Petit bilan de mon voyage en
Roumanie, plus précisément en Transylvanie !
Bon tout d’abord, un bref point historique (important je pense pour comprendre la région). La Transylvanie, c’est une immense région de Roumanie (qui a par le passé était plus grande que ça d’ailleurs). Elle forme avec la Valachie et la Moldavie les trois grandes régions de la Roumanie. La Transylvanie, ce ne sont pas que les Carpates, qui marquent le Sud et l’Est de la région. Non c’est une immense région qui s’étend donc des Carpates jusqu’à l’Ukraine au Nord, et à l’Ouest jusqu’à la Hongrie et la Serbie. C’est donc une région de 100K km², soit l’équivalent d’Auvergne-Rhône-Alpes et PACA réunis.
D’abord peuplée par les daces, puis envahis par les romains pendant une centaine d’année, la région a ensuite vu un melting pot de peuples s’y croiser, plutôt dominés par des bulgares ou autres peuples d’Asie Centrale. Enfin tout va être réglé vers le Xème siècle avec l’arrivée des magyars, qui vont mettre tout ce petit monde sous leur joug. Pour défendre leur royaume, ils font faire appel à des mercenaires sicules (un peuple voisin des magyars), puis à des allemands (saxons principalement, mais pas que). Il y aura donc 4 peuples qui cohabiteront : Magyars, Sicules, Saxons et Valaques (les roumains actuels). Au début, tout va bien, puis les trois autres soumettent finalement les valaques (les dissensions se font notamment au niveau de la région, les valaques étant orthodoxes pendant que les autres sont catholiques, puis protestants ; bien que valaques soient semblent-ils plus nombreux). Ces trois peuples régiront la Transylvanie tout au long de son histoire, bien qu’Ottomans puis Habsbourg y iront de leur domination politique tour à tour, avant que la Transylvanie ne se retrouve sous domination hongroise lors de l’Empire Austro-Hongrois, avant d’être rattaché à la Roumanie suite à la première guerre mondiale, puis échangées pendant la 2ème guerre entre Roumanie et Hongrie, pour revenir finalement à la Roumanie.
Aujourd’hui encore, les hongrois forment une minorité importante en Transylvanie (entre 15 et 20% de la population). Les allemands eux sont nettement moins nombreux. Entre déportation aux goulags communistes après guerre et retour au pays d’origine, beaucoup sont partis. Mais il y en a encore un certain nombre en Roumanie, dont le président d’ailleurs. Et certains anciens reviennent au pays.
Mon point de chute se situait à Brasov. Il s’agit d’une des 7 cités majeures construites par les allemands à leur arrivée. Nous sommes aux confins sud-orientaux de la Transylvanie, dans une région anciennement germanophone. Aujourd’hui il y en a nettement moins donc, mais l’influence allemande se fait encore fortement sentir. D’ailleurs la ville garde toujours son nom allemand (Kronstadt) qu’elle arbore fièrement aux côtés de son nom roumain. Néanmoins la principale minorité reste belle et bien les hongrois (Brasso), mais ici ils ont peu d’influence culturelle … à l’exception des kürtös (Trdelnik en Rep Tchèque, Slovaquie, Pologne qui y sont déjà allés).
Au passage … #supportromaniancycling #sisbos
BrasovOn commence par Brasov. C’est l’une des principales villes de Roumanie, la plus grosse du Sud de la Transylvanie, avec une économie florissante, notamment grâce au tourisme. Car oui, il y a pas mal de touristes ici bas. On est à peu près au milieu de l’Europe, donc on croise beaucoup de mondes venant d’un peu partout en Europe. Beaucoup d’allemands bien sûr, mais pas en cars, plutôt à titre individuel. J’ai même croisé des touristes venus d’Espagne en voiture, chapeau les gars, beau voyage
Quelques asiatiques ou américains aussi.
