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L’ouverture de la période des transferts

Ca y est, on l’a dépassé. Quoi ? Le premier août. Cette date est symbolique dans le milieu du cyclisme. Elle marque le début du marché des transferts, mettant fin à ces incessantes rumeurs que l’on peut entendre pendant 3 semaines, lors du Tour du France. Ira, ira pas ? Désormais, tout va être officiel …

Et afin d’introduire ce marché, projetons nous sur ce qui pourrait arriver pendant ces quelques mois d’échanges de coureurs.
Commençons d’abord par l’avenir des formations au sein du peloton. On a récemment appris il y a quelques jours la fin de l’équipe Euskaltel. Un mythe du peloton s’en va … et 29 coureurs se trouvent sans contrat. Une petite quinzaine devrait facilement retrouver une équipe, mais les autres ? Si des Sanchez, Anton, Lobato, Landa, ou encore les frères Izaguirre ne devraient avoir aucun soucis à renégocier un bon contrat ailleurs, quitte à partir hors d’Espagne, tous les jeunes de l’effectif ou les porteurs d’eau auront bien des difficultés à se recaser. Et ce d’autant plus dans le contexte difficile du cyclisme espagnol, qui ne comptera dans ses rangs que 2 formations professionnelles l’an prochain ! (ndlr : Movistar et Caja Rural).
L’autre formation en grande difficulté, c’est Vacansoleil. Il y a bien eu des rumeurs disant que Bianchi reprendrait l’équipe. Mais jusqu’à aujourd’hui, rien de concret. Pire, aucune nouvelle. Aucune annonce … alors, Vacansoleil va-t-elle aussi disparaître ? C’est une possibilité qu’il ne faut pas écarter.
Et comme la logique le veut, cette disparation potentielle de deux équipes pourrait offrir une place en World Tour. Une seule en effet, car rappelons que cette année il y a 19 formations, suite à un soucis juridique avec Katusha. Il reste donc une place à pourvoir. Qui voudra en profiter ? On pense bien sûr à Europcar. Le sponsor a prolongé avec la formation française, et on sait son intérêt à s’exporter à l’international. Avec une rallonge de budget suffisante, et quelques têtes d’affiches récupérées, Europcar pourrait bien être la 18ème formation World Tour.

Le Tour 2013, une des dernières apparitions d'Euskaltel - Transferts 2014

Le Tour 2013, une des dernières apparitions d’Euskaltel

Derrière, ça semble plus compliqué de trouver un autre prétendant. Caja Rural pourrait continuer son pas en avant et profiter de la disparition d’Euskaltel pour étoffer son effectif. Mais si ce n’est pas le cas, la place n’est pas pour eux. On sait aussi que NetApp participe régulièrement à des courses World Tour. Mais il leur faudrait recruter sérieusement aussi. Sur un plan purement sportif, IAM est une des meilleurs formations. Si un grand leader rejoignait l’équipe, cela lui donnerait du crédit. Crédit que Cofidis pourrait obtenir s’il continue leur vague d’hispanisation. Il faudra attendre quelques semaines encore pour voir plus clair pour l’attribution de cette 18ème place World Tour. A moins qu’une nouvelle équipe débarque …
Si Vacansoleil arrive à trouver un sponsor assurant l’avenir de la formation à haut niveau, alors il n’y aura sans doute pas match. En revanche, si l’équipe s’éteint, la partie sera ouverte. Toute la clé résidera peut être dans le lieu d’arrivée des coureurs Euskaltel.

Photo Arashiro champion nationnal sur route du Japon

Europcar se développera-t-elle internationalement pour rejoindre le World Tour ?

Après avoir parlé de disparition, parlons désormais de futur. Les doutes planaient sur Radioshack, mais la formation américaine a assuré son avenir. C’est l’équipementier cycliste Trek qui reprendra le flambeau d’une formation qui ne devrait subir que peu de changements. Dans la même situation, les bonnes nouvelles semblent arriver du côté de Crelan, qui devrait annoncer d’ici peu un nouveau partenaire qui relancerait la formation.
En revanche, quelques changements sont à prévoir chez Movistar ou Cannondale. Ils peuvent paraître insignifiant, mais … cyclingnews nous apprend aujourd’hui que les deux formations pourraient changer de nationalité de licence. Or ce changement s’accompagnant d’un besoin de renouvellement de tous les contrats, des opportunistes pourraient choisir de quitter ces formations pour aller ailleurs …

Enfin intéressons nous au possible mouvement d’ensemble dans le peloton.
La première et grosse interrogation concerne Sky. Implosera ou implosera pas ? Avec 5 leaders sur les tours (ndlr : Froome, Wiggins, Porte, Uran, Henao), l’équipe a un problème de riche. Comment gérer ces différentes têtes ? Si l’an passé avec Wiggins et Froome ça s’était bien passé, le second ayant la promesse d’être leader cette année, on voit mal Sky dire à Porte qu’il sera leader l’an prochain. L’australien ira-t-il voir ailleurs ? Quant aux colombiens, Uran a déjà la réponse : oui, il partira. Chez Omega-Pharma.

Omega-Pharma qui déjà se place sous deux ambitions : la première nous est apparue hier : c’est le renforcement du train Cavendish, avec la signature pour la fin de saison d’Alessandro Petacchi ! Petacchi qui permettra à Cavendish d’attendre l’an prochain … avec le transfert important de Mark Renshaw qui reprend du service en tant que poisson pilote ! Ce duo imbattable chez HTC il y a quelques années va reprendre du service, pour mieux contrer Kittel. Ca nous promet de beaux sprints lors du prochain Tour ! La deuxième ambition d’Omega Pharma, c’est de jouer aux avants postes sur les grands tours, en ayant recruté Uran. On imagine mal Uran partir pour simplement jouer le leader sur les ardennaises. Il lui faudra donc une équipe taillée pour les grands tours autour de lui. Si certes il y a Kwiatkowski, Velits, ou Martin, ça manque de profondeur. Il va donc falloir recruter si on veut assumer ses ambitions.

