Les 200 concurrents de ce Paris-Roubaix sont présents sous l'arche de départ, en tête on retrouve
Mathew Hayman, vainqueur légendaire en 2016 et qui court son dernier Enfer du Nord. L'homme qui se présente devant le peloton pour donner le départ fictif c'est Ben Stiller, grand fan de la course l'acteur américain passera sa journée dans la voiture de direction de course.
L'ambiance est bonne dans le peloton, contrairement à la semaine dernière, tous les coureurs présents sur la startlist sont au départ. Dans la traversée du départ fictif on voit les habituelles remontées des coureurs. Cette fois ce sont les coureurs de la Topsport et de la Roompot qui se mettent à l'avant avec quelques coureurs de la Fortunéo. On voit à l'arrière du peloton quelques leaders comme
Sagan et
Stuyven qui discutent de la stratégie du jour.
Le Départ est donné après la traversée de la forêt domaniale le départ réel est donné. C'est
Ledanois qui lance les hostilités, directement le français se retrouve avec une vingtaine de coureurs dans la roue qui ne parviennent évidemment pas à sortir. Les coureurs multiplient les tentatives durant les premiers kilomètres, les plus tranchants sont
Gerard et
Vermote qui veulent vraiment aborder les premières difficultés en tête. Le peloton ne veut pas laisser partir une échappée fleuve comme dimanche dernier. Un coureur est particulièrement observé c'est
Oscar Gatto dès que l'italien se glisse dans un coup il le condamne ce qui oblige
Bennati à venir parler au coureur de l'équipe Astana parce qu'un coup vient de parti dans la traversée de Noyon. Avec une vingtaine de secondes d'avance on retrouve un groupe de 12 coureurs :
Scotson, Puccio, Greipel, Sieberg, Bennati, Capiot, Vachon, Vermeltfoort, Kreder, Pasqualon, Steels et Gatto. Etant le seul Astana à l'avant,
Gatto refuse d'abandonner ici son échappée. Plusieurs équipes comme la Direct Energie ou la Katusha ne sont pas représentées à l'avant et se mettent en chasse. Au début seules, elles voient ensuite l'arrivée de la Lotto Jumbo, l'Ag2r, la Vital-Concept et la Sunweb roulent pour revenir. Le regroupement est inévitable alors qu'on rentre dans Saint-Quentin.
Le peloton ne ralentit pas pour autant, les attaques ne cessent pas, ça fait un peu moins d'une heure que le peloton roule à fond avec une certaine tension pour éviter de se retrouver à l'arrière du peloton. Pendant plusieurs kilomètres la situation va s'éterniser, le peloton ne veut pas laisser partir les grands groupes qui tentent l'aventure. Heureusement pour la course, les seuls problèmes qui interviennent sont des chutes en solitaire notamment de
Van Zyl qui quitte l'épreuve.
A Busigny on a enfin un miracle, après 82 kilomètres de course l'échappée se dessine et le peloton fait rideau :
Bettiol,
Sénéchal,
Greipel,
Wallays,
Stamsnijder,
Gaudin,
Backaert,
Sutherland,
Kuznetsov,
Le Bon,
Clement,
Perichon et
Lightart.
Cette belle échappée reçoit la bénédiction du peloton où les coureurs s'arrêtent pour leur besoins naturels. Seul la Topsport ne semble pas contente de voir partir ce groupe mais elle ne peut pas imaginer revenir en tête.
On approche de Troisvilles avec cette échappée de 13 coureurs devant un peloton emmené par les équipes de leaders qui replacent ces derniers, le peloton est à 2 minutes de la tête de course.
Les échappés attaquent ce premier secteur pavé avec ces 2 minutes d'avance et pour certains la découverte des pavés du Nord. On sent tout de suite que
Bettiol,
Sénéchal et
Wallays sont très à l'aise sur le haut du pavé alors que
Clement et
Backaert tentent déjà de s'accrocher. Le peloton attaque aussi le secteur très rapidement : c'est
Langeveld qui roule en tête sur le secteur plaçant déjà le peloton en file indienne. Evidemment les premiers incidents interviennent :
Pedersen crève de la roue avant avec
Cort-Nielsen et
Küng, plus grave,
Ventoso décidément malchanceux sur la course se casse la clavicule, piégeant plusieurs coureurs derrière lui.
