TENERIFE
Comme l'an dernier, je décide de démarrer la saison en beauté dans les îles Canaries, où les températures sont paradisiaques pour un mois de janvier. J'avais déjà été à Tenerife fin 2015, mais pas totalement pour le vélo, je voulais rattraper le coup. Les vols étaient bon marché à cette période, c'était l'occasion.
Acte I / Masca Valley https://www.strava.com/activities/1363150085Je pouvais pas espérer un plus mauvais départ à Santiago del Teide, situé à 900m d'altitude. Il fait 8°, il pleut et la route est mouillée. Je suis collé sur la courte ascension du Puerto de Erjos, avec des rafales approchant les 70km/h. La descente est difficile avec ce vent et un revêtement passable (qui veut dire très correct en Canarien
). Je suis au ralenti et ne prends aucun risque, je suis frigorifié, et je me demande ce que je fais ici.
J'ai la chance de pouvoir m'arrêter au Mirador de Garachico au milieu de la descente, le meilleur moment de la journée avec une vue splendide sur l'Océan.
Après 30km, je peux enfin attaquer les gros morceaux de la journée, avec une succession de 3 ascensions différentes, j'ai coché la dernière, celle de Masca. Je me contente de faire de la gestion dans les 2 premières, je sens qu'il est difficile de retrouver le coup de pédale montagne plus de 5 mois après. En descente c'est l'horreur par contre avec ce vent, je n'ai jamais rien eu de pire, et je descends en déchaussant systématiquement.
Masca est un des plus beaux villages de Tenerife, les touristes sont nombreux. Par contre c'est à faire à pied, en vélo peu d'intérêt si ce n'est cette montée, 4km à 11% et c'est assez irrégulier, avec régulièrement des passages à 15% et un final à 18%. Je suis pas mal gêné par la circulation et les bus surtout qui bloquent la route à chaque épingle, mais je fais un 1er test "ok", sans plus.
La descente pour Tamaino est aussi difficile que les précédentes malgré un bon revêtement, je crains pour ma santé. C'est ensuite plus calme et plus tranquille, même si la longue portion entre Guia de Isora et Adeje sur une quinzaine de kms, se fait sur un revêtement foireux, qui réveille des douleurs à la main embêtante. Les 10 derniers kms en zone touristique sont sans intérêt et bourrés de voitures.
Acte II / Cap sur l'ouest https://www.strava.com/activities/1364518073Je voulais découvrir des routes inconnues en J2 vers l'ouest. La première partie se passe bien, je suis dans un petit peloton de papys Canariens, ça va pas vite mais ça me va. Je rejoins El Medano, le lieu le plus venteux de l'île, paradis des surfeurs, non loin de l'aéroport.
A la sortie de El Medano, c'est l'horreur. Je vais vivre 15km cauchemardesques pour rejoindre Chimiche, un village perché à 500m d'altitude. Vent de face, routes défoncées, je traine à une allure ridicule sur les longs faux-plats, m'arrêtant à plusieurs reprises et pensant faire demi-tour.
Arrivé à Chimiche, je pensais que le calvaire serait fini mais non. Je n'ai plus à lutter contre le vent, par contre les 5,4km qui relient à Granadilla sont dans un état très moche. Je m'arrête même quelques secondes en pleine route, en me demandant c'est quoi le but de partir comme ça, au fin fond de l'Atlantique...
Après une pause à Granadilla, je décide de changer de plan pour pas avoir de mauvaises surprises, et de suivre la TF-28 jusqu'à Los Cristianos, une valeur sûre. Le bîtume est très bon (sauf sur 500m), les paysages sont secs, arides, Canariens, les vues prenantes, et quelques miradors permettent de savourer ses moments. De quoi sauver cette sortie.
Acte III / El Teide https://www.strava.com/activities/1366176213Le gros morceau pour le dernier jour, le Teide. L'objectif est de faire les 33/34 premiers kms à bloc jusqu'à El Retamar (2100m) avant la première descente. Je connais la montée, c'est important. Je pars tôt, le vent est absent et j'aperçois que les sensations sont bonnes. Le premier gros tiers est très régulier, toujours entre 6/8%, je prends un bon rythme, je retrouve le coup de pédale et le moral.
Le second tiers offre plus de passages de répit jusqu'à Vilaflor dernier village avant la dernière partie boisée. Je me laisse un peu griser par ses "replats" et je pense que je laisse des plumes avant la dernière partie la plus difficile. Le revêtement est foireux les 5kms précédents Vilaflor.
La dernière partie est la plus dure en terme de pente, et surtout parce qu'on a déjà 23kms de montée avant. A 10 bornes du sommet, j'ai l'impression que mon Garmin buge. J'ai l'impression qu'il sous-estime ma vitesse et la pente, mais en faite non, je commence à être dans le mal. A 8km du sommet, je me fixe un objectif, de passer chaque borne kilométrique en moins de 5' (12km/h). Ca m'aide à garder le rythme. Les 3 derniers kms sont incroyablement durs, mais je ne peux pas craquer après plus de 2h d'efforts, donc je continue jusqu'au bout. Je parviens à grimper en moins de 2h30, je suis très fier de cette performance.
Au sommet, je n'ai plus de forces, j'avale tout ce qui me reste, mais la suite sera très pénible. Je rejoins très péniblement la base du Teide (2250m), tarmac parfait refait récemment, vent de face, au bout de moi-même mais très heureux. Les paysages parlent d'eux-mêmes.
Au final, Tenerife, c'est un peu je t'aime moi non plus. C'est exceptionnel de pouvoir rouler au-dessus des 2000 dans de telles conditions en janvier, avec un ciel aussi bleu. Rouler en court, pouvoir escalader de telles difficultés, c'est aussi un luxe à cette période. Ce que j'adore aussi, ce sont les pauses ravitaillement. Payer 4€ pour un Coca, Cappucino et un Sandwich consistant, c'est dur à trouver dans les Alpes ou les Pyrénées.
Par contre, il existe vraiment des inconvénients sur cette île, en 25.000km, j'ai jamais roulé sur des routes aussi venteuses. Quelques conseils de base.
- Vérifier la météo avec des sites "locales", Meteoblue très fiable en France & Italie est totalement à la ramasse là-bas.
- Je roule souvent sans gants, mais à Tenerife vu l'état des routes c'est un impératif.
- Il faut aimer grimper, en dehors des zones touristiques, je n'ai pas trouvé beaucoup de plat.
- A Tenerife, on est presque toujours en prise, que ce soit à cause du vent, de l'état de la route, de la difficulté de la montée.
C'était ma 2ème fois à Tenerife, cette expérience me fait hésiter à y revenir ou non. Mais comme je suis maso, je remettrais certainement les pieds dans les Canaries un jour où l'autre. Mais en comparaison, je préfère largement Gran Canaria l'île voisine.