Bref, le cœur de la ville, entre les fortifications, était saxon (citée fortifiée fondée par l’Ordre Teutonique). En dehors des murs, les roumains, principalement dans le quartier du Schei. La ville est plutôt sympa, vivante. Visuellement ça rappelle l’Allemagne, avec des maisons colorées. Bon toute la région rappelle l’Allemagne en fait
Aux alentours de BrasovNe sachant pas trop par quel bout m’y prendre, je vais y aller géographiquement
RasnovA quelques encablures de Brasov, cette forteresse médiévale s’étend au dessus de la plaine. L’intérieur est un peu rénové, et il y a plusieurs boutiques qui animent la citadelle, vendant aux choix des produits artisanaux ou des babioles à touristes
Mais Rasnov, c’est aussi un complexe de combiné nordique à la sortie de la ville. Les tremplins accueillent notamment la coupe du monde de saut à ski féminine et de nombreuses compétitions secondaires (jeunes, fis cup, …).
Poiana BrasovPuisqu’on parle de sports d’hiver, petit crochet par Poiana Brasov. La station de ski s’élève entre Brasov et Rasnov. C’est une des plus populaires de Roumanie. On est bien loin ici des barres d’immeuble sans charmes de certaines stations françaises. Les hôtels et pensions ont tous un charme propre, mais je pense que c’est pas donné non plus d’aller là bas quand on est roumain
A noter cette étonnante église en bois, dont le style est celui du Maramures, l’une des plus belles régions de Roumanie, située tout au Nord du pays (si l’on en croit les guides touristiques
).
BranVous avez peut-être déjà entendu parler de Bran. C’est le pseudo château de Dracula. Dieu seul sait pourquoi ce château s’est retrouvé lié à Dracula. Bon du coup, ça brasse du touriste. Mais le château a au moins le bon goût de ne pas trop en faire avec Dracula. Il laisse ça aux commerçants installés en contre-bas
En vérité, l’aspect actuel du château est assez récent, les travaux datant de la dernière époque royale en Roumanie (avant la WW2).
Après Bran, je suis parti en balade autour dans la vallée derrière (l’axe routier est simplement appelé couloir Rucar-Bran, du nom des deux villes qu’il relie). Le paysage est simplement incroyable
Quelques photos, soit prises à l’arrêt, soit en auto grâce à vinette, sur le retour vers Brasov (que l’on remercie chaleureusement pour sa collaboration
).
Prejmer et HarmanDeux sites voisins, à quelques km de Brasov. Il s’agit de deux églises fortifiées saxonnes. C’est l’équivalent local de nos châteaux forts. Autour de l’église du village poussaient des fortifications, qui permettaient de soutenir un siège. Encore ajd, il y a énormément d’églises fortifiées saxonnes dans les villages un peu partout en Transylvanie. Certaines sont en superbes états (les plus prestigieuses sont classées Unesco) ; d’autres sont en rénovation encore (comme Harman, dont les travaux doivent être quasi fini ajd
), d’autres sont plus chancelantes …
A Prejmer, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, il y a dans l’enceinte plus de 300 pièces, qui servaient de magasins en temps de paix, de réserves/logements en temps de guerre. Harman est plus classique que Prejmer. Dans l’ordre d’apparition, Prejmer puis Harman.
Au NordSighisoaraC’est vraiment l’un des plus beaux endroits où j’ai pu aller
La vieille ville a gardé un charme certain, et n’a quasi pas bougé depuis 200 ans. On monte, on descend, on circule dans des ruelles colorées. Bref, un endroit très sympa (lui aussi classé au patrimoine mondial) !
