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Onze équipes sont déjà passées par la douloureuse épreuve du bilan d’après Tour, les onze dernières du classement général par équipes. Maintenant laissons place aux meilleures formations qui ont trusté le haut de ce classement à l’issue des trois semaines de course.

UAE Team Emirates : 11e du classement par équipes – Satisfaisant
Le leader désigné au départ, Louis Meintjes, a tenu son rang pour obtenir la huitième place, comme l’an passé. Le grimpeur sud africain a réalisé un bon Tour de France, notamment une belle troisième semaine durant laquelle il s’est dangereusement rapproché du maillot blanc de Simon Yates. On regrettera simplement son absence de réelles attaques, en dehors de quelques accélérations lorsque Yates était en difficulté. Outre son leader, on a souvent aperçu les baroudeurs de l’équipe en tête de course, surtout en troisième semaine. Malheureusement il leur a manqué un peu de réussite. Au Puy-en-Velay Diego Ulissi règle le sprint … pour la deuxième place après avoir laissé filer Mollema en descente. Deux jours plus tard, Darwin Atapuma n’a rien pu faire face à Roglic dans le Galibier, avant d’être rejoint par les favoris au début de la descente. Le lendemain le colombien était bien le plus fort de l’échappée vers l’Izoard, mais il a de nouveau été impuissant face au retour de Warren Barguil peu avant la flamme rouge. Il manque cette victoire d’étape pour que rendre ces trois semaines parfaites.

Astana Pro Team : 10e du classement par équipes – Décevant

Le Tour avait très bien commencé pour l’équipe Astana, avec la victoire d’Aru dès la première arrivée au sommet, et Fuglsang toujours en embuscade pour le général. Avec deux dangers pour l’équipe Sky, les Kazakhs avaient toutes les cartes en main pour enflammer le Tour de France. Le champion d’Italie s’empare même du jaune à Peyragudes, que demander de plus ? Malheureusement Fuglsang s’est pris une belle gamelle la veille. Blessé le danois sort de la lutte pour le classement général, et devra même renoncer dans l’étape de Foix. L’autre bon grimpeur de l’équipe, Dario Cataldo, ne passe pas non plus les Pyrénées. Privé d’équipiers solides en montagne, Aru arrive lui aussi à bout de souffle. Il perd le jaune à Rodez, puis se montre bien moins fringant dans les Alpes que dans les massifs précédents. Dépassé par Bardet, Uran et Landa, il doit se contenter de la cinquième place finale. En soit cela pourrait être une bonne performance, mais on ne peut s’empêcher d’être déçu suite aux promesses entrevues dans la première partie du Tour.

Lotto Soudal : 9e du classement par équipes – Décevant

Comment une équipe sans réel grimpeur peut-elle être aussi bien classée dans ce classement ? La réponse est simple : grâce au temps pris dans les échappées qui sont allées au bout. Tony Gallopin et Thomas De Gendt notamment se sont souvent montrés à l’avant, mais sans être récompensés. Le premier ne termine que vingt-et-unième du classement général, tandis que le second termine sixième du classement par points (preuve qu’il en a amassé beaucoup au cours de ses échappées) et troisième du classement de la montagne. Le prix de la super combativité aurait pu lui revenir, d’autant que le Belge a aussi abattu beaucoup de travail pour son sprinteur dans la plaine. André Greipel est justement à classer parmi les déceptions de ce Tour de France. A l’image d’un Alexander Kristoff il a réalisé quelques beaux sprints, mais il était impuissant face à Marcel Kittel. En l’absence de son compatriote il aurait pu se rattraper sur les Champs Elysées. Ce dernier sprint était plutôt rassurant, mais il est parti de trop loin pour pouvoir inquiéter Dylan Groenewegen. Le Gorille met ainsi fin à une série impressionnante, puisqu’il avait remporté au moins une étape sur tous les Grands Tours auxquels il a participé depuis le Giro 2008. Enfin n’oublions pas Tiesj Benoot. Le flamand, spécialiste des classiques pavées, et très bon puncheur s’affirme petit à petit comme un honnête grimpeur, comme en atteste sa vingtième place au classement général final. Le dernier chrono a montré qu’il n’était pas non plus mauvais dans ce domaine puisqu’il y a pris la vingt-troisième place devant certains candidats au général (Yates, Meintjes, Quintana, Martin, Bardet), et tout cela pour son premier Grand Tour à seulement vingt-trois ans !

