La Transylvanie…région de montagnes, de forêts, de brouillard et de mystères. On dit que les vampires peuvent surgir de l’ombre des arbres pour venir vous sucer des perles de sang. Sky est elle venue pour susurrer des mots de désespoir à l’oreille des autres équipes. A bon entendeur…Uran, Moscon, Adrien Costa, Kiryienka, Roson, Nieve, Dowsett, Tracz sont alignés pour l’équipe britannique. David de La Cruz pour Bahrain, Enric Mas pour Dimension Data et Jack Haig pour Orica paraissent les seuls en mesure de résister à l’inéluctable…Tsgabu Grmay saura t-il éviter les balles à cordons tranchés du champ de bataille et travers un océan de douilles fumantes ?
Effectif Bridgestone : Joseph Areruya, Matthieu Boulo, Tsgabu Grmay, Yusuke Hatanaka, Adrien Niyonshuti, Akira Okamoto, Hayato Okamoto, Genki Yamamoto
Profil des étapes :IIIIL’épreuve s’élance, calmement, dans les rues encombrées du vieux centre-ville de Sibiu, au Nord des Carpathes. Les cimes des plus hauts sommets sont visibles dans le lointain, bercées par les nuages blancs les faisant disparaitre, troublant la concentration des coureurs qui par trop s’y attardent. Si Jos Van Emden (LottoNL) et Anton Vorobyev (Dimension Data) sont les premiers attendus, ils sont battus par des outsiders plus en forme, tels Yamamoto, Wirtgen (Kolss) ou encore Winter (Katusha). Gorka Izagirre (Movistar) lui vole la marque en 9’03’’ avant que Michael Hepburn (Orica), Lino Pagliaccetti (Bahrain) et Chad Haga (Bmc) ne rompent la barre des neufs minutes. Tout comme Vasil Kiryienka, ex-champion du monde de la discipline, mais il est néanmoins battu. Grmay, frigorifié, perd plus d’une vingtaine de secondes. Taaramae (Gazprom) ne cède lui que 3 secondes quand Uran en perds 10. Mais c’est bien Chad Haga qui sort vainqueur de ce prologue.
Directement dans le vif du sujet le lendemain, avec une course difficile qui sert de lien entre la ville mégalopole et industrielle, et les montagnes sauvages. Au pied sont les éboulis, comme la chute des coureurs qui tentent en vain de s’échappée. Hatanaka, qui avait réussi à sortir, chute avec quelques autres, mais parviendra ensuite à rentrer, seulement endolori au niveau du poignet. C’est cependant une autre chute qui met en avant la dangerosité des multiples casse-pattes de la région, jetant à terre Grmay, Areruya ou encore Taaramae, Haig , De la Cruz. Le jeune Pagliaccetti abandonne, dans sa tunique de blanc salie par le rouge de l’hémoglobine. Les quelques gouttes de pluie éparses ne suffisent à laver les tâches incrustées sur la chaussée, mais la course continue, comme s’y de rien n’était, et accélère, langoureusement, difficilement. Les échappés faiblissent tandis que Chad Haga paie les frais des efforts déboursés, cédant son maillot aux blancs et ciel, Kiryienka en l’occurrence, tandis que Fraile vient battre Areruya au sprint.
Averse ou à verse. La pluie tombe drue sur les terres roumaines. Cruel tour du destin encore une fois, de diriger les coureurs vers le lac Balea, autre antre du liquide bleuté, qui vient noyer les coureurs dans un tourbillon de filets nuageux d’un noir de suie, de charbon, de nuit. Les masses s’amoncèlent sur les pentes Nord des Carpathes, rejetant d’une manière idoine les coureurs, les enjoignant à s’écarter des hautes terres de Transylvanie. Ce sont 16 kilomètres interminables sur des pentes rendues glissantes. Les échappés se diluent dans la marrasse, s’égrènent, s’égouttent. Pêcher par prudence est mieux que pêcher par excès de témérité. Les hommes de tête parviennent à franchir la nasse et se disputent la victoire au sommet, sous des torrents liquides. Uran règle le groupe des favoris, prenant la tunique à Kiryienka, une tunique jaune délavée, encrassée, à l’image du temps qui guette, patient, pour tous les engloutir.
