Écrit le par dans la catégorie Interviews, Les forçats de la route.

A 34 ans, Jérémy Roy entame sa 15e saison dans l’équipe de Marc Madiot, la désormais nommée Équipe cycliste Groupama-FDJ. Un coureur qui n’a pas la langue dans sa poche.

 « J’étais plus dans l’optique d’obtenir un diplôme »

 

A quand remonte ta relation avec le vélo ?

Mon père était coureur amateur et je l’accompagnais sur les courses. J’ai toujours connu un univers cycliste autour de moi et j’ai rapidement eu envie d’en faire. Puis j’ai commencé à rouler en club dès 9 ans.

De ton fait ou de celui de tes parents ?

C’est moi qui l’ai demandé. Je le réclamais depuis plusieurs années et mon père a essayé de me faire patienter le plus longtemps possible, en me disant que les clubs de vélo n’existaient pas pour les petits comme moi. Ce n’est pas plus mal et je le remercie quand même, parce qu’une carrière de cycliste ça fait long quand on commence si tôt.

Quels résultats avais-tu pendant ton apprentissage ?

En école de vélo, ça allait, j’étais dans les premiers. Après, en minime j’étais placé mais moins sur les podiums, plutôt dans des top 10, c’était principalement dû aux décalages de croissance liés à l’adolescence. Puis j’ai à nouveau explosé en junior. Je suis arrivé un peu plus à maturité et j’ai pris de la confiance ainsi que du volume. Là, j’ai franchi un vrai palier.

À quel moment tu t’es dit : “le vélo, c’est ça que je veux faire” ?

Jamais (rires) ! J’étais plus dans l’optique d’obtenir un diplôme, puis un boulot. Avec dans l’idée de continuer le vélo malgré tout, en amateur, pour voir jusqu’où ça pouvait aller. C’était dans l’optique de me faire plaisir, parce que j’avais ce goût de la compétition.

Comment se sont déroulés tes débuts à la désormais Groupama-FDJ ?

Mon passage chez les pros était assez novateur pour l’époque. A 19 ans, Yvon Madiot est venu me voir pour me proposer l’accompagnement de l’équipe FDJ via la Fondation FDJ, afin de devenir coureur professionnel tout en continuant mes études. Finalement, je n’en ai pas bénéficié beaucoup, parce que je suis passé rapidement pro, mais ça aurait très bien pu se terminer rapidement, comme pour certains coureurs qui intègrent ce cycle de formation et qui n’arrivent pas à passer à l’étage supérieur.

Sans cette proposition atypique pour l’époque, aurais-tu accepté la proposition de la FDJ ?

Non. D’autres équipes amateures et le Crédit Agricole Espoir m’avaient proposé un contrat, mais quand je leur ai annoncé que je souhaitais continuer mes études en même temps, elles m’ont répondu qu’il fallait que je fasse un choix. Du coup, j’ai refusé leurs propositions.

Tu ne serais donc pas coureur cycliste aujourd’hui si la FDJ ne t’avait pas proposé ce double cursus ?

Voilà, c’est ça. C’était la meilleure solution pour moi, même si j’aurais peut-être eu de bons résultats amateurs pendant mes études qui m’auraient fait réfléchir. Là, à 19 ans, c’était du pain bénit, d’autant que j’avais à préparer un diplôme assez long, un Master en Ingénierie Mécanique Génie Mécanique et Automatique à Rennes. qui s’étalait sur 6 ans. Pour une équipe, c’est quand même prendre des risques que d’accompagner un coureur sur du long terme comme ça.

Tes études, c’était “passion” ou “raison” ?

C’était avant tout pour m’assurer un parcours. Je n’avais pas vraiment vocation à ça, je ne me suis jamais dit que je voulais faire tel ou tel métier. Je suis un peu un touche-à-tout, je m’intéresse à beaucoup de choses tout le temps, je suis en soif de savoir et en veille technologique permanente. J’ai pris cette filière généraliste pour pouvoir toucher à tout, le cycle ingénieur c’est intéressant d’un point de vue construction de projet, de démonstration. On reprend tout de zéro, et c’est passionnant de voir d’où viennent les choses.

