut tout faire péter. Mais Odin répond par la négative.

Le secteur est donc avalé sans coup de butoirs, et c’est par l’arrière que sort une poignée de coureurs. « Un adversaire de moins les gars. Arnaud Démare a crevé, et il n’avait pas de coéquipier pour lui filer une roue. Pedersen a sauté aussi. » Très bonnes nouvelles ! Enfin pour nous, parce que la champion de France enchaîne décidément les galères sur les courses pavées.

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Comme un signe, la pluie se mue en déluge alors que nous arrivons à l’entrée de la Tranchée. Les gars d’Ubisoft sommes entre la dixième et la quinzième place. Entre les murs barrières et les murs humains formés par les spectateurs, un éclair bleu sort du peloton, suivi d’un autre, rose celui-là. Immédiatement les k-ways rouges de la Trek, et ceux noirs de la Bora se jettent à leur poursuite, flanqués des bleus de la Quickstep. Quelques coureurs intercalés, puis moi, Stijn, Marc et Max dans la roue. A la reconnaissance le secteur semblait déjà long, mais en course la Tranchée est interminable. Les secousses sont infernales, la boue propulsée sur mon visage l’est tout autant, comme le froid, et l’eau glacée qui dégouline le long de mon dos. Concentré sur mon effort, c’est tout juste si j’entends la chute derrière moi. Mais on finit enfin par sortir de la Tranchée. Les éclairs bleus et rose ont pris le large, mais devant moi il reste deux Bora, deux Trek, quatre Quickstep (sans oublier celui qui est à l’avant !), un Education First, deux Sky, un BMC et un Mitchelton. Et derrière il y a Stijn … Uniquement Stijn. Derrière, à une centaine de mètres une dizaine de coureurs tentent de rentrer. Je crois apercevoir Max dans le lot, pourquoi a-t-il été décroché ?

Que faire maintenant ? L’attendre ou rester aux côtés de Stijn ? J’interroge ce dernier du regard, mais il est trop concentré sur sa roue avant pour m’accorder un coup d’œil. « Max est tombé les gars. Il ne repartira pas. Naesen, Moscon, Boasson Hagen et Erviti sont tombés avec lui. Sénéchal et Vanmarcke ont dix secondes d’avance. Maintenant c’est tout pour Odin, OK les gars ? Pour moi c’est ok. Le duo de fuyards est rejoint peu après, provoquant un moment de répit. Cinq hommes, dont Marc, en profitent pour recoller.
- Comment z’allez les gars ? nous demande Stijn.
- Ça brûle de partout, souffle Iceman.
- Mal aux pattes mais ça va, répondis-je sincèrement.
- Goed, maintenant on roule pour l’Autobus, décida Stijn.
- Pour moi ? m’étonnais-je.
- Marc est cuit, moi aussi, conclut le Belge.
Me voici leader de mon équipe. Enfin de ce qu’il en reste du moins. Quoi que trois gars dans le groupe, il n’y a que la Quickstep pour faire mieux, et la Sky aussi bien. Sans oublier Enrico qui doit toujours se trouver quelque part devant.

Nous voici maintenant au secteur 18, le Pont Gibus à 90 kilomètres de Roubaix. Un autre Quickstep y va, avec un Bora, sûrement Sagan, sur le porte bagage. C’est la Sky qui s’y colle, puis à la sortie du secteur Stijn va leur prêter main forte. C’est la première fois que quelqu’un roule pour moi chez les pros, ça fait bizarre. Ma vue s’en trouble … Ah non, c’est seulement la boue qui s’accumule sur mes lunettes et que je dois évacuer d’un revers de la manche à la sortie de chaque secteur. Numéro 17, le secteur d’Hornaing et ses 3700 mètres. Stijn recule subitement. Arrivé à ma hauteur il me file une tape sur l’épaule, à sa mine je vois bien qu’il est allé au bout, il n’a pas la force de prononcer un mot. Soudain, il a disparu. Il n’est pas le seul. A la sortie du secteur nous ne sommes plus que 14, plus les deux de devant. « Enrico et Wallays ont trois minutes d’avance sur vous. Sagan et Stybar vingt secondes, mais le Tchèque ne passe pas. »