L’autre équipe qui sera certainement grandement en vue durant ce mercato, c’est Astana. Si Nibali a assez facilement remporté le Giro, ça n’est pas grâce à son équipe, loin de là. Seul Kangert était capable de suivre, alors qu’Aru manquait un peu de régularité, mais a laissé de belles promesses. lors du Tour, on a guère vu mieux, avec le seul Fuglsang aux avants postes. Rajoutez y Brajkovic, qui ne sera certainement pas un lieutenant, et vous avez fait le tour des principaux équipiers de Nibali. Ca sonne un peu faible comparé aux armadas Sky ou Saxo Bank, et c’est pourquoi Astana va sans doute investir massivement pendant ces transferts. Les premières arrivées ont d’ors et déjà été annoncées, avec l’arrivée de Pelizzotti et Westra.

Photo Astana période des transferts

Astana, l’équipe à suivre lors cette intersaison ?

Enfin arrêtons nous sur Saxo Bank. Bjarn Riis vient de perdre le soutien d’Oleg Tinkoff, qui a décidé de partir monter sa nouvelle formation. Il y a donc deux incertitudes : quel budget aura Riis et la Saxo ? quelle équipe sera capable de monter Tinkoff ? Dans le premier cas, l’importance du futur cosponsor sera déterminante. Il ne va pas sans dire que Saxo – Tinkoff possède un gros effectif, coûteux à entretenir. Si la rallonge budgétaire n’est pas trouvé, il y a fort à parier que quelques bons coureurs seront laissés libres. A l’inverse, il ne pourrait y avoir aucun changement majeur. Quant à Tinkoff, on sait qu’il est l’un des hommes les plus aisés de la planète. Sa formation pourrait donc débarquer en grande pompe dans le peloton. Reste à savoir quel sera son objectif. Partir de rien ? S’appuyer sur une équipe existante ? (Vacansoleil, Rusvelo, …) Et quel budget apportera-t-il à ce projet ?
Autant de questions dont la réponse nous sera apportée dans les jours à venir …

Le fait de la quinzaine : Lelangue licencié après un Tour muet

Le Tour de France 2013 de l’équipe BMC fut un fiasco (cf. 1/20 à notre Bilan du Tour). Au lendemain de la fin de cette 100ème édition, John Lelangue, directeur sportif, quitte ses fonctions pour des « raisons personnelles » après 6 ans de bons et loyaux services.

Vainqueur du Tour en 2011 avec Cadel Evans, John Lelangue a, cette fois, failli.

La mauvaise saison en cours et surtout le mauvais bilan du tour de France 2013, laisse penser qu’il aurait pu être poussé vers la sortie. Il ne fait pas de doute que cette démission fut le seul moyen pour John Lelangue d’éviter une éviction humiliante. Comment l’équipe BMC a-t-elle pu en arriver là, elle, qui détient 4 des 5 derniers champions du monde ?

La volonté de John Lelangue de croire aux chances de victoire finale de Cadel Evans fut une erreur. Premièrement, car ce dernier a fait 36 ans en début d’année et deuxièmement car sa saison ne fut pas accès seulement sur le Tour. Il était, en effet, sur les routes du Giro au mois de Mai. Giro duquel il termine à une bonne 3è place. Ainsi, ses contre performances de 3è semaine sur le Tour démontrent une fatigue certaine du coureur Australien. Ceci aurait du être prévu par le staff de l’équipe BMC et notamment par son directeur sportif.

Cependant, l’équipe BMC ne pu se retourner vers Tejay Van Garderen. Cinquième l’an dernier, le jeune américain fut incapable de suivre les meilleurs en haute montagne, passant même pour un coureur de seconde zone lorsqu’il s’est fait déposé par Christophe Riblon à 2 kms de l’arrivée à l’Alpe. Toutefois, on peut regretter qu’il lui ait été demandé de rester aux côtés de Cadel Evans quand celui-ci était à la dérive (Cf. Etape du Ventoux). TVG n’avait sûrement pas les jambes pour se battre avec les meilleures, mais pouvait sans doute espérer mieux. Les choix tactique sont encore une fois mis en cause.

 

Gilbert, le symbole du Tour raté de BMC - Transferts 2014

Gilbert, le symbole du Tour raté de BMC

 

Ils le sont d’autant plus lorsque on se penche sur le cas Gilbert, clairement victime des mauvais choix de son ancien Directeur Sportif. Champion du Monde 2012, le Belge a traversé le Tour comme un fantôme, utilisé comme coéquipier auprès d’un Evans trop vieux et d’un TVG hors de forme. Même si ce dernier n’affiche plus son niveau de 2011, il est clair qu’il avait certainement mieux à faire que porter les bidons pour des leaders pas à la hauteur.

Alors, ce départ précipité, ne serait-il pas un mal pour un bien ? Nul doute que le climat interne n’était pas bon durant ce Tour et John Lelangue n’a rien fait pour arranger cela bridant certains coureurs au profit d’autres pas au niveau. Là question qui se pose alors est, ce départ ne va t’il pas entraîner un grand changement dans l’équipe Suisse profitable à tout le monde ?

La fin de la saison nous en dira déjà un petit peu plus.

Et surtout n’oubliez pas de venir parler des transferts sur notre forum !

Par Dam et Vino_93 // Images : Vincent Lefèvre (reflexe.photo.free.fr) et Laurent Brun (www.flickr.com/photos/petitbrun/) / denismenchov08 via wikipédia commons

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