Team Fortuneo – Oscaro : 8e du classement par équipes – Satisfaisant

La meilleure formation invitée de ce classement et de loin ! Les hommes d’Emmanuel Hubert ont été présents sur tous les terrains. Daniel McLay a fait de beaux sprints, notamment à Pau où il prend une belle cinquième place. Malheureusement le sprinteur Britannique a toujours autant de mal en montagne et il n’a pu finir ce Tour. Dans les échappées la Fortuneo n’a pas non plus été en reste. Brice Feillu, le longiligne, le vainqueur d’Arcalis a d’ailleurs profité de ces échappées en montagne pour achever ce Tour de France à la seizième place, comme en 2014. D’autres coureurs se sont illustrés dans les échappées, Romain Hardy, Maxime Bouet ou encore l’inépuisable Pierre-Luc Périchon. Elie Gesbert, le benjamin du peloton s’est aussi montré à plusieurs reprises à l’avant de la course. Comme pour beaucoup de petites équipes, il ne manque finalement qu’un succès d’étape pour que le Tour soit parfait.

Cannondale Drapac Professional Cycling Team : 7e du classement par équipes – Très satisfaisant

La Cannondale a vécu quelques années difficiles mais cela semble de l’histoire ancienne, du moins sur les Grands Tours. Dès les premiers jours nous avons vu les maillots verts se changer en pois, grâce à Taylor Phinney puis Nathan Brown. Puis ce fut l’heure de s’attaquer à la Planche des Belles Filles où Rigoberto Uran a pris la septième place, s’affirmant comme un candidat sérieux au classement général. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas vu le colombien à pareille fête, au milieu des meilleurs. Les jours passaient, voyant l’élimination successive de nombreux favoris, mais Uran restait bien ancré sur son vélo, apparemment facile dans le Mont du Chat pour aller s’imposer un peu plus loin à Chambéry. Par la suite il est resté un sérieux prétendant à la gagne, capable d’accompagner chaque attaque de ses adversaires. Malheureusement il se contentait justement de les suivre sans réellement les provoquer. C’est dommage parce qu’il semblait capable de devancer Froome, notamment suite à l’étape de Peyragudes. On regrettera aussi que ses lieutenants en montagne Andrew Talansky et Pierre Rolland aient été en méforme. On notera les belles performances du jeune puncheur Alberto Bettiol à Longwy notamment, prometteur pour la suite.

Movistar Team : 6e du classement par équipes – Le flop du Tour

Le Tour de France commençait bien mal pour la formation espagnole avec l’abandon d’Alejandro Valverde après seulement quelques kilomètres dans le chrono inaugural. Le Murcian aurait sûrement pu empêcher le naufrage de son équipe dans la suite du Tour. Le doublé Giro-Tour était visiblement trop osé pour Quintana qui a très rapidement été hors du coup. Pire, alors que Contador s’était refait un semblant de santé en troisième semaine, le colombien continuait de descendre au classement pour finir douzième du classement général. C’est clairement un résultat indigne d’un coureur vainqueur de deux grands tours et présent sur trois podiums du Tour. Quintana n’est pas passé loin de sauver son Tour avec une victoire à Foix, mais il est tombé sur un os du nom de Warren Barguil. Le reste de l’équipe n’a pas aidé à relever le niveau. Amador (sortant lui aussi du Giro) a été inexistant en montagne, Jonathan Castroviejo pourtant champion d’Espagne du chrono n’a pas été à la hauteur dans les première et vingtième étapes. Il y a tout de même eu deux toutes petites satisfactions sur ce Tour de France : les échappées de Daniele Bennati dans la plaine qui auraient pu apporter un succès d’étape, ainsi que le bon niveau retrouvé par Carlos Betancur.

Orica – Scott : 5e du classement par équipe – Neutre

Après la quatrième place et le maillot blanc d’Adam Yates, il semblait difficile de rééditer la même performance pour ses successeurs à la tête de l’équipe. Esteban Cháves rapidement hors du coup pour le classement général, c’est donc sur les épaules de Simon Yates, frère jumeau d’Adam, qu’est revenu le leadership de la Orica. Sans être aérien le jeune Britannique a réalisé un bon Tour de France et s’est montré régulier pour aller chercher la septième place du classement général final. Son Tour de France a notamment été marqué par son duel avec Louis Meintjes pour le classement des jeunes qu’il a finalement remporté un an après son frère. Il manque tout de même une victoire d’étape pour embellir le bilan de la formation Australienne, Keukeleire et Albasini aurait pu y remédier à Salon-de-Provence où ils étaient dans la bonne échappée.

BMC Racing Team : 4e du classement par équipes – Très décevant

Le Tour de France de la BMC aurait pu prendre une tournure macabre suite à la terrible chute de son leader Richie Porte dans la descente du Mont du Chat. L’Australien s’en sort finalement avec des fractures au bassin et à la clavicule. Greg Van Avermaet l’autre leader de l’équipe n’est pas non plus parvenu à lever les bras. Il doit se contenter d’une quatrième place à Longwy, et d’une deuxième à Rodez, sur les deux arrivées lui convenant le plus. Après l’abandon de Porte, c’est Damiano Caruso qui a assumé le leadership de l’équipe en montagne. Il a intégré le top 10 à la faveur de son échappée vers le Puy-en-Velay pour finalement terminer à la onzième place du classement général final. L’italien était tout de même bien en dessous des meilleurs, en attestent les cinq minutes qui le séparent de la dixième place de Warren Barguil. Mais ce Tour de France fut aussi l’occasion pour le grand public de découvrir le jeune rouleur Stefan Küng. Le suisse est passé tout près du maillot jaune en prenant la deuxième place du contre-la-montre inaugural à cinq petites secondes de Geraint Thomas. Küng a également pris la neuvième place du chrono de Marseille, il prend rendez vous avec l’avenir. Peut-être avons-nous là le successeur de Fabian Cancellara ?

Trek – Segafredo : 3e du classement par équipes – Décevant

Contador n’a fini qu’à la neuvième place du classement général, bien loin de ses ambitions. Mais s’il était physiquement en dessous de ses adversaires, le Pistolero a eu le mérite d’attaquer à de nombreuses reprises, et pas uniquement dans les dernières ascensions. Le Port de Balès, l’étape de Foix, et la Croix de Fer sont autant d’endroits où l’espagnol a pu faire parler son panache. Mollema a de son côté vécu un début de Tour difficile le mettant complètement hors du coup pour le général. Le septième du dernier Giro s’est finalement refait une santé pour remporter une belle étape au Puy-en-Velay puis en servant de relai à Contador dans le Télégraphe. Enfin John Degenkolb a scellé son retour parmi les meilleurs sprinteurs, et ce malgré la chute de Cavendish dans laquelle il a été impliqué à Vittel. Le sprinteur allemand a pris la deuxième place à Bergerac derrière l’imbattable Marcel Kittel.