Peu après on dépose trois statues de boue qui accompagnaient tout à l’heure Enrico et Wallays. Le secteur suivant, celui de Warlaing-Brillon est avalé à vive allure par notre groupe. A sa sortie on rejoint Stybar et un Sagan furibond. Mes jambes me font soudainement mal, mais je n’ose rien en dire à Marc, ni à Louis. Le petit moment de répit qui nous est accordé est le bienvenu. Au même moment Marc arrive à ma hauteur, il me tend sa gourde et une barre énergétique.
- Suis cramé … souffle-t-il. Prochain pavé je saute.
- Merci.
- A toi de jouer maintenant.
Mais on arrive déjà au secteur 15 entre Tilloy et Sars-et-Rosières. Nouvelle attaque d’un Quickstep, ils comptent y aller tous comme ça ou quoi ?? L’un des k-ways roses choppe sa roue alors que son propre coéquipier sort du groupe par l’arrière. Comme il l’avait senti, Marc subit le même sort l’instant d’après, me voici seul désormais. A la sortie du secteur on n’est plus que 9 en chasse. Sagan se voit contraint de mener le groupe, marqué de près par deux Quickstep, Terpstra et Gilbert ? Degenkolb, Van Avermaet, Van Baarle et Trentin suivent, puis Adrien Petit, et enfin moi qui ferme la marche.

On enchaîne avec Beuvry-la-Forêt, mais personne ne bronche dans ce secteur. On dépose simplement Wallays qui n’avance plus dans la boue. Cela signifie qu’Enrico est seul en tête. A moins que le duo ne l’ait rejoint. Peut-être même qu’on l’a dépassé sans que je m’en rende compte, j’ai tellement mal. Mes jambes sont en feu, mes mains doivent être cloquées sous les gants, mon cuissard est plein de boue, et le moindre mouvement du bras pour nettoyer mes lunettes est une torture. La boue s'obstine à vouloir pénétrer entre mes lèvres. Sans oublier la selle qui me fait un mal de chien. Dire qu’il reste encore 70 bornes. Heureusement Louis me motive du mieux qu’il peut « Aller petit, c’est super ce que tu fais. Tu as fait le plus dur. Tu te débrouilles comme un chef.

Les trois hommes de tête (Enrico, Lampaert et Vanmarcke) sont rejoints juste avant le secteur d’Orchies.
- Encore là l’Autobus ? Sont passés où les autres ?
- Tombés … Claqués … Je sais pas …
- Aller courage. T’es le meilleur Mat.
Sur ces mots on pénètre dans le secteur 13, et Ezio passe par la fenêtre. Un Quickstep se tourne vers moi. Je ne suis même pas en état de lever la tête pour voir de qui il s’agit, mais je suis presque sûr qu’il sourit.
- T’es mort. Laisse tomber gamin.
Non ! Je ne suis pas fini ! C’est du moins ce que j’aurai voulu lui dire, si mes dents avaient accepté de se desserrer. Peine perdue. L’instant d’après c’est la catastrophe. Ma roue avant vient de crever, et je ne peux que regarder, ou plutôt entrevoir mes dix derniers adversaires partir sans moi. Je ne peux que m’arrêter, et sentir une nouvelle goutte couler le long de mon visage, formant un sillage sur son passage dans la boue. Une autre l’imite, et il ne s’agit pas de pluie. De dépit je jette mon vélo contre les barrières sous le regard médusé des spectateurs. A cet instant précis je suis prêt à monter dans la première voiture que je vois.

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Mikyzz » 07 Avr 2018, 12:57

Ce récit qui promet tellement :love: :love: :love: :love:
FloFlo :love: :love: :love:

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Coxo » 07 Avr 2018, 15:10

J'avoue être totalement déçu pour l'abandon du premier récit qui était vraiment excellent ( :cry: ) mais celui-là a l'air également sympa ;)

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Floflo59250 » 07 Avr 2018, 20:17

Content que ce récit vous plaise :)
Malheureusement il n'est pas sensé durer plus que ses 3 parties

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Mikyzz » 07 Avr 2018, 20:19

Floflo59250 a écrit:Content que ce récit vous plaise :)
Malheureusement il n'est pas sensé durer plus que ses 3 parties

Je suis sûr que tu peux improviser une continuation :niais: (sinon... :evil: :evil: :evil: )

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Chava » 07 Avr 2018, 22:10

Vraiment super :love:
On est en totale immersion !