ViscriOn continue dans les sites Unesco ! Venir à Viscri, c’est déjà une expédition en soit. De l’axe Brasov-Sighisoara, on doit partir un peu à l’Ouest. Soit par une route au goudron à priori récent, mais avec des nids de poules … affolants ! C’est étrange d’ailleurs ce mélange entre « nids de poule » et goudron à priori neuf
En plus la route n’est pas large et serpente un peu … et de l’autre côté, une route en terre ! Le cadre est bien posé … quand on arrive sur site, dépaysement complet ! En plus, j’ai eu la chance d’arriver après la pluie … la chance car ça donnait une atmosphère particulière au site. Et il n’y avait pas foule
Des forêts sur les collines autour du village s’élevaient une brume qui remontait. Assez magique quand on grimpe en haut du clocher de l’église, et qu’il n’y a que le bruit des oiseaux au loin
Et le village est aussi vraiment superbe, presque figé dans le temps, avec ses animaux en liberté, ses abreuvoirs au bord de la route en gravillons, ou ses rues pavées. Ici aussi il s’agissait d’un site saxon. Mais il ne reste presque plus d’allemands au village. Ceux partis ont été principalement remplacés par des Roms, sédentarisés sous Ceausescu, comme dans tous les villages saxons de la région d’ailleurs.
RupeaJuste en revenant sur l’axe Brasov Sighisoara depuis Viscri s’élève la citadelle de Rupea. Elle est un peu vide comparé à Rasnov, mais elle offre un beau point de vue sur les environs.
Au SudSinaiaUne seule destination au Sud de Brasov, Sinaia. Cette « station de ski » (la ville n’est pas haute, mais a un domaine skiable entre 1400 et 2000 mètres) se situe dans un grand complexe de quatre stations collées les unes aux autres (Predeal, Azuga, Busteni, Sinaia) … et c’est un putain de bordel pour y aller !!!! Les stations sont sur la route Bucarest-Brasov … à l’aller, pont du 15 août, grand départ en week end, je passe trois heures pour faire une pauvre vingtaine de kms
Je décide donc d’y aller après ce fameux week end … et rebelote, que de temps perdu…par contre au retour vers Bucarest, pas un chat
A ma décharge, j’aurais dû partir le matin, car une fois sur place j’apprends (à mes dépends) que tout ferme super tôt … les châteaux dernière entrée dans le site à 16h15
les remontées mécaniques à 17h30… donc malheureusement, pas de montées en haut des monts Bucegi, le timing serré (et la non vérif des horaires le matin avant d’y aller
) ne me le permettant pas #déception #bouchonsdemerde
Donc il y a des châteaux, car au XIXème siècle le roi Carol Ier décida d’y déplacer sa cour l’été. La ville a donc connu un essor récent, et est très marquée par cette période (nombreuses villas, casino, …). Le château le plus célèbre est celui de Peles, lui aussi souvent utilisé comme image d’épinal. A côté, il y a le plus petit château de Pelisor. Tous deux à l’intérieur sont assez spéciaux (mais pas de photos car c’est payant
) … on notera aussi la présence de tapisseries de Beauvais #homesweethome
Enfin autre site notable, le monastère de la ville ; le site fondateur de la ville. Lui est ouvert jusqu’à 20h par contre
Dans un cadre vraiment sympa ! Enfin après il est temps de repartir pour se refarcir les bouchons …
A l’EstSibiuOn arrive sur les terres des exploits de Tom Bossis ! #sisbos Le prologue du Sibiu Tour se tient en effet en plein centre de cette magnifique ville, surnommée « la Petite Vienne ». Vienne je ne saurais plus, mais en tout cas oui, il y a bien un air germanique. Evidemment on reste dans les grandes cités saxonnes de Roumanie. L’actuel président roumain (saxon) était le maire de Sibiu. Il a bien mené sa barque … la ville est superbement entretenu, on sent qu’il y a du bifton #money. Economiquement, on est dans l’une des villes de Roumanie les plus aisées, notamment grâce aux liens avec l’Allemagne et l’Autriche. C’est vraiment une ville où flâner est hyper agréable, surtout avec ce beau temps
Petit moment sympa aussi avec la montée en haut du clocher de la cathédrale évangélique … nettement moins fut la redescente, dans des « escaliers » brinquebalants, bien raides, avec les cloches qui se mettent à sonner et tout faire trembler
FagarasDans cette ville d’aspect ingrat, mais au passé glorieux, se tient une splendide forteresse. La ville était autrefois une cité princière, mais je ne sais pas exactement ce qui lui est arrivé (des photos que j’ai vu, elle était encore en état lors du départ pour la WW1).