Comment ton profil atypique a-t-il été perçu en interne par tes autres coéquipiers ?

Il y a eu un peu les deux extrêmes. Certains comprenaient et d’autres, sans être jaloux, ne comprenaient pas la situation. Pourquoi prendre un coureur à mi-temps, surtout que je ne pouvais courir que les weekends et pendant les périodes scolaires ? Ils avaient l’impression que je leur piquais la place, même si on ne me le disait pas directement, je le comprenais à demi-mot ou par des bruits de couloir. Ça s’est bien passé, ce n’était pas la majorité des coureurs, heureusement, et je suis resté concentré sur ce que j’avais à faire. J’ai bien intégré le groupe finalement.

Tu devais également faire des stages d’études placés en pleine saison cycliste, quelles ont été les conséquences de ce planning ?

Tant que je faisais mes études, je ne pouvais pas faire le Giro, seulement la Vuelta. J’ai couru mon premier Giro l’année qui a suivi l’obtention de mon diplôme. La FDJ a respecté à chaque fois mon rythme scolaire avec les impératifs de mes partiels. Martial Gayant avait très bien compris ces contraintes. Bon, ça m’est tout de même arrivé de louper quelques jours d’école du fait de mon statut de sportif de haut niveau. J’ai eu une autorisation pour des courses du type Championnat d’Europe ou Championnat du Monde espoir.

Tu déclares souvent ne pas savoir ce que tu feras après ta carrière de cycliste, un retour aux sources de tes études n’est donc pas à prévoir ?

Je ne sais pas si ce statut d’ingénieur sera le mien après ma carrière ou pas, à vrai dire. D’autant que, depuis quelques années, j’ai réussi à faire d’autres formations sur le coaching ou bien le management, ce qui rejoint mon besoin permanent de “savoir”. C’est un vrai besoin à assouvir.

« A la fin de mes études je me suis posé la question de l’arrêt de carrière »

Jérémy Roy lors du dernier Tour d’Italie, où il figurait en tant que coéquipier pour son leader Thibaut Pinot. ( © Velobs / Nicolas Götz )

Passons à tes débuts pros. Ils ont lieu pendant les années sombres du cyclisme. Les affaires ne t’ont pas freiné dans ton envie de passer pro ?

Non, parce que quand j’ai signé, l’affaire Festina avait déjà eu lieu, et j’avais confiance car la France semblait avoir fait son nettoyage. Et le discours de Marc Madiot était très clair, ce qui m’a rassuré également. Après, bien sûr, quand on suivait l’actualité de l’époque avec tous ces coureurs étrangers ou d’équipes étrangères qui se faisaient rattraper, c’est vrai que c’était un peu déroutant et déstabilisant. On se demandait à quoi ça servait de faire des efforts pour subir tout le temps en course. D’ailleurs entre 2003 et 2005 je n’ai eu aucun résultat et je me suis accroché du mieux que je pouvais. Bon, j’avais aussi mes études en même temps qui me servaient de paravent et je pouvais un peu me cacher derrière ça.

Tu parlais de subir, du coup, tu n’as jamais eu envie de raccrocher pendant cette période ?

Si, à la fin de mes études je me suis posé la question de l’arrêt de carrière assez sérieusement. Je ne prenais plus vraiment de plaisir en course en subissant tout le temps. Mais le fait d’avoir couru le Tour 2008 m’a un peu relancé. Et surtout, l’année d’après, j’ai décroché ma première victoire sur Paris-Nice. Sans ça, j’aurais arrêté ma carrière en 2009.

Et ta famille n’a jamais craint que tu ne bascules du côté obscur ?