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Floflo59250 » 08 Avr 2018, 10:38

Un Jour en Enfer

Partie 3


Heureusement le premier véhicule à me rejoindre n’a que deux roues, et pas de moteur. Enrico ne m’avait pas reconnu, et il freine brutalement en arrivant à mon niveau, manquant de déraper sur le pavé détrempé.
- Matteo ?! Qu’est-ce que tu fous ??
- J’ai crevé … pleurnichais-je
- Tiens, prends mon vélo !
- Non j’arrête … J’en peux plus … Besoin de pisser.
A cet instant il m’a semblé voir Enrico virer au rouge sous son masque de boue.
- Ecoutes-moi bien, tu vas remonter sur ton vélo ou tu vas le regretter ! Et si tu dois pisser fais-le en roulant, te réchaufferas !
Et sans me laisser le temps de répliquer il me fourre son guidon dans les mains. Sans m’en rendre compte me revoilà en selle. Mais combien de temps m’a coûtée cette affaire ? Vingt seconde, une minute ou un quart d’heure ? Je suis bien incapable de le dire. Toujours est-il que je suis le conseil d’Enrico, et me soulage en roulant.

Sorti du secteur, j’essaie de remobiliser mes forces. Chacun de mes membres, chacun de mes muscles me fait souffrir le martyre, mais une petite voix dans ma tête me chuchote « tu croyais quoi ? Que Paris-Roubaix serait un jeu d’enfant ? Un enfant c’est ça que tu es ? Un enfant ou un champion cycliste ? ». Et sans disparaître, les douleurs redevinrent supportables. C’est fort de ce second souffle que j’aborde le secteur 12 d’Auchy à Bersée. J’aperçois entre les trombes d’eau le véhicule de l’organisation. Mes adversaires ne sont donc pas si loin. Particulièrement Adrien Petit, couché sur sa machine qui marque le pas. Je le rejoins peu après la sortie du secteur, et le laisse sur place.

Puis vient Mons-en-Pévèle, l’un des secteurs les plus difficiles de Paris-Roubaix avec la Tranchée et le Carrefour de l’Arbre. Dans ce secteur je retrouve Lampaert et Degenkolb. J’aurai pu m’en débarrasser, mais il me reste suffisamment de lucidité pour ne pas me lancer dans un chrono solitaire de cinquante kilomètres. Malheureusement seul l’Allemand passe des relais une fois que nous sommes revenus sur le bitume. Je suis surpris du silence de Louis, jusqu’à ce que je réalise que mes oreillettes ont disparues. Je les ai sans doute balancées avec mon vélo. Force est de faire sans. Plus d’une heure de course sans la moindre info, super.

Les secteurs de Merignies, Ennevelin et Templeuve sont passés sans changement. Degenkolb et moi nous relayons, pendant que Lampaert suce allègrement nos roues. Mais comment lui en vouloir ? Il a des équipiers qui jouent la gagne devant. Et ni l’un ni l’autre n’avons les moyens de le sortir de la roue. Par l’intermédiaire de l’Allemand j’obtiens quelques écarts. Enfin seulement qu’à trente kilomètres de l’arrivée on est à une minute trente-cinq d’un quatuor qui mène la course. Dans le secteur 7, celui de Cysoing, on rejoint Dylan Van Baarle. Mais le Néerlandais semble avoir surestimé ses forces, il est incapable de s’accrocher.

Chose surprenante au vu des écarts, la voiture de dépannage neutre est derrière nous. C’est ainsi qu’on dépasse Vanmarcke, genou en sang et vélo à la main, fulminant de rage. Mais le Belge est bien plus costaud que nous. A peine dépanné il reprend sa marche en avant, et il nous rejoint avant même le secteur de Camphin. Certain de nous y faire sauter, il prend la tête du groupe sans se soucier de nous. Et en effet Degenkolb explose dès les premiers pavés de ce sixième secteur. Lampaert saute peu après. Mais moi, sans savoir comment, je garde sa roue. Sortis de Camphin, direction le Carrefour de l’Arbre sans avoir le temps de souffler. Toujours cramponné à la roue de Vanmarcke, j’en profite pour revenir et laisser sur place un BMC, celui qui porte le dossard n°1, Greg Van Avermaet.