AG2R La Mondiale : 2e du classement par équipes – Satisfaisant

Deuxième podium consécutif sur le Tour pour l’équipe AG2R, c’est même le troisième en quatre ans. Romain Bardet a confirmé sa belle seconde place de l’an dernier, en remportant une nouvelle étape en haut de l’altiport de Peyragudes. Romain Bardet a été l’un des plus constants sur les étapes de montagne, arrivées en altitude comme en descente. Le natif de Brioude a failli perdre gros dans les bordures vers Romans-sur-Isère, heureusement il a pu compter sur Oliver Naesen pour le maintenir parmi les meilleurs. Finalement la plus grande faiblesse de Bardet reste le contre la montre, il n’a pris que la 52e place à 2’03 lors du chrono de Marseille où il n’a sauvé son podium que pour une petite seconde. La formation Savoyarde s’est également montrée très efficace sur le plan collectif. Elle était probablement la plus forte derrière la Sky, comme le prouve le classement par équipes. Les neufs coureurs sont arrivés à Paris, tous dans les soixante-dix premiers, dont cinq dans le top 30 ! Alexis Vuillermoz a terminé à une belle treizième place, tandis que Latour tournait dans les mêmes eaux lorsqu’il est tombé malade et a ensuite rétrogradé. Mais alors, pourquoi jugée la prestation de l’équipe comme seulement « satisfaisante » ? Il est vrai que c’est peut-être un peu sévère, mais nous pensons que Bardet avait la gagne dans les jambes, et qu’il aurait pu mettre fin à trente-deux ans de disette. En profitant de la mauvaise trajectoire de Froome au pied de Peyresourde il aurait pu le mettre en difficulté. Peut-être que s’il avait attaqué dans la montée il aurait compris plus tôt que le Britannique était dans un mauvais jour et il aurait pu le repousser bien plus loin. Même l’accélération collective au pied de Peyra Taillade a un petit gout d’inachevé : peut-être qu’il aurait pu empêcher le retour de Froome en prenant les choses en main au lieu de laisser ses coéquipiers imposer le tempo.

Team Sky : Vainqueur du classement par équipes – Excellent

Maillot jaune pour Froome, quatrième place finale pour Landa, classement par équipe, victoire d’étape avec Thomas, tête du classement général sur dix-neuf des vingt-et-une étapes … Que dire de plus ? La Team Sky a de nouveau marqué de son empreinte le Tour de France 2017. Dès le contre la montre inaugural le ton était donné avec quatre Sky dans les huit premiers. Christopher Froome a enlevé son quatrième Tour de France, mais sans remporter d’étape. Le kényan blanc a été moins impérial que les années précédentes, mais il a pu compter sur le soutien d’une équipe solide. Il doit en bonne partie sa victoire au train imposé par ses coéquipiers dans la montée de Peyresourde alors qu’il connaissait de son propre aveu une mauvaise journée. Ses hommes ont également été présents pour sauver la mise dans l’ascension de Peyra Taillade après son incident mécanique. Chaque coureur de l’équipe a joué son rôle à la perfection, que ce soit Knees et Rowe dans la plaine ou encore Kiryienka et Nieve (quatorzième du général) en montagne. Sans oublier Michal Kwiatkowski qui a beaucoup travaillé, même dans des cols sensés ne pas lui convenir, tout en réalisant de très bons contre la montre (deuxième à Marseille pour une petite seconde). Enfin Landa a été un lieutenant plus qu’excellent, même si certains ont douté à un moment donné de sa fidélité envers Chris Froome. Si ce doute est apparu, c’est parce qu’il semblait capable de l’emporter, mais il s’est finalement mis au service de Froome jusqu’à Paris. Thomas n’aura malheureusement pas été là très longtemps, mais il aura tout de même pu remporter une étape et porté le maillot jaune. Finalement la seule déception de cette équipe Sky s’appelle Sergio Henao. Le vainqueur de Paris-Nice et champion de Colombie était loin du niveau attendu, et il ne semble pas avoir été d’une grande aide à ses coéquipiers.

 

Par Florian Dame.

 

Crédit Photo : Clémence Ducrot & Flore Buquet
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