Le Rendez-vous est pris pour une édition sérieuse et dantesque sur les hauts-plateaux chinois, autour de l’immense œil bleu que forme le Qinghai Lake, léchant des sommets flirtant avec les 4000 mètres d’altitude. Si le Tour de France est l’événement phare du cyclisme mondial, nul doute que le Tour du Qinghai Lake est quand à lui le sommet de l’Asia Tour. Traditionnellement peu accidenté, ce sont cette année pas moins de 4 étapes de montagnes qui seront proposées au menu…Jhonatan Narvaez fait figure de grandissime favori, mais avec l’absence de Masakazu Ito suite à une gastro-entérite développée sur les sommets froids et humides de Suisse, l’équatorien ne disposera que de l’aide d’Akira Okamoto. Face à lui, une composition d’adversaires hétéroclites, dont Ben O’Connor, Carlos Verona (Orica) et Morad Hasharotov (Wilier) seront les têtes de proues. Ce dernier devant faire avec la venue de Davide Cimolai et de son train. Davide Martinelli (Bahrain) sera probablement l’autre homme rapide à suivre. Quant aux locaux, nulle n’est besoin de les mentionner, bien malheureusement.
Effectif Bridgestone : Takayuki Abe, Jhonatan Narvaez, Akira Okamoto, Muhamad Adiq Othman, Jimmy Turgis, Steele Von Hoff
Profil des étapes (1) : IIIIINébuleuse et tentaculaire, Xining se dresse au fond d’une vallée encaissée, bordée par les hautes cimes. La capitale de la province, masquée par les bancs de brouillards descendants des plus hauts escarpements, est le théâtre de la première étape. Une échappée s’en va, une bataille s’ensuit. Les quelques centaines de spectateurs, assemblés devant les barrières, sont témoins d’une lutte féroce pour le gain du maillot de leader. Alors que Von Hoff se perd dans le trafic des rues sinueuses, Narvaez profite déjà des –faibles- pourcentages présents sur la ligne d’arrivée pour s’imposer. Le lendemain, les coureurs s’échappent des pinces arachnéennes de l’urbain pour venir serpenter sur les hauts cols isolés du Qinghai. Un seul à franchir, mais à une telle altitude…L’air manque, et les jambes le ressentent. La ville à cédé la place à l’herbe, et l’herbe à son tour, à la pierre, grise, décharnée et rugueuse, ainsi qu’à un sol de poussière, sec et jaunâtre. La Bridgestone ne fait pas que lancer la course, elle la dynamite. Le train est infernal sur des pentes avoisinant les 6, voire 7%. Même les sprinteurs, comme Von Hoff ou Othman, mettent la main à la patte. Les 20 kilomètres d’ascensions sont éreintants. A 7 kilomètres du sommet, ils ne sont déjà plus qu’une vingtaine, et le nombre ne fait que se réduire tandis que les coureurs renommés de l’Asia Tour cèdent, un à un, dans la brume les rendant à ce qui préfigure leur rôle face à une équipe enflammée : des fantômes. Cameron Meyer (Orica), Lachlan Morton (Isowhey), Maciej Paterski (Ukyo)…Narvaez est juste le plus fort. La Bridgestone est juste la plus forte. Quasiment 4 minutes d’avance au sommet face à un dernier quatuor : Ben O’Connor, Ildar Arslanov (Gazprom), Morad Hasharatov, Davide Baldaccini (Uae). Le russe est distancé dans les périlleux tournants pour redescendre dans la vallée. Le trio reprend du champ, à 3 contre 1, mais ses membres sont trop justes, et O’Connor, puis Baldaccini, et Hasharatov enfin, sont harassés. Narvaez s’impose à Guide.