Après le passage du premier des 29 secteurs on compte les morts dans le peloton où
Canty et
Docker ont pris les commandes.
Pedersen,
Cort-Nielsen et
Küng reviennent dans le peloton grâce aux coureurs de la BMC qui reviennent avant le secteur 27 de Saint-Python. Dans le secteur précédent une nouvelle chute collective a ralentit
Kristoff et a condamné
Pöstlberger et
Haussler. L'écart entre le peloton et le groupe à l'avant tend à réduire, à l'avant on attend quelque peu
Stef Clement et
Sutherland qui ont du mal sur les pavés mais roulent efficacement entre les secteurs. Le peloton est lui emmené par la EF, la Trek et la FDJ.
Le long secteur de Quiévy voit encore des chutes et les difficultés de certains coureurs, c'en est déjà fini pour
Van Hoydonck et
Scotson par exemple, les BMC ayant fait de gros efforts pour revenir craquent déjà. A l'avant,
Stamsnijder crève, la mauvaise organisation fait que le néerlandais ne reviendra jamais à l'avant. Le peloton se vide à chaque kilomètre de pavés passé, ils ne sont plus qu'une petite centaine à suivre le rythme des équipes de leader.
Nouvel incident sur le secteur de Saulzoir, cette fois c'est une chute pour
Naesen, le belge se relève vite et sans soucis mais il va devoir chasser avec ses équipiers
Gallopin et
Dillier. Le peloton stabilise l'écart sur la tête de course à 1'30". Ce qui est frappant c'est la gueule noir de poussière des coureurs.
En arrivant à Haveluy l'échappée est réduite,
Stef Clement et
Lightart ont été incapables de suivre le rythme. C'est un des secteurs clé de la course, intervenant juste avant la Trouée, la Trek ne manque pas à l'appel, le formidable travail de
Rast le peloton passe d'environ 80 coureurs à une quarantaine,
Boom disparait déjà malgré sa bonne course la semaine dernière, même constat pour
Lutsenko.
L'échappée traverse Wallers avec 1' d'avance sur un maigre peloton, la ligne droite d'entrée est rapide surtout dans le peloton où on atteint les 60km/h, c'est aussi la vitesse de la chute seul de
Rowe qui abandonne logiquement. L'écart baisse rapidement dans la difficulté malgré le travail de
Gaudin qui sort en tête avec
Sénéchal dans la roue. Avec le bruit de foule énorme, les coureurs se sentent poussés,
Stybar porte une accélération violente et casse le peloton à la sortie de l'enfer, on retrouve un groupe de 8 coureurs en chasse :
Stybar,
Roelandts,
Pedersen,
Teunissen,
Petit,
Van Keirsbulck,
Van Aert et
Cort-Nielsen.
Le peloton se réorganise rapidement après l'attaque, se basant sur la déception de dimanche dernier, la EF Drapac, la Sky, la Bora et l'AG2R se portent à l'avant alors que la FDJ se fait discrète. Pourtant devant on ne chôme pas, seul
Pedersen ne prend pas de relais,
Teunissen en passe des légers mais assez pour faire fondre l'écart sur un groupe à l'avant où la plupart des coureurs attendent leurs coéquipiers dans le contre. En rentrant dans le Secteur du Pont Gibus l'échappée compte 20" sur le contre qui lui compte 20" sur le peloton.
Le problème du peloton c'est qu'il ne roule pas aussi fort que devant :
Van Baarle fait son retour après une crevaison dans la Trouée, ce qui équilibre la perte de
Gallopin et
Naesen qui ont chuté ensemble à cause d'un passage de bidon. Heureusement pour Lavenue,
Vandenbergh semble en bonne forme et lucide.
Le passage de l'échappée au ralenti dans le mythique secteur de Pont-Gibus interloque les spectateurs mais l'objectif est atteint : la jonction entre les deux groupes est faite à la sortie du secteur.
Backaert,
Sénéchal et
Bettiol ont du travail devant eux. Le peloton se retrouve 30" derrière avec désormais la Team UAE au travail.
