En attendant, on en est loin et comme d’habitude, un FDJ se trouve dans l’échappée en la personne de Vaubourzeix. Bilbao et Uhlmann l’accompagnent et les trois hommes prennent tranquillement leurs trois minutes d’avance sur un peloton tout aussi tranquille. Les Liquigas et BMC contrôlent l’écart et le réduisent à 1’45’’ à 40 kms de l’arrivée. Daniele Ratto attaque de suite, plein d’entrain mais facilement maitrisé par les Liquigas. Les italiens impriment un rythme soutenu, sans plus, qui ne fait pas de gros dégât mais dissuade tous les autres coureurs d’attaquer si loin de l’arrivée. L’échappée devant eux se disloque pour ne laisser que Vaubourzeix en tête au sommet, 1’20’’ devant le peloton. C’est évidemment insuffisant pour espérer s’imposer. La transition est quant à elle menée tambours battants par les Astana, qui après avoir attaqué, font rouler Ratto et Carrarra pour on ne sait qui. Mais leur attitude va peut-être enterrer Wout Poels, qu’on voit soudainement s’arrêter en bas de la descente, roue avant crevée ! Le néerlandais est attendu par quasiment toute son équipe (sauf Sagan), ramené dans les voitures mais aborde la deuxième montée en dernière position des 130 coureurs du peloton ! Il faut vite remonter, et c’est loin d’être fait car les Lotto Jumbo débordent les Astana au pied de l’ascension. Martens emmène Intxausti dans son sillage, sur une brusque accélération au train qui ne surprend pas Martin et Schleck. En revanche les deux Astana s’écartent rapidement, ce qui crée une cassure derrière le quatuor ! Évidemment Martens ne se relève pas, essaye même d’enfoncer le clou alors que la mésentente règne à l’arrière. Roche sent le piège et sort à contretemps avec Taaramae et Rojas, qui ne travaille bizarrement pas pour Valverde et Nieve. Mais comme hier, Roche impressionne en faisant sauter l’estonien et l’espagnol de sa roue. Il s’impose un effort violent pour rattraper le groupe maillot rouge. Taaramae et Rojas y parviennent aussi, même si c’est beaucoup plus laborieux et uniquement à quelques encablures du sommet. Mais l'espagnol et sa pointe de vitesse ont peut-être fait le plus dur car Schleck, Martin et Intxausti n’ont pas attaqué le tempo de Martens, préférant visiblement garder des forces pour la course-poursuite qui s’annonce. En revanche le luxembourgeois relaie dès le sommet en sentant que Martens commence à faiblir. L’allemand ne tiendra d’ailleurs pas longtemps dans la descente. Derrière eux, Sagan et Capecchi se sont isolés mais basculent déjà à 55’’. Le peloton où les Trek tentent de limiter les dégâts est lui pointé à 1’30’’ ! Quant à Poels, il paye sa crevaison en passant dans un groupe à 2’30’’ qui comporte aussi Samuel Sánchez, 10e du général et visiblement dans un mauvais jour. Il sera difficile de revoir les six hommes de tête.
Cependant le slovaque fait pourtant une descente exceptionnelle. Malgré la collaboration à l’avant, il revient en quelques kms avec Capecchi sur son porte-bagage. Cet autre descendeur fou va maintenant pouvoir rouler pour son leader. Mais ce n’est peut-être pas une si bonne nouvelle car les adversaires de Schleck s’arrêtent aussitôt de collaborer et l’Italien se retrouve seul à bouffer le vent soutenu. Au contraire derrière, tout le monde tourne dans l’éventail et on commence à revenir. Seul Froome est vraiment dans le dur, au point de se faire bordurer du groupe ! Terrible désillusion pour le kényan blanc qui semblait s’être remis hier, mais est finalement toujours diminué par ses chutes. Il se fait enrhumer par un Poels déchaîné qui tente lui de faire la jonction en solitaire. Il aura tout de même du mal à rentrer car le deuxième groupe roule fort, et revient même sous la minute à 10 kms de l’arrivée. Mais Brambilla désorganise alors le groupe en attaquant ! L’italien est suivi de Fuglsang et Velits. Derrière on hésite brièvement, continue d’abord à rouler puis Vanendert, Barguil, Majka, Valverde et Kiserlovski sortent à leur tour à 6 kms du but. Les sprinters Degenkolb, Swift et Breschel sont également dans le coup pour une hypothétique victoire d’étape. Tout devant, Taaramae prend enfin le relais lorsque Capecchi faiblit à 4 kms du but. L’estonien peut faire un beau rapproché au général et sacrifie donc la victoire d’étape, décision d’autant plus logique que Rojas et Sagan sont les ogres du groupe. Moins de quarante secondes derrière, on continue de s’attaquer avec Brambilla qui pose une nouvelle banderille, Velits et Fuglsang repris par le contre duquel Majka a sauté. Mais la victoire se joue assurément devant où Dan Martin démarre à 1200 mètres de la ligne. Très, ou peut-être trop, confiants, Rojas et Sagan se marquent en dernière position du groupe. Ils attendent les 800 derniers mètres pour se lancer, mais ont parfaitement calculé leur coup car ils dépassent sans difficulté les grimpeurs. Ayant réussi à se caler dans la roue de l’espagnol, Sagan n’a plus qu’à l’ajuster pour décrocher sa 3e victoire de la semaine ! Dan Martin consolide de quatre secondes bonus son maillot rouge, en plus de la marge qu’ils ont continué à creuser sur leurs poursuivants… sauf sur Brambilla, impressionnant et qui a réussi in extremis à faire la jonction ! L’italien semble dans la forme de sa vie sur cette première semaine de course, il est 4e du général provisoire ! Dans l’ordre d’arrivée, Velits, Valverde, Fuglsang, Barguil, Kiserlovski, Vanendert et Majka terminent dans un premier groupe à 58’’. Il faut attendre 2’06’’ pour voir le troisième groupe comprenant Nieve, Marks, par conséquent dépossédé de son maillot blanc, et Poels, qui a fini par rentrer. C’est en revanche plus sévère pour Froome et Samuel Sánchez, relégués à 3’35’’.