Une nouvelle course cycliste World Tour voit le jour en Auvergne
mercredi 17 octobre 2018 à 08:15Profitant de la traditionnelle conférence de presse tenue pour présenter le parcours du prochain Tour de France, Christian Prudhomme et toute l'équipe d'ASO en ont profité pour dévoiler une petite surprise : l'organisation d'une nouvelle épreuve cycliste sur notre sol, ou plus exactement la réapparition d'une épreuve disparue depuis plus de 80 ans.Cette nouvelle épreuve sera nommée le
Grand Prix Michelin - Wolber et sera courue sur une journée le jeudi 8 août 2019, quelques jours après la Clasica San Sebastian. Comme vous l'aurait deviné, elle sera sponsorisée par l'entreprise Michelin, soucieuse d'augmenter la visibilité et les ventes de ses pneumatiques pour bicyclette. Dans cette optique le manufacturier a d'ailleurs lancé une nouvelle gamme de pneus spéciaux pour les pavés et aurait approché plusieurs équipes du World Tour, dont AG2R la Mondiale, pour une fourniture dès 2019.
Clermont-Ferrand, siège historique de Michelin, a été choisie pour accueillir cette nouvelle vitrine de la marque.
Amaury Sport Organisation compte placer leur nouvelle épreuve dans la continuité du Grand Prix Wolber d'antan. Cette épreuve
organisée de 1922 à 1934 par le fabricant de pneus homonyme (devenu en 1972 une filiale de Michelin) jouissait d'un important prestige. En effet seuls les trois premiers des principales courses du calendrier étaient conviés à y participer, et le GP Wolber faisait alors office de
championnat du monde officieux. C'est le Suisse
Henri Suter qui remporte la première édition en 1922. Il doublera ensuite la mise trois ans plus tard pour devenir le seul double lauréat de l'épreuve.
Henri Pélissier, le "grand ami" d'Henri Desgranges, manqua de peu d'inscrire son nom au palmarès, finissant second en 1923 derrière
Emile Masson puis en 1924, vaincu par
Costante Girardengo, alias le premier
campionissimo. En 1926 c'est finalement
Francis, le petit frère, qui ajouta l'épreuve à l'immense palmarès des Pélissier. L'
édition 1927 est courue par équipe et voit la victoire de la formation Alléluia des frères
Pierre et
Antonin Magne. 1927 voit aussi l'apparition du premier championnat du monde officiel de cyclisme sur route, et le GP Wolber perd donc de son intérêt. Les quatre éditions suivantes sont dominées par les routiers belges, et
dès 1932 l'épreuve est réservée aux cyclistes français. Trois éditions seront encore courues, voyant les victoires de grands champions comme
Maurice Archambaud,
Paul Chocque ou encore
René Vietto pour la dernière en 1934. L'ancien groom niçois est donc toujours le tenant du titre sur cette épreuve, jusqu'au mois d'août prochain du moins.
Ce petit cours d'histoire achevé, il est temps de s'intéresser au parcours de cette épreuve dont vous allez pouvoir découvrir le profil.
Avec
quatre difficultés répertoriées à franchir plusieurs fois, pour un total de
dix ascensions, cette classique s'adresse avant tout aux
grimpeurs, voire aux puncheurs grimpeurs. Pas de place ici pour les sprinteurs, rouleurs et autres flahutes.
Le départ sera donné de la piste d'essais Michelin située à
Gerzat, au nord-est de Clermont Ferrand. Les coureurs rejoindront ensuite la capitale auvergnate en empruntant le court mais terrible
col de Bancillon (1,5 kilomètre à 12,2% !). Pour corser encore la chose, la route est étroite et pas forcément en très bon état. Elle pourrait même être refaite en certains endroits. Une telle difficulté serait un endroit idéal pour lancer une échappée.
Cette première difficulté passée, les coureurs auront droit à une douzaine de kilomètres de répit avant d'aborder la deuxième difficulté de cette épreuve : le
col des Goules (4,2 kilomètres à près de 8%). Là aussi les braves cyclistes devront faire avec une route étroite et un revêtement peu agréable, bien qu'il n'y ait rien de comparable avec Bancillon. Outre l'aspect sportif, on notera que le parcours passe par le village de
Gergovie, au pied du plateau où la coalition gauloise de Vercingétorix est parvenue à tenir en échec les légions de César. Espérons que cela ne donneras pas l'envie à quelques énergumènes du peloton de donner des baffes à leurs adversaires.
Les coureurs auront ensuite peu de repos, après une brève côte non répertoriée, les coureurs aborderont un col plutôt roulant mais dépourvu de nom (peut-être un futur col Julian Alaphilippe ou Romain Bardet, qui sait ?) avant d'aller chercher la dernière et la plus longue difficulté du circuit. Après 60 kilomètres d'efforts, les coureurs aborderont le
col de Ceyssat (8,8 kilomètres à 6,3% de moyenne). Les coureurs passeront cette ascension sous le regard bienveillant du
Puy-de-Dôme, nostalgique des duels d'antan.
Un bref changement d'inclinaison de la pente, une courte remontée et les coureurs pourront se lancer dans la descente qui les ramènera vers un bref passage plat et à une nouvelle ascension de Bancillon. Les cyclistes débuteront alors un
deuxième tour, identique au premier en tout point si ce n'est qu'ils auront une centaine de kilomètres de plus dans les jambes.
Le deuxième tour achevé, les coureurs en débuteront un troisième, en passant de nouveaux par les cols de Bancillon et des Goules. Une fois ce dernier col franchit, les candidats à la victoire n'iront pas chercher le col de Ceyssat mais remonteront vers le nord, pour en finir là où tout à commencer : sur la
piste d'essais Michelin après
240 kilomètres de course.
Si vous souhaitez étudier ce parcours plus en détail, en voici la carte et le lien vers le GPX du parcours :
https://www.openrunner.com/r/9017963Christian Prudhomme a déclaré souhaiter faire de cette course une vitrine pour l'Auvergne, région trop peu visitée par les courses cyclistes malgré son relief avantageux. Il compte également en faire une sorte de
critérium d'après-tour comme il y en avait temps par le passé au mois d'août et espère attirer les futurs animateurs du Tour 2019. Nul doute que le soutien financier de Michelin aidera beaucoup.