Non, mon entourage avait confiance en moi, et ma mère me rappelait aussi de temps en temps de ne pas faire de conneries (sic). C’est aussi une question d’éducation. Et mes proches voyaient très bien les efforts que je faisais à l’entraînement et il se rendaient bien compte que c’était un vrai métier, avec de vraies valeurs. Par contre, l’entourage plus lointain ou monsieur Tout-le-monde c’était un peu différent, il ne voyait le vélo que par le spectre des médias et donc du dopage. Et aussi, chose rassurante pour mon entourage, je ne cassais pas la baraque non plus (rires) !

Quel était ton objectif de carrière à tes débuts ?

Faire le Tour de France un jour. Quand on passe pro, si on dit à monsieur Tout le monde que l’on est coureur cycliste, tout de suite il te demande si on a fait le Tour. Si tu réponds non, il te demande : “qu’est-ce que tu fais dans la vie en dehors du vélo, c’est quoi ton métier à côté ?” (rires). Forcément, l’idée c’était aussi de gagner une course et de participer à un Championnat du monde pour représenter la France. Les objectifs ont été remplis même s’ils paraissent peu ambitieux, j’ai vite compris quel était mon niveau quand je suis passé pro. Je ne pouvais pas lutter avec les champions et, dans une période compliquée, j’ai vite perdu mon fighting spirit par rapport à la victoire. C’est un peu dommage.

Comment vit-on ce moment où l’on se rend compte qu’on a pas le même niveau des tout-meilleurs ?

C’est un petit retour à la réalité, il faut se faire une raison. Si tu interroges tous les pros, chacun te répondra qu’il a, au fond de lui, l’envie de briller sur le devant de la scène. Après, ce qui est important, c’est de se sentir utile au sein de l’équipe. J’ai eu la chance de pouvoir rouler pour Sandy Casar avec qui je m’entendais très bien et qui pouvait sortir de très beaux numéros. Je me raccrochais à des faits d’équipier, c’est grâce à ça que l’on peut exister dans le vélo, en travaillant pour de bons leaders.

Tu as également vécu la transition vers un cyclisme plus sain. Comment as-tu perçu cette évolution ?

L’évolution a été progressive avec les tricheurs qui se faisaient rattraper, la mise en place de la géolocalisation, la recherche antidopage. Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain mais petit à petit, ça s’est assaini, tandis que les coureurs et les équipes ont de plus en plus joué le jeu. Il y a eu également la politique du no needle mise en place par l’UCI, malheureusement peu contrôlée, ce qui est un peu dommage. Ce sont des avancées progressives qui font qu’aujourd’hui c’est beaucoup plus simple pour les jeunes d’avoir des résultats tout de suite. C’est bien plus rassurant.

La mise en place du logiciel ADAMS, les contrôles inopinés, tu t’y es rapidement fait ?

Oui. Tout ce qui pouvait permettre de lutter plus efficacement contre le dopage était une bonne chose. Même si, bien sûr, c’était et c’est toujours contraignant, si ça peut permettre de mieux lutter contre la triche, tant mieux. D’ailleurs, j’étais un peu précurseur au niveau de la recherche, puisque j’avais intégré le programme Athlete for transparency de Pierre Sallet, qui correspondait aux prémices du passeport biologique. Vous receviez un mail et vous aviez 48 heures pour réaliser un bilan sanguin. Donc j’étais rodé aux tests inopinés.

L’ombre d’Armstrong plane sur cette période, comment as-tu vécu son hégémonie et sa déchéance ?

Lance Armstrong, je n’ai pas beaucoup couru avec lui au final. Après, on espère toujours, mais malheureusement le milieu cycliste fait qu’il y a de la suspicion en permanence. Plus on a vu d’athlètes se faire attraper, plus on s’est dit “pourquoi pas lui ?” au final. Il a beau avoir été novateur pour beaucoup de choses comme la recherche ou le développement du matériel je ne cautionne pas du tout son comportement, ni celui de son équipe. Ils se sont bien foutus de nous (sic).

