Kristina Vogel
S’il semble compliqué de se projeter vers un titre mondial pour la plupart des coureurs, l’Allemande est dans une telle dimension, qu’on peut légitimement se demander qui est en mesure de la priver d’un triplé lors des mondiaux. Oui, on en est là en terme de domination sur sa discipline sur la sprinteuse qui ramène au moins un maillot arc-en-ciel chaque année depuis 2012 et double championne olympique sur l’intervalle. La situation est simple : il faut remonter à l’hiver 2015-2016 pour trouver une défaite lors d’un tournoi de vitesse et aux JO 2016 pour une défaite dans le keirin ou la vitesse par équipes (qu’elle soit associée à sa partenaire de longue date Miriam Welte ou à la perle montante du cyclisme Allemand Pauline Sophie Grabosch). Pour résumer : un an et demi d’invincibilité dans 3 disciplines différentes, du jamais vu.
Denis Dmitriev
Le Russe de 31 ans a mis du temps à conquérir la vitesse au niveau mondial (3 titres européens et le classement général d’une Coupe du Monde dès le début des années 2010), mais il y est enfin parvenu l’an dernier, après des places de 2e ou 3e les 4 années précédentes (et aussi aux Jeux Olympiques). Au-delà de ses capacités physiques faisant de lui un champion, il semble être apprécié pour tous les autres sprinteurs, coéquipiers comme adversaires, qu’il les croise sur un vélodrome Européen ou dans les anneaux de keirin au Japon, où il effectue quelques voyages chaque année. Il a été aussi un des instigateurs de la naturalisation de Shane Perkins, l’Australien étant devenu Russe l’été dernier.
Kirsten Wild
Si elle est déjà réputée comme une des meilleures sprinteuses du peloton féminin sur la dernière décennie de route, les capacités de pistardes de l’expérimentée Néerlandaise (35 ans) sont également indéniables. Pourtant, un seul titre mondial est là (dans le scratch en 2015), autour de 5 autres médailles, dont l’argent dans l’omnium et le bronze dans la course aux points l’an dernier. Elle arrive en grande forme à ces mondiaux, ayant gagné l’omnium et la course aux points de la dernière manche de Coupe du Monde. À domicile, elle aura presque tout un vélodrome pour la porter dans ces deux épreuves, ainsi que dans la course scratch et dans le madison. Ses capacités de rouleuse et sa pointe de vitesse font qu’elle peut être en mesure de cumuler 4 podiums.
Ethan Mitchell, Sam Webster, Eddie Dawkins
Le trio représente la Nouvelle-Zélande chaque année aux mondiaux depuis 2011 (une telle régularité est inédite pour une compétition de cyclisme par équipes). Après une 6ème place, ils sont toujours montés sur le podium, dont 5 finales pour 3 titres, faisant d’eux le meilleur trio de l’histoire des mondiaux. Ils abordent ce championnat du monde en double tenants du titre (même s’ils auraient probablement troquer quelques maillots arc-en-ciel pour le dixième de seconde qui leur a fait défaut pour remporter l’or à Rio). Ils sont, a priori, les grands favori de cette épreuve, mais ils brillent moins en individuel. Ou en tout cas, ils brillaient moins, car ils ont tous les trois participés aux quarts de la vitesse lors des derniers mondiaux, Ethan Mitchell prenant même la troisième place. Ce dernier ne fera que la vitesse en solo, alors que les deux autres feront aussi le keirin (Eddie Dawkins y a obtenu deux médailles d’argent par le passé).
Chloe Dygert
L’Américaine de 21 ans est double championne du monde en titre dans la poursuite par équipes et tenante du titre également dans la poursuite individuelle. Sur route, elle a fait le doublé course en ligne et contre-la-montre chez les juniors il y a 2 ans et était au pied du podium chez les élites cette année. Entre temps, elle a terminé meilleure jeune du Tour de Californie. Mais au-delà de ses performances prometteuses sur la route et d’une participation dans un quatuor impressionnant en poursuite par équipes, elle a surtout été impressionnante lors des derniers mondiaux, écrasant absolument tout le plateau de poursuite présent : ayant environ 7 secondes d’avance sur sa dauphine, en qualifications et en finale. Certes, cela peut montrer une simple différence nette de niveau ponctuel, mais ce qui était très fort, c’est que sur un vélodrome au niveau de la mer, elle a explosé le record du monde, datant de 13 ans, titillant même le record absolu, établi sur la rapide piste en altitude d’Aguascalientes en 2010. Ce record est celui qui tient depuis le plus longtemps pour une épreuve de piste et il semble avoir trouvé une future détentrice.
Harrie Lavreysen, Jeffrey Hoogland, Matthijs Büchli, Theo Bos, Roy van den Berg, Nils van ‘t Hoenderdaal, Shanne Braspennincx, Laurine van Riessen, Elis Ligtlee, Hetty van de Wouw, Kyra Lamberink
Si tous ces noms ne sont pas (encore) des champions du monde ou olympiques, plusieurs le sont déjà, ou au moins médaillés, d’autres sont des vainqueurs en Coupe du Monde, mais tous sont là pour établir la densité incroyable du cyclisme Néerlandais en vitesse, où facilement le double du quota dans chaque discipline aurait pu être aligné et serait compétitif. Cette saison, ils ont remporté 4 victoires en keirin, 3 en vitesse et 2 en vitesse par équipes (chez les hommes) et cumulé de nombreux podiums chez les femmes (souvent barrés par l’Allemagne). La plus grande chance de titre serait, a priori, pour Büchli sur le keirin, qui s’est imposé dans les 3 manches de Coupe du Monde qu’il a disputé (et même fait un triplé avec la vitesse individuelle et celle par équipes le mois dernier à Minsk).