Je suis en limite de rupture, mais ne renonce pas. En revanche le Belge lui semble avoir renoncé et son allure s’en ressent. Lorsqu’il se retourne vers moi je lis dans son regard une certaine forme d’interrogation « Mais c’est qui celui-là ? ». J’y tire une forme de satisfaction qui me permet d’aller chercher mes dernières réserves et de le relayer. Erreur fatale puisqu’après le passage du secteur de Gruson, Vanmarcke n’a qu’à se lever de sa selle pour me faire sauter de sa roue, définitivement. Je n’ai tout d’un coup plus de jus alors que je profile le secteur n°2, celui d’Hem. Je suis vidé, mais on est maintenant à moins de dix kilomètres de l’arrivée, à moins de dix kilomètres de la maison. La pluie a même cessé.

Malgré cela, chaque coup de pédale est plus difficile que le précédent. Chaque tour de jambe me fait plus mal que le précédent. Je réalise soudain que quelques gouttes d’un liquide chaud se répandent sur mes mains. Mais je ne peux pas abandonner. Pas si près de l’arrivée. Pas après tous ces efforts. Voilà, j’entre à Roubaix. C’est le dernier secteur. Enfin 300 mètres de beaux pavés. 300 mètres de trop. Qui a eu l’idée de le rajouter ce foutu secteur ?? Mes jambes m’hurlent de baisser l’allure. Mais je ne peux pas. Quand je me retourne j’aperçois Van Avermaet. Il n’est pas loin derrière. Je n’ai plus la moindre idée de ma position. Hors de question de perdre une place !

Virage à droite. J’entre dans le vélodrome. « Gruppetto ! Matteo ! Gruppetto ! ». La foule hurle mon nom ? Mon nom … Plus qu’un tour à boucler. Plus que quelques mètres. Je ne me souviens même pas d’avoir franchi la ligne. Seulement d’un bras noir de boue. Celui de Van Avermaet m’empêchant de m’affaler à même la piste. M’a-t-il rejoint avant ou après la ligne ? Bah, quelle importance.

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La descente de vélo est un véritable calvaire. Marcher est encore plus douloureux que de pédaler. Je suis incapable de retirer mes propres gants. Je dois me faire aider pour découvrir des mains ensanglantées qui ne vont vraiment pas plaisir à voir. Je suis assis par terre, en pleine contemplation de mes mains lorsque Louis me rejoint. Je ne lui ai jamais vu un tel sourire, même après la performance de Max dimanche dernier.
- Bravo Matteo ! Tu es un vrai champion ! se réjouit-il.
- J’ai gagné ? demandai-je bêtement.
- Non mais c’est tout comme, sixième, tu es sixième petit !
Sixième ? J’ai l’esprit encore tout embrumé. Ce sont maintenant Enrico et le patron qui nous rejoignent. Ezio s’est débarbouillé le visage, mais sa tenue et ses traits tirés attestent des efforts consentis aujourd’hui. Il m’apporte une bouteille d’eau que je vide d’un trait.
- Dire que t’étais à deux doigts de renoncer, me rappelle Enrico.
- Ton vélo était trop grand, plaisantai-je.
- Te plains pas, Louis ne m’avais pas vu et j’ai failli bien rentrer à pied.
Tout en accordant un sourire à Enrico, je cherche ma famille du regard. Mais nulle trace d’eux dans l’air d’arrivée. En revanche je remarque un camera man qui vient vers nous, ainsi que Marion Rousse, consultante pour France Télévision.

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- Bonjour Matteo. Tu fais sixième aujourd’hui, premier Français, premier néophyte, pas mal pour quelqu’un que personne ne connaissais ce matin non ? me demande-t-elle en me fourrant le micro sous le nez.
Avant de répondre je risque un coup d’œil vers l’écran géant qui retransmet le direct. Je suis effrayé par ma propre allure. J’ai l’impression d’avoir pris vingt ans, assis à même le sol comme je le suis, couvert de boue de la tête aux pieds (sauf au niveau des marques laissées par mes lunettes). Je suis un zombie. J’étouffe une quinte de toux avant de répondre.
- C’est clair. Jamais je n’aurai cru ce matin réussir une telle performance.
- Comment tu l’expliques ?
- Et bien … On va dire que les conditions de course m’ont un peu favorisé. D’ailleurs comment va Max, demandai-je à Louis en ignorant un instant la caméra.
- On craint une fracture de la clavicule. Il est à l’hôpital, on en saura plus ce soir.
- Tu as été surpris par l’ovation du public en entrant dans le vélodrome ? reprit Rousse.
- A vrai dire je l’ai à peine entendue. J’étais dans un état second à ce moment. Mais ça m’a tout de même surpris. Dire que ce matin je n’ai pas signé le moindre autographe au départ.
- J’espère que tu as profité alors. Tu risques de ne plus avoir un départ d’étape tranquille avant un moment.
- A condition que je remonte un jour sur un vélo. J’ai tous les muscles en bouillie.
- Oh je n’en doute pas. Le public va attendre de nouveaux exploits de son nouveau chouchou.
Autre coup d’œil vers l’écran géant. Y est diffusé le secteur d’Orchies. On y voit Enrico me refiler son vélo, et même le sillage tracé par les larmes qui ont coulé à cet instant. La moto ne devait être qu’à quelques mètres de nous, comment-ai-je pu ne pas la voir ?