TransfagarasanBon évidemment, on ne peut pas aller en Transylvanie sans passer par là je pense. La Transfagarasan est l’une des routes de montagne les plus incroyables au monde … la première partie, en forêt, tournicote. Puis on arrive sur un décor majestueux … la montagne est nue (ou presque), les paysages sont grandioses ! En haut, il ne fait pas chaud, et un bon petit kürtös bien chaud n’est pas pour déplaire ! Bon malheureusement, je n’ai pas eu de chance avec la montagne roumaine, et j’étais encore dans la brume
De l’autre côté en revanche, rien ! Beau temps, et paysage splendide une fois encore. Malheureusement, pas trop le temps pour descendre l’autre côté, Brasov étant qd même assez loin. Pour ceux qui se demandent, en haut c’est le Lac Balêa, le lieu emblématique d’arrivée sur le Sibiu Tour.
Avant de partir à Bucarest …… quelques photos de paysages, animaux et autres joyeusetés qui font le charme de la région (on remercie encore une fois Vinette pour les photos en voiture
).
BucarestBucarest était autrefois surnommé le « Petit Paris ». Plus pour sa colonie d’expatriés que pour autres choses, mais néanmoins, il y a de vrais points communs entre les deux villes. D’abord, il y a peu de « vieux » quartiers. Bucarest est plutôt récente (fondée au XVème siècle), et la gros du centre de la ville date de son âge d’or au XVIII et surtout XIXème siècle. C’est sur ce point qu’on retrouve beaucoup de ressemblances avec Paris, avec de grandes artères entourées de bâtiments imposants. Pour le reste, on va s’arrêter là : certaines artères sont bordées de bâtiments bien dégueulasses. Un tremblement de terre a fragilisé de nombreux monuments historiques, occasion rêvée pour Ceausescu de tout raser et reconstruire … sans charme. Du charme il y en a en revanche un peu plus dans la grande avenue de l’Union qui mène au palais du peuple, l’imposant palais de Bucarest (deuxième plus gros bâtiment du monde). On ne se rend pas trop compte à quel point ce bâtiment est imposant … c’est tout simplement gigantesque ! Bon plus de la moitié des 1200 pièces qu’il contient ne sont pas utilisées … autour, c’est plutôt vide, sauf une immense cathédrale orthodoxe qui est en construction. Peut-être de quoi amener un peu de vie autour du Palais du Peuple et des quelques autres bâtiments gigantesques construit autour …
Pour le reste, c’est une ville plutôt sympa. Au centre, les fêtards/queutards y trouveront leur compte
Au Nord, d’immenses parcs et lacs s’étendent, entre la banlieue et les riches villas. Le Sud semble plutôt résidentiel, je n’y suis pas vraiment allé. Sauf quelques quartiers au Sud de la Dambrovita, qui ressemblent un peu au Schei de Brasov. En une journée et demi on peut faire déjà un bon bout de la ville. Deux-trois jours doivent suffire si on veut vraiment être plus complet. En tout cas, c’est bien plus sympa que Varsovie
Dans certains coins on ne sent pas dans une capitale. C’est très calme … puis en trois rues on est sur une artère grouillante d’autos.
Voilà, c’était mon CR
Si c’était à refaire (ou si ça vous branche d’aller par là), j’aurais pris un logement à Sibiu en plus. Ca aurait considérablement réduit les temps de trajets, qui ont commencé à me peser un peu sur la fin (et il y a d’autres choses sympa autour de Sibiu). En tout cas, je retournerai certainement en Roumanie d’ici quelques années. Peut-être dans la partie plus hongroise de la Transylvanie (Cluj, Oradea, Targu Mures …) puis retourner vers Sibiu ; ou du côté de Iasi, en Moldavie, région restée encore très rurale ; soit sur la côte, avec le Delta du Danube. Bref, beaucoup d’autres destinations à découvrir …