Jusqu'au ravitaillement de Beuvry-la-Forêt, la course se résume à une lutte épique entre les deux groupes, l'écart a grimpé jusqu'à 50" d'avance car le trio
Sénéchal,
Bettiol et
Backaert donne tout alors que dans le peloton on préfère négocier l'aide de la Trek qui a parfaitement réussi à faire oublier
Pedersen à l'avant.
Après des kilomètres harcèlement,
Rast,
Van Poppel et
Degenkolb se mettent à l'avant du peloton sur le secteur de Bersée. Visiblement
Stybar a compris qu'une offensive se préparait car il demande à
Sénéchal de tout donner sur la portion de pavé.
Backaert,
Greipel,
Sutherland,
Le Bon,
Perichon disparaissent,
Kuznetsov s'accroche au courage.
On se dirige vers le mythique secteur de Mons-en-Pévèle. L'échappée est toujours à 50" du peloton.
Stybar ne s'y est pas trompé, à l'abord du secteur l'équipe Trek profite de son avantage numérique pour mettre le peloton en file indienne avec
Stuyven dans la roue, le scénario semble inévitable car
Pedersen attend au bout de la route sur le secteur pavé que
Sénéchal a attaqué au sprint (lâchant définitivement
Kuznetsov).
Ce qui était attendu arrive,
Stuyven rentre plein pot sur le secteur,
Sagan et les autres favoris dans la roue.
Tous les spécialistes le diront, on n'avait jamais vu une telle attaque depuis Cancellara en 2010, après 500m à la poursuite du flamand,
Sagan lève le bras d'agacement il ne peut pas suivre
Stuyven.
Vanmarcke tente bien de le relayer mais le leader de la Trek est tellement plus fort. Il retrouve son coéquipier danois à la sortie du secteur en plus, le Paris-Roubaix semble joué.
A la sortie la situation semble assez claire :
- Groupe 1 Bettiol, Roelandts, Stybar, Teunissen, Petit, Gaudin, Cort-Nielsen, Van Keirsbulck, Van Aert
- +30" Pedersen, Wallays, Stuyven
- +15" Sagan, Oss, Vanmarcke, Terpstra, Gilbert, Thomas, Démare, Theuns, Kekeuleire
- +10" Un petit Peloton d'une vingtaine de coureurs emmenés par les TDD, Mitchelton-Scott, UAE et Katusha.
La situation qui a failli sauver le groupe Sagan c'est
Wallays qui attend son coéquipier mais le destin joue avec les nerfs du slovaque, le belge crève en étant repris.
La situation dans le groupe du slovaque est claire :
Daniel Oss est le seul à rouler, la colère de
Sagan est palpable notamment avec le champion de France.
Stybar semble dans la même situation avec
Roelandts,
Petit,
Teunissen et
Gaudin. Pourtant le tchèque ne doit pas tarder, avec seulement 30" d'avance sur le duo des Trek.
En arrivant à Templeuve l'échappée s'est bien réduit : exit
Bettiol et
Gaudin. C'est aussi le tournant de la course,
Pedersen laisse
Stuyven à son seul destin à uniquement 15" de la tête de course. 40" plus loin
Oss ne peut plus suivre le rythme d'un groupe qui tout d'un coup s'organise. Le peloton à 1'30" de la tête de course semble avoir course perdue.
C'est le dernier enchainement qui débute à Cysoing,
Stybar,
Roelandts et
Teunissen tentent d'écarter la menace
Stuyven mais mains en bas le flamand reprend secondes par secondes. Dans le Groupe Sagan on continue de collaborer sur ses pavés "faciles".
C'est sur le Pavé de la Justice de Camphin-en-Pévèle que tout va se jouer parce qu'ensuite c'est la Carrefour de l'Arbre !
Stybar profite de la longue ligne droite pour faire exploser
Teunissen,
Petit et
Cort-Nielsen. C'est surtout pour éviter le retour de
Stuyven qui n'est plus qu'à 10" de la tête.
