Écrