Allez, je me lance dans mon compte rendu de l'étape du Tour, je vais essayer d'être bavard pour une fois.
Comme déjà évoqué, j'ai participé à l'EdT en 2016 mais nous avions appris le lundi précédent la course que le col de la Ramaz ne serait pas emprunté à cause du risque d'éboulements.
J'avais fini l'étape aux environs de la 4300ème place malgré un dossard 14000.
Ca avait été pour moi une grande satisfaction car j'assume mon gabarit 1,85 m et 90 kilos et c'était ma prémière cyclo.
J'avais bien participé à des randos d'une centaine de kilomètres, mais ce n'est pas du tout la même limonade.
Bref, 2 ans plus et 2 enfants en plus, il s'avère que je gagne mon dossard via un jeu et j'apprends donc début décembre que je vais faire l'étape du Tour 2018.
Mon dernier est né en octobre 2017, mon grand a 6 ans et mon cadet 14 mois, je me dis que ca va être tendu de bien la préparer mais d'un autre côté, une belle opportunité de prouver que tu peux être papa de 3 enfants, avoir un boulot prenant et faire quand même du sport à un bon niveau.
Bref, ma femme étant en congé parental, je roule tous les soirs 45 minutes en rentrant du taf. J'y vais tous les jours ou presque à vélo, mon travail étant à 5 kilomètres. Pas de strava le matin, seulement le soir (ou le midi quand je rentre manger) et j'optimise une grosse sortie le week end avec pour objectif d'augmenter chaque mois le volume moyen.
Les pros de l'entraînement
s'arracherait les cheveux devant cette méthode très old school
...
Bref, en gros j'ai borné et je me suis présenté le jour J avec 5000 kilomètres au compteur, des vacances dans les pyrénées en Avril où j'ai pu grimper un col par jour (Soulor, Spandelles, Couraduque et Bordères, Pont d'Espagne et Cambasque, Tourmalet jusqu'à 1900m, Hautacam) et une dernière semaine de préparation à la Clusaz où j'ai fait 2 belles sorties de 3 heures (A moi Plan bois !) et 2 petites sorties.
Bref, assez raconté ma vie, Samedi soir, je me couche, bien nerveux en me disant que faut être sacrément con. J'ai beaucoup roulé, mais les nuits sont très difficiles avec les 2 tout petits et j'ai un manque évident de sommeil (à garder en mémoire pour plus tard...)
Dimanche matin, le vélo est tout beau, il est prêt, on le charge dans la voiture et mon père me dépose près d'Annecy afin d'économiser les 30 kilomètres, certes quasiment descendants, mais 2 petits coup de cul entre Alex et Annecy ne me font pas rêver à 6 heures du matin
Une fois sur le vélo, je descends tranquillement dans Annecy pour retrouver la ligne de départ, clairement c'est top, la ville est quasi déserte et tu retrouves petit à petit plein de cyclistes qui se dirigent tous vers la ligne d'arrivée, il fait un petit 14 - 15° mais tu sens que la journée va être géniale
Je suis à mon sas vers 6h30, il est déjà bien blindé, surtout par des mecs qui ont des dossards plus lointains "mais qui veulent rouler avec leur pote..."
Du coup, je suis au fond, pas grave, devant ca va batailler pour partir, je ne suis pas pressé.
6h55, le sas 3 est parti, on nous fait avancer vers la ligne de départ et c'est sur "the final countdown" d'Europe que nous nous élançons vers les 170 kms de bonheur/torture.
Bingo, direct ca bourre dès le départ, ma stratégie basée sur la gestion de l'effort me dit de laisser partir les lièvres, mais il est difficile de trouver un groupe à mon rythme. Mon manque d'expérience en peloton se fait sentir, j'ai tendance à me retrouver vite en queue de groupe et trop occupé à profiter, bim trou de 5 mètres, je me retrouve à faire des efforts inutiles pour combler.
Finalement, on se retrouve à 5, coincés entres 2 groupes mais on tient un bon rythme et on ne se fatique pas trop. Au 20ème kilomètre, les fous furieux du sas 5 nous rattrapent à un bon 40-45, on s'accroche comme on peut mais finalement, je décide de lâcher la grappe pour ne pas exploser plus tard.
j'arrive à Talloires, je suis à 35 de moyenne depuis le départ
Côte de Talloires, je l'avais repéré en rentrant du village de l'EdT, je me suis laissé décrocher du groupe des furieux, je suis rattrapé au pied par un groupe qui roule plus pépère, j'arrive à trouver un bon rythme et la montée se passe tranquille.
Du coup, on enchaîne bien la légère descente vers le pied du Col de Bluffy qui est attaqué tranquillement et qui s'avale gentiment. Un mec avec un dossard 6000 nous double grand plateau, lui il est pas là pour ramasser des myrtilles...
Ensuite, légère descente et replat vers Thônes avalés à la vitesse grand V, ca a tendance à péter un peu partout, soit certains veulent aller trop vite, soit certains veulent aller plus prudemment, bref, encore du mal à trouver un bon groupe et je suis un peu toujours à contre temps. Je reste dans des roues en essayant de ne pas faire monter le cardio mais clairement, je pensais que les groupes s'organiseraient mieux...
La traversée de Thônes se fait tranquille et on attaque le pied de la Croix-Fry.
Et là, je pense que beaucoup de mecs se sont vus beau car ca part très vite.
Je choisis le mode pépère, 34*27, coeur calé à 155 bpm (ma FCmax est de 185), je mouline et je laisse les autres s'enflammer.
Ca ne loupe pas, je récupère au fur et à mesure des mecs qui sont vite revenues à la raison et finalement je monte tranquille en 55-58 min (les segments strava et les compteurs de l'EdT ne sont pas synchros du tout...)
Les paysages de la Croix-Fry sont vraiment superbes !
Descente vers la Clusaz sur un bon rythme, où j'ai prévu mon premier ravito... Perso !
Le ravito officiel est au pied de la résidence où je passe mes vacances depuis 1 semaine, ma femme et mes 3 plus grands fans m'attendent et je recharge les bidons et repars avec des barres énergétiques
J'avoue que je suis un peu tendu en repartant car direction les Glières sur un long faux plat descendant (avec quelques portions franchement descendantes). C'est le seul col de la journée que je n'ai pas grimpé et j'appréhende un peu les rampes de garage annoncées.
Et finalement, c'est parti pour l'enfer...
Je mets le 34*30 direct et pareil, je laisse les autres s'enflammer mais finalement tout le monde revient vite à la raison.
Je gère totalement mon effort avec un coeur qui ne monte pas au dessus des 160.
Comme Bapt, cela me permet de faire des mini sprints pour doubler certains en galère mais très vite, je retourne à des rythmes plus réguliers pour ne pas me mettre dans le rouge.
La montée est assez ombragée et à part la dernière rampe à 13% qui fait vraiment très très mal, je suis super content de ma montée qui se passe beaucoup mieux que prévu. La libération au sommet pour passer à la partie gravel !
Finalement la partie gravel n'est pas si terrible que ça, ils ont bien nettoyé et à part quelques trous et des pierres sur le côté, on est sur un chemin propre. Je roule en pneu Spécialized de 24 mm et ca passe nickel.
Cette vue était vraiment top !
Descente des glières très rapide, tellement qu'à un moment on voit qu'un mec est dans le ravin et les secours s'activent pour le remonter. Apparemment, il a déjanté...
Arrivé à Filières, là c'est un mec au sol, entouré de pompiers qui cachent la vue avec des draps, ca a pas l'air joli... mais bon, je ne cherche pas à en savoir plus...
La montée des FLeuries est très roulante et passe toute seule... sauf avec ce petit vent de face et les mecs derrière moi l'ont bien compris. J'emmène tout seul un petit groupe et je me sens un peu entubé sur l'histoire, un petit coup d'oeil me permet de voir qu'un gros groupe nous rattrape, je lève un peu le pied et on se fait avaler et je remets au chaud pépère.
Descente vers la petite côte de Saint Sixt que les organisateurs nous ont rajouté par rapport aux pros et là...
Bon ben plus de photos pendant quelques temps car je suis pris d'un mal de ventre bien chiant...
Je m'accroche à des petits groupes mais dès que je force, ca coince, je me cale finalement dans des roues et clairement j'attends le ravito de Cluses avec impatience...
Au ravito, bingo, c'est la spéciale Dumoulin
Est ce la chaleur ? les barres énergétiques ? le manque d'eau.
J'en sais rien mais clairement, il va falloir que je creuse ce point car j'ai vraiment passé 30 minutes difficiles.
Bref, c'est soulagé que je repars dans le col de Romme et clairement, je décide d'y aller vraiment mollo car je ne sais pas trop si les maux vont revenir.
A Nancy sur Cluses, je sens que ca va beaucoup mieux et la fin du col se passe plutôt bien.
Je suis quand même étonné de la moyenne annoncée par le site de l'EdT, je n'ai pas fait une montée de fou mais sur le segment Strava je suis plutôt à 8.5 de moyenne. C'est pas 6... Bref, on va pas tortiller pendant 2 heures la-dessus.
Descente sur le Reposoir où (rappelez vous...) je me mets à bailler plusieurs fois... Clairement, je ferai bien une petite sieste au Reposoir (tchik pom pom tchik)...
Ravito super étroit, blindé où les bénévoles gueulent "Posez vos vélosssssss, pas de vélossss près des stands".
Ok... Mais on le pose où le vélo ?????
Ce ravito était pas très bien pensé... Dommage car il était quasi indispensable avant d'attaquer la Colombière.
Vue sur le col de Romme, bien content qu'il soit derrière celui là...
Bon la Colombière, c'est pas très dur au début, du coup je suis bien sur mon 34*27... je suis à 10-11, je suis bien.
Je SAIS que les 3 derniers kilomètres sont durs et pourtant à 5 kilomètres du sommet...
ben j'accélère, pendant 2 kilomètres je vole, je double bref, je me fais plaisir avant d'exploser au vol à 2500 mètres du sommet et là tout à gauche, bref l'erreur débutant...
Clairement, le pire moment de la journée, surtout que les 3 derniers kms, on voit ce fichu chalet mais on l'atteint jamais.
Je décide de faire ce que je fais toujours dans les moments durs, je décompte mes tours de pédale en regardant le sol... ca m'aide à passer les mauvais moments et je lève la tête quand je suis à 0...
Enfin le sommet, à 200 mètres de la ligne, je donne tout je veux en finir de la montée, je sais que la descente se passera nickel.
Je gère la descente, je sais que je suis fatigué, je sais que je descends mieux d'habitude mais flute, je veux pas me planter si près du but donc je profite, je fais des virages un peu pourris à la Reichenbach en haut des cocotes mais je veux arriver entier.
Et finalement, voilà la ligne d'arrivée !!
j'avais 3 objectifs, je les ai tous remplis :
1 - finir l'étape
2 - ne pas poser le pied au sol hors ravitaillement
3 - prendre un max de plaisir
C'était vraiment top, ca peut paraître ridicule à des mecs qui sont meilleurs ou ont l'habitude des courses mais c'est ce que j'aime dans le vélo, pas besoin d'être un top coureur pour prendre du plaisir et faire des jolies choses.
Dernier point, mon avis sur le déroulé des pros...
Le plateau des Glières va faire des dégats quand même, même s'il est loin de l'arrivée.
Un jour sans et tu prends vite des minutes à la pelle.
La descente est très technique et pareil, un coureur en difficulté en descente peut perdre du temps.
Après pour les grandes manoeuvres, c'est trop loin, les Fleuries c'est trop roulant, la transition vers le pied de Romme est trop longue.
Par contre ROmme + Colombière, s'il fait aussi chaud que dimanche, plus d'un leader peut dire au revoir à la victoire finale....