« La naïveté nous protège » 

Fidèle à la FDJ depuis ses débuts en tant que stagiaire en Août 2003, Jérémy Roy fait désormais figure de « capitaine de route » dans l’équipe de Marc Madiot. ( © Velobs / Nicolas Götz )


Tu ne t’étais jamais méfié ?

Ça peut paraître naïf, mais quand on est sur le vélo, on a l’impression de jouer à armes égales. Si on court et qu’on prend le départ en se disant les autres sont plus forts à cause de ça, ça ne sert à rien de prendre le départ. C’est encore pire, on ne peut pas espérer faire une bonne place dans ces conditions mentales. La naïveté nous protège.

On arrive en 2009, année qui ouvre le chapitre de tes meilleurs résultats individuels. Ton statut a-t-il évolué dans l’équipe ?

J’arrivais à maturité physiquement, déjà. 26 ans dans le cyclisme c’est le bon âge. Je n’ai jamais été hyper constant dans mes saisons, j’ai toujours eu des périodes de fatigue donc mon statut n’a pas beaucoup changé dans l’équipe, malgré quelques coups d’éclat comme à Paris-Nice.

Comment s’est déroulée cette première victoire ?

Alors que la veille je finissais fatigué et dernier de l’étape, le lendemain je suis allé chercher la victoire, dans une échappée au long cours. C’était un peu invraisemblable (rires). Tony Martin et Thomas Voeckler se sont marqués ce qui m’a laissé plus de liberté. Cette victoire, je m’en rappelle très bien, c’était magique. Des fois, faut pas chercher à comprendre, il ne faut jamais désespérer, il faut juste lever ses fesses.

En 2010, tu remportes une course chère aux coureurs francophones, le Tro Bro Leon, es-tu fier de l’avoir remporté ?

C’est une course particulière, c’est sûr. J’ai fait du cyclo-cross étant junior et ça s’en rapproche un peu. C’est une course différente, plus populaire que les autres. Les belles bosses, les ribinous, ça change de la course classique, c’est un peu comme les Strade Bianche, ce sont des courses à part. Des courses valorisantes à remporter.

Cela aurait pu te donner des idées pour Paris-Roubaix. Tu n’as jamais été tenté d’y participer plus souvent ?

Paris-Roubaix, je l’ai fait une fois lors de ma première année pro. Et je n’ai pas aimé du tout (rires). Je l’ai terminé, mais c’était très dur, je ne sentais plus du tout mes d’articulations dans les mains, c’était assez déstabilisant. Depuis, les vélos ont beaucoup progressé et la dernière fois que je suis allé sur des pavés, lors du Tour de France, ça n’avait plus rien à voir. A tel point que j’ai presque pris un peu de plaisir à rouler dessus (rires).

As-tu une course qui te fait plus vibrer parmi les plus grandes ?

J’ai eu de bons résultats sur la Flèche Wallonne où j’ai fait un top 20. Et plus récemment, Thibaut (Pinot) m’a fait aimer le Tour de Lombardie. C’est une belle course, terriblement dure.

La période 2011 – 2012 est celle où tu as obtenu tes meilleurs résultats individuels. Quelle année trouve le plus grâce à tes yeux ?

Je vais privilégier 2011, forcément, avec le Tour de France. C’était une année folle pour moi. J’ai été papa 10 jours avant le Tour de France, et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai eu un coup d’euphorie, d’insouciance sur ce Tour, qui m’a fait prendre des risques que je ne prenais pas auparavant, en attaquant sans cesse. Je n’en garde que de bons souvenirs. D’un point de vue médiatique, c’est le Tour de France où j’ai été le plus en vue et j’en bénéficie encore aujourd’hui, alors que je n’ai jamais remporté d’étape. Le podium du plus combatif, ça restera l’un de mes plus importants faits d’armes dans ma carrière.

A l’époque tu as vite été catalogué comme l’ingénieur cycliste par tous les médias. Ce n’était pas pénible, à la longue ?