Les deux premiers jours n’auront été, d’abord, qu’une myriade de paillettes multicolores le premier jour, et un abîme de teinte sèche le second. Pas de Qinghai Lake à l’horizon, avant cette troisième étape qui vient s’achever sur les bords calmes et plats de la mer intérieure. La première heure de course permet de dégager une échappée de costauds, mais la sentence est ensuite irrévocable, l’altitude faisant suffoquer les échappés, réduits à se relayer misérablement. Steele Von Hoff vient cette fois surprendre les favoris italiens. Une nouvelle journée ensuite, peut-être bien la plus terrible d’entre toutes. 220 kilomètres de course. Deux cols hors-catégorie à gravir. Face à l’enjeu, et face à la difficulté, le premier col est gravi au tempo derrière une troupe bien organisée d’échappés. Passe alors la seconde ascension, entamée prudemment. L’attaque de Mickael Chérel (Ag2r) à 17 kilomètres du sommet rompt la monotonie d’un paysage rural, isolé et oublié même, battu par les vents. Le rythme s’emballe derrière le français, et le peloton, lorsqu’il le reprend enfin, n’est plus qu’un groupe d’une vingtaine d’unités duquel Godoy (Ukyo – 9e) et Feng (Bahrain – 8e) ont été distancés. Verona (3e) est à son tour distancé à plus de 10 kilomètres du sommet. Diverses défaillances se produisent chez les leaders, certains résistants mieux à la pente –ou à l’altitude, tandis que Narvaez s’envole, une nouvelle fois.
Le changement est total pour la cinquième étape, courue quasiment intégralement sur les bords du lac. Au Sud, guère loin, sont les sommets enneigés des pics. Au Nord, à plusieurs centaines de kilomètres, derrière le Qinghai Lake, se dressent d’autres cimes, plus impressionnantes encore, enclavant, ou définissant les frontières de l’immense lac. Cimolai –enfin- savoure le gain de la victoire à Xihaizen après une journée tranquille. Tranquille sauf pour les plus faibles, peu habitués aux efforts prolongés, à l’altitude, aux journées s’enchainant. 4 hors-délais sont recensés sur cette étape pourtant anodine face au lendemain. Une nouvelle journée marathon pour rejoindre Qilian, perdue au Nord entre les montagnes. Une approche vallonnée complique encore la chose, malgré une allure modérée. Tentant le tout pour le tout, Clément Chevrier (Fdj – 10e) est le premier favori à se découvrir en attaquant sur le sommet de la première difficulté. Le peloton, pourtant ne s’affole pas. Montée tranquillement, la difficulté à été passée sans encombre, et tout les équipiers de Narvaez sont encore présents pour rappeler le jeune coureur français à l’ordre, seul à combattre inutilement dans la plaine. Le col final s’approche, et commence sa sélection. Narvaez pose une nouvelle mine dans les derniers pourcentages difficiles de l’ascension, rattrapant Jeppesen (Yunnan), le dernier rescapé, sous la banderole du grimpeur, et se délestant de lui instantanément sur le léger replat au sommet, avant de savourer un nouveau triomphe au bas de la descente.
Etapes | Vainqueur | Second | Troisième | Premier Bridgestone | Leader Général |
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E1 : Xining > Xining | Jhonatan Narvaez | Brenton Jones (Orica) (+0'00") | Davide Cimolai (Wilier) (+0'00") | 8.Steele Von Hoff (+0'00") | Jhonatan Narvaez |
E2 : Xining > Guide | Jhonatan Narvaez | Morad Hasharatov (Wilier) (+1'44") | Davide Baldaccini (Uae) (+2'07") | 11.Akira Okamoto (+3'07") | Jhonatan Narvaez |
E3 : Guide > Qinghai Lake | Steele Von Hoff | Muhamad Adiq Othman (+0'00") | Davide Martinelli (Bahrain) (+0'00") | 7.Jhonatan Narvaez (+0'00") | Jhonatan Narvaez |
E4 : Guide > Qinghai Lake | Jhonatan Narvaez | Ben O'connor (Orica) (+3'58") | Ildar Arslanov (Gazprom) (+3'58") | 13.Akira Okamoto (+7'21") | Jhonatan Narvaez |
E5 : Tianjun > Xihaizen | Davide Cimolai (Wilier) | Davide Martinelli (Bahrain) (+0'00") | Steele Von Hoff (+0'00") | 4.Jhonatan Narvaez | Jhonatan Narvaez |
E6 : Xihaizen > Qilian | Jhonatan Narvaez | Akira Okamoto (+0'31") | Ben O'connor (+0'31") | 31.Jimmy Turgis (+2'45") | Jhonatan Narvaez |