Kenny De Ketele, Moreno De Pauw, Jolien D’Hoore, Lotte Kopecky
Ce quatuor Belge est peut-être ce qui se fait de mieux en matière de madison, d’un côté masculin, avec les deux principaux coureurs des 6 Jours hivernaux ces dernières saisons et d’un autre côté féminin, avec les premières coureuses sacrées dans cette discipline. Kenny De Ketele, c’est 16 victoires dans les 6 Jours, dont 7 avec Moreno De Pauw (de 6 ans son cadet). La plus médiatique de leurs victoires étant à Londres, en s’imposant face à Cavendish et Wiggins. Il leur manque encore le titre mondial ensemble (De Ketele l’ayant eu avec un autre compatriote par le passé), mais il devrait arriver prochainement. Jolien D’Hoore, c’est une excellente sprinteuse et flahute sur route (multiples titres de champions, victoires en Coupe du Monde et World Tour) et Lotte Kopecky (22 ans) est un très bon espoir du cyclisme Belge. Ensemble, la saison dernière, elles ont ouvert le palmarès du championnat d’Europe, puis du championnat du Monde féminin du madison.
Letizia Paternoster
La jeune Italienne de 18 ans est une des plus attendues au haut niveau, après des résultats hallucinants chez les juniors : après 2 titres mondiaux et 3 européens en 2016, elle est actuellement triple championne du monde et quintuple championne d’Europe ! Et sur la route, elle a terminé sur le podium des mondiaux et des championnats d’Europe l’an dernier. Chez les élites, elle a terminé sur le podium du GP Beghelli féminin et sur la piste elle a déjà gagné une manche de Coupe du Monde en madison. Si bien qu’en plus d’une place en poursuite par équipes, elle sera aussi dans le madison (aux côtés de Maria Giulia Confalonieri (qui vient de monter sur le podium du Het Nieuwsblad) et dans la course aux points. Il ne serait pas surprenant de la voire à la lutte pour des titres mondiaux dès cette année et son nom est à retenir pour les années à venir.
Jair Tjon En Fa
Ce coureur vous est probablement inconnu et pour cause, il ne dispose pas de très grande victoire au niveau international (quelques tournois de vitesse sur le continent Américain seulement). Néanmoins, il progresse année après année, ayant quelques médailles dans les championnats Panaméricains pour le Suriname. Il disputera ses 4èmes mondiaux et ne fera que la vitesse individuelle (éliminés dans les qualifications sa première année, en 1/16 la suivante et en 1/8 l’an passé). Au-delà de ses performances, deux choses frappent chez lui quand il court : le maillot très neutre avec lequel il est sur la piste (un simple logo du Suriname, un code de 3 lettres pour le pays et les drapeaux olympiques masqués par un morceau d’adhésif noir) et l’ambiance dans les tribunes, surtout aux Pays-Bas, nation dont le pays a pris l’indépendance il y a une quarantaine d’années. Ainsi, les quelques Surinamiens présents donneront lors des prochains jours tellement de leur voix en cris et en chant, que le reste des spectateurs neutres (ceux n’étant pas de la nationalité de son adversaire) se prendront nécessairement d’affection pour lui, tout le monde aimant supporter et voir gagner un « petit poucet / underdog ».
Deborah Herold
Participant à la vitesse par équipes et au 500 mètres, la coureuse Indienne ne sera pas une réelle compétitrice aux médailles. Mais c’est son histoire qui est marquante. Originaire d’une minorité ethnique, vivant sur des îles situées à plus de 1 000 kilomètres du sous-continent. Elle subit le tsunami de 2004 en devant plus d’une journée entière, seule, au sommet d’un arbre qui avait su tenir. En 2016, elle est devenu la première indienne à se qualifier pour les mondiaux de cyclisme sur piste et la première indienne à grimper jusqu’à une 4ème place mondiale (dans le classement du 500 mètres), lui donnant une certaine popularité au niveau national. Son objectif sera surtout de briller dans les deux années à venir, afin de parvenir à se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo.
Jason Kenny et Laura Trott Kenny
Le couple le plus médiatique du cyclisme sur piste (10 titres mondiaux et 10 titres olympiques cumulés) revient au plus haut niveau après une coupure ayant suivie les Jeux de Rio où ils ont apportés 5 médailles d’or à la Grande-Bretagne, remportant toutes les disciplines qu’ils disputaient. Depuis, ils se sont mariés et ont eu un enfant. Mais les revoilà ! C’est un peu ce que vendront les médias à leur approche des compétitions et à leur entrée dans le vélodrome d’Apeldoorn. Mais c’est presque plus un coup de pub qu’autre chose, car ils ne seront alignés que lors d’épreuves collectives : Jason sera dans un maillon du trio de vitesse et Laura un du quatuor de poursuite, potentiellement remplaçables en cours de compétition : le staff du Team GB n’a ainsi pas pris de risque si les deux coureurs n’ont pas encore retrouvé un niveau Olympique dans leurs jambes. Depuis leur retour, on pourrrait vanter des places de dauphin dans un tournoi et vitesse et de keirin à Manchester pour Jason (derrière le jeune Français Rayan Helal) et le titre de champion national de l’omnium pour Laura, mais il faudrait aussi préciser qu’à ces deux occasions, il n’y avait pas vraiment de concurrence et il faudra attendre un moment avant de savoir s’ils seront à nouveau capable de briller. Néanmoins, grâce à un collectif fort, il n’est pas impossible qu’ils obtiennent une médaille.