L'attaque de
Stybar est coordonnée avec celle de
Terpstra plus loin qui lâche tous ses compagnons d'échappée
Voilà le moment de la course, après tant de kilomètres, la tête de la course s'attaque au Carrefour de l'Arbre, les premières courbes très techniques sont de trop pour
Van Keirsbulck, cette-fois c'est
Van Aert qui accélère;
Roelandts explose littéralement. Le duo
Van Aert - Stybar se retrouve en tête à la sortie du secteur mais au bout de la ligne droite du Carrefour de l'Arbre on retrouve la silhouette de
Jasper Stuyven. Si le belge de la Trek revient vite c'est aussi
Niki Terpstra qui commence à inquiéter, le néerlandais est à 30" de la tête de course. Derrière lui c'est
Sagan qui passe à l'attaque avec uniquement
Démare dans la roue.
Le duel est lancé, plus aucun moment ne doit être perdu par le duo à l'avant, pourtant le belge grimaçant de la Trek revient irrémédiablement, à la sortie du dernier secteur important à Willems il n'est plus qu'à 5" de la tête de course qui ne l'attend pas. 20" plus loin
Terpstra ne veut pas non plus abandonner. Tout se joue à Roubaix, se dressant comme un col Hors-Catégorie le faux plat montant menant à la dernière portion pavé est le moment choisi par
Stuyven pour rentrer, contre implacable du leader de la Trek,
Van Aert n'offre qu'un regard dépité vers
Stuyven puis un regard arrière pour éviter le retour de
Terpstra ;
Stybar s'est dressé sur les pédales pendant un court laps de temps mais rien à faire, il voit
Stuyven s'envoler vers son rêve, le plus fort aujourd'hui c'est
Stuyven qui s'offre un tour sous les clameurs du publics avant de fondre en larmes sur la ligne.
Stybar 2ème ne peut qu'observer avec tristesse le tableau des résultats. 3ème
Van Aert offre un résultat miraculeux à son équipe une longueur devant le 2ème plus fort aujourd'hui :
Terpstra. Premier français :
Arnaud Démare 5ème s'offre le sprint face à
Sagan sur le vélodrome.
Classement Paris-Roubaix 2018 :Les Interviews de Fin de Course :Jasper Stuyven a écrit:Quelle course ! Quelle magnifique course ! Quand Dirk m'a dit que je devais attaquer à Mons-en-Pévèle je l'ai pris pour un fou, je connais exctement la course et je sais à quel point il est difficile de faire la différence aussi loin de l'arrivée, je n'ai jamais été aussi fier.
Zdenek Stybar a écrit:On est tombé sur un adversaire imbattable. Je pensais vraiment pouvoir résister à son retour mais avec Wout on a fatigué sur les portions de plat. C'est difficile de faire 2 fois 2ème.
Wout Van Aert a écrit:Je suis vraiment heureux d'avoir porté aussi haut les couleurs de mon équipe. Je n'étais pas le plus fort aujourd'hui mais j'ai réussi à me retrouver en tête à la sortie du CDA, à partir de là je savais que le podium était jouable.
Niki Terpstra a écrit:C'est Rageant, j'ai l'impression qu'on s'est trompé de stratégie. Sans vouloir prendre de haut les adversaires, je pense que j'étais le plus fort aujourd'hui, ma seule erreur a été mon placement à Mons-en-Pévèle, j'aurai dû être celui qui part dans la Tranchée.
Arnaud Démare a écrit:Arriver sur le Vélodrome pour un sprint c'est un rêve d'enfance, surtout face au Champion du Monde. J'ai fais une très belle course, j'étais moins fort que ceux devant mais c'est un top 5 que je signe aujourd'hui.
Peter Sagan a écrit:Est ce que j'en veux à Arnaud ? Pas du tout, je m'en veux j'aurai dû comprendre que les vainqueurs couraient devant et qu'on était dans un groupe qui jouait les places d'honneurs. Se faire attaquer par Terpstra qui ne roulait pas depuis des kilomètres, c'est rageant.
Matteo Trentin a écrit:J'aurai préféré chuter pour expliquer notre résultat, nous avons été honteux, sans impact sur la course, tout est à refaire, je ne sais pas ce qui s'est passé.
Ben Stiller a écrit:Cette course mérite son surnom, tout a été très vite aujourd'hui, on est passé sur des chemins où je n'ose même pas passer en voiture. Jasper Stuyven a été très impressionnant, on le reverra bientôt j'en suis sûr.