Enfin j’aperçois va famille. Je me lève grâce au bras secourable d’Enrico. C’est ma sœur qui arrive la première vers moi. Elle aussi est radieuse.
- Mat ? Tu as été super. T’es l’meilleur ! C’était fou d’entendre tous les spectateurs scander ton nom. J’ai gueulé avec eux, jamais je n’ai été si heureuse. Tu te rends compte qu’ils ont plus gueulé pour toi que pour Sagan ??
- Pff je ne te crois pas.
- Pourtant elle a raison, la soutint mon père, tu as été génial mon grand.
Attendez … Il pleure ? Mon père pleure ? Jamais je ne l’avais vu pleurer avant. En même temps c’est aussi un peu son rêve que je suis en train de réaliser. Il était un excellent coureur amateur dans les années 70, mais une grave chute l’a coupé dans son élan et il n’a jamais pu passer pro. C’est lui qui m’a transmis la fibre du cyclisme. Soudain tous les souvenirs de ces étés passés sur ses genoux devant le Tour de France ressurgissent, et je ne peux m’empêcher de pleurer, de joie cette fois.
- On est tous très fiers de toi, enchaîna ma mère elle aussi en pleurs.
C’est là que je remarque que la caméra filme toujours. Bah tant pis.

Avant de sortir du vélodrome je m’offre mon premier bain de foule. Enfin, vu mon état c’est loin d’être un cadeau. Mais quand je vois tous ces fans se bousculer pour un autographe, ou un selfie, un grand sourire me revient naturellement. Mes mains peinent à tenir un stylo, mais je m’applique à signer un maximum d’autographes. Quelqu’un me demande s’il peut me contacter pour écrire un article à mon propos, pour le site pour lequel j’ai posé ce matin. Je lui laisse mon e-mail, puis rentre chez moi profiter d’un repos bien mérité.


Classement final :

1 Peter Sagan (Bora)
2 Philippe Gilbert (Quickstep) + 0'00
3 Niki Terpstra (Quickstep) + 0'00
4 Matteo Trentin (Mitchelton) + 0'57
5 Sep Vanmarcke (Lotto Nl) + 1'41
6 Matteo Gruppetto (Ubisoft) + 2'34
7 Greg Van Avermaet (BMC) + 2'38
8 Yves Lampaert (Quickstep) + 2'55
9 John Degenkolb (Trek) + 3'27
10 Dylan Van Baarle (Sky) + 4'51
11 Zdenek Stybar (Quickstep) + 5'25
12 Gianni Moscron (Sky) + 5'43
13 Adrien Petit (Direct Energie) + 5'43
14 Florian Sénéchal (Quickstep) + 5'43
15 Edvald Boasson Hagen (Dimension Data) + 6'20

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Chava » 08 Avr 2018, 11:31

Wallays dans l'échappée ce matin, cette prédiction 8)
Sinon super récit, une suite prochainement :angel

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Coxo » 08 Avr 2018, 11:44

Le tiers de la troisième partie qui consiste à se faire féliciter par tout le monde :moqueur:
En tout cas bien sympa :ok:

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar DDpcm » 09 Avr 2018, 11:33

J'ai tout lu d'un trait ! Quel plaisir.
Le sens du détail donne une telle sensation d'immersion. Bravo Flo :)

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Alessiocortez » 09 Avr 2018, 16:34

J'ai adoré
Ce serait génial que tu en fasses d'autres comme ça , sur les très grosses courses et GT

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Re: Un Jour en Enfer

Messagepar Floflo59250 » 13 Avr 2018, 22:38

Si ça vous a vraiment plu peut-être qu'il y aura une suite ;)
Mais si suite il y a, il faudra vous montrer patient :mrgreen:

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