Une nouvelle échappée, une nouvelle chance. Niyonshuti est parmi les 9 hommes. La journée s’annonce rude, la radio annonçant déjà un brouillard traître, un vent féroce. Dès le pied de la première ascension, les hommes et les yeux se perdent de vue, se repérant à la lueur des motos, aux sons déformés renvoyés par l’écho du vide et par les gouttelettes cristal. L’écart augmente, l’échappée se joue une nouvelle fois la gagne. Les oreillettes sont coupées, vaincues par le froid, l’altitude, le vent, en soi, juste les éléments déchainés. Tsgabu Grmay chute avec De La Cruz ou encore Nieve à la bascule de la première ascension. Nos espoirs lessivés ? Non, Hayato à ramené notre leader, amoindri, encore une fois trempé et le cuissard par endroit, déchiré. Devant, une chute réduit à néant les espoirs de Mas Bonet (Movistar), mais laisse espérer Niyonshuti, qui n’a plus que le jeune Piergiorgio Cardarilli (Minsk) à ses côtés. Le final se profile…ou non ? Les banderoles surnagent des masses nuageuses quand les têtes des coureurs sont plongées dans la mer grise. Les silhouettes fantomatiques se répondent coup pour coup, cherchant l’adversaire. Niyonshuti est vaincu au sprint. Derrière, malgré une attaque d’Akira Okamoto, les favoris finissent groupés.
Dernier jour de course, dernière épreuve pour reprendre du poil de la bête et partir sur un bilan satisfaisant. Ce que se disent beaucoup d’équipes qui voient d’un air dépité la Sky caracoler une journée de plus en tête de peloton. Tony Martin (Katusha) l’a bien compris et tente le coup de loin en compagnie d’autres malheureux, dont Hatanaka. Et parmi les larmes de désespoir jaillit parfois la fontaine du bonheur. Si Tony Martin tente de se faire la malle, seul, il est repris et déposé par ses compagnons d’échappées…Et c’est Yusuke qui s’impose !
Etapes | Vainqueur | Second | Troisième | Premier Bridgestone | Leader Général |
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E1 : Sibiu > Sibiu | Chad Haga (Bmc) | Lino Pagliaccetti (Bahrain) (+0'01") | Vasil Kiryienka (Sky) (+0'02") | 21.Matthieu Boulo (+0'12") | Chad Haga (bmc) |
E2 : Sibiu > Sibiu | Omar Fraile (Dimension Data) | Joseph Areruya (+0'00") | Rigoberto Uran (Sky) (+0'00") | 5.Tsgabu Grmay (+0'00") | Vasil Kiryienka (Sky) |
E3 : Sibiu > Lac Balea | Jacob Sitler (Voster) | Olsian Velia (A. & Vita) (+0'38") | Kent Main (Bahrain) (+1'01") | 10.Tsgabu Grmay (+2'20") | Rigoberto Uran (Sky) |
E4 : Sibiu > Paltinis | Piergiorgio Cardarilli (Minsk) | Adrien Niyonshuti (+0'13") | Lluis Guillermo Mas (Movistar) (+1'41") | 7.Akira Okamoto (+3'38") | Rigoberto Uran |
E5 : Sibiu > Sibiu | Yusuke Hatanaka | Jonas Gregaard (Kolss) (+0'00") | Siebren Wouters (Ccc) (+0'00") | 9.Matthieu Boulo (+2'42") | Rigoberto Uran |
Classement | Temps |
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1.Rigoberto Uran (Sky) | 17h34'26" |
2.Omar Fraile (Dimension Data) | S.t. |
3.Maxime Garin (Fortunéo) | +0'05 |
8.Akira Okamoto (Bridgestone) | +0'15" |
11.Tsgabu Grmay (Bridgestone) | +0'20" |
16.Joseph Areruya (Bridgestone) | +0'55" |
33.Matthieu Boulo (Bridgestone) | +7'12" |
39.Adrien Niyonshuti (Bridgestone) | +7'56" |
53.Hayato Okamoto (Bridgestone) | +16'30" |
60.Yusuke Hatanaka (Bridgestone) | +18'40" |
90.Genki Yamamoto (Bridgestone) | +30'15" |