Si, si, bien sûr ! Ce n’était pas forcément utile de marquer sur chaque légende de photos : “ingénieur cycliste”. Au bout d’un moment, je devais préciser que j’étais cycliste à part entière et qu’il fallait faire la part des choses entre mes études et mon activité professionnelle.

L’un des événements qui nous vient en tête c’est aussi ta 3ème place sur l’étape Pau – Lourdes…

Moi aussi, je m’en souviens, (rires) ! C’est fou, le destin. La veille, j’étais déjà échappé avec Geraint Thomas en montagne et j’avais passé en tête le Tourmalet puis on s’est fait rattraper dans Luz Ardiden. Il y avait donc très peu de chances que je tente une échappée le lendemain et le plan, c’était plutôt de rester bien au chaud dans le peloton et me refaire la cerise … Mais voilà, ça bagarrait, ça bagarrait et au bout d’une heure vingt il n’y avait toujours pas d’échappée. Et de mon côté, je commençais à aller mieux, les pattes étaient enfin chaudes. J’ai levé les fesses, une fois, deux fois, trois fois et là ça a été la bonne.

Comment expliques-tu cet échec au final ?

Jusqu’à la fin, c’était de la pure adrénaline. J’étais à fond, poussé par le public, les poursuivants qui ne rentraient pas, je distançais des gars comme Moncoutié… Je me suis demandé ce qui se passait, et j’ai commencé à rêver à la victoire en solitaire. Malheureusement, ça m’a fait perdre totalement quelques notions de bases. Je me suis mal alimenté, pendant 1h30, je n’ai rien mangé, et j’ai fini complètement ratatiné. C’est sans doute ça qui m’a coûté la victoire et ce sont des petits détails que l’on analyse à posteriori. Mais ça reste une grande journée pour moi.

Quel souvenir gardes-tu de cette étape un peu folle ?

Bizarrement je l’ai vite digérée. Une échappée solitaire comme ça, en montagne, c’était nouveau pour moi et j’ai pu connaître ça au moins une fois dans ma carrière. J’étais heureux de pouvoir porter le maillot à pois et ça reste un bon souvenir même si la victoire m’échappe. Ça peut sembler paradoxal. Quand des gens te disent “merci”, te disent qu’ils ont pleuré devant la télé, on se prend tout ça de plein fouet. Nous, on ne s’en rend pas compte, on est dans notre truc et ça n’est que du vélo. On n’imagine pas l’ampleur que peut prendre le Tour de France.

« On voit le temps qui passe et qui sait bien nous le rappeler » 

Jérémy Roy époque Tour de France 2011, version dessin.

 

Ensuite vient la période “Thibaut Pinot”. As-tu craint de ne pas faire partie de l’aventure ?

Non pas tellement, j’avais confiance en mes capacités. L’avènement de Thibaut a marqué un tournant pour moi, c’est à partir de ce moment-là que je n’ai plus trop joué les baroudeurs. C’était un nouveau rôle d’équipier, une nouvelle et belle aventure. Il faut être rationnel aussi, voir son propre niveau par rapport à celui du reste de l’équipe et s’il y a plus fort que soi, ça fait partie du jeu, il faut s’adapter.

Tu n’as pas été frustré de mettre ainsi en sourdine ta propre carrière personnelle ?

Ça s’est fait naturellement. D’ailleurs, pour en revenir au Tour 2011 nous n’avions pas de leader au général et j’avais carte blanche. J’ai tout le temps été limité, toutes mes victoires, je les ai faites en solitaire et j’ai toujours manqué d’une pointe de vitesse. Je savais que je ne gagnerais jamais de grandes courses, tandis que Thibaut lui peut jouer sur le devant de la scène, au plus haut niveau. L’accompagner, c’est aussi une perspective très intéressante de pouvoir gagner par procuration.

Tu as su, dans ta carrière, réagir à l’actualité, on pense notamment à ta lettre ouverte suite à l’affaire Armstrong. Comment tes prises de positions ont-elles été perçues dans le peloton ?

Le plus souvent, c’était des félicitations ou des bravos. Je me rends compte que beaucoup de coureurs n’osent pas forcément parler et dire ce qu’ils pensent sur certains sujets. De mon côté, j’y suis allé sans avoir peur de perdre quoique ce soit. Ça m’a permis aussi de rencontrer les ministres pour parler du vélo ça m’a mis un petit peu plus à l’avant. Mais j’aimerais aussi que les coureurs aient un peu moins peur d’y aller même si je conçois que ce n’est pas forcément simple.

Fatalement, la fin de carrière approche, sauf à ce que tu veuilles prolonger le plaisir façon Rebellin ?

Non, ça ne m’intéresse pas (rires). Je vois les années qui passent et quand je croise de la famille ou des amis, les questions sur ma reconversion arrivent de plus en plus souvent. C’est marrant, parce que les saisons n’ont pas encore commencé que l’on me parle déjà de quand je vais arrêter. Je ne suis pas le seul dans ce cas d’ailleurs, Sylvain Chavanel m’a confié qu’il rencontrait le même phénomène. Mais oui, on voit le temps qui passe et qui sait bien nous le rappeler. Et en effet il faut commencer à penser à se projeter vers autre chose.

Tu as une idée de ta future reconversion ?

Je vois bien mon évolution, en termes de performance et en termes de prise de risque dans le peloton aussi. Je me prépare tranquillement. J’ai encore une année à faire, il ne faut pas non plus se prendre trop la tête avec ça, au risque de rater sa dernière année sur le vélo. Y penser, c’est bien, mais tout mettre en œuvre pour être prêt le jour J, ce n’est pas forcément la meilleure solution pour profiter pleinement de ses dernières années.

As-tu une anecdote marrante à nous raconter ?

(Il réfléchit), non je n’ai rien qui me vient là, désolé (rires) !

Pourtant, Arnaud Tsamere nous confiait récemment que Jeremy Roy, il était “bonnard », tu comprends notre déception ! Il évoquait également un duo avec toi, alors, à quand la scène ?

(Rires) ça n’a rien à voir avec raconter une anecdote marrante ! Non, à chacun sa place, je n’ai pas son talent pour aller sur scène comme lui !

Dernière question : as-tu une anecdote sur un Gruppetto auquel tu aurais participé ?

J’en ai participé à quelques-uns quand même (rires). Ce que j’aime, c’est avoir le temps d’admirer les déguisements des spectateurs au bord de la route, de ceux qui sont là pour faire la fête. Là, tu rigoles bien quand tu vois certains accoutrements et certains comportements !

 

Propos recueillis par Bertrand Guyot (@bguyot1982) pour Le Gruppetto

Crédit photo : Nicolas Götz pour Velobs / Bertrand Guyot ( dessin )

 

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Modérateur: Animateurs cyclisme pro

Re: L'interview au long cours avec... Jérémy Roy

Messagepar Liam » 24 Fév 2018, 01:00

Super Mania comme d'hab :ok:

J'aurais bien aimé qu'il nous parle de son régime sans gluten, les conséquences sur ses perfs, son bien être etc.

C'est un truc encore un peu flou et j'aimerais bien un jour qu'un grand sportif s'exprime dessus.

Idée pour la prochaine du coup ;)
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Re: L'interview au long cours avec... Jérémy Roy

Messagepar Emenee » 24 Fév 2018, 15:05

Superbe interview, je me remémore encore cette étape du Tour 2011, que d'émotions !
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Re: L'interview au long cours avec... Jérémy Roy

Messagepar Mania » 24 Fév 2018, 19:42

Liam a écrit:Super Mania comme d'hab :ok:

J'aurais bien aimé qu'il nous parle de son régime sans gluten, les conséquences sur ses perfs, son bien être etc.

C'est un truc encore un peu flou et j'aimerais bien un jour qu'un grand sportif s'exprime dessus.

Idée pour la prochaine du coup ;)


Merci Liam, je note ta question elle est très bonne et pourtant ne m'est jamais venue à l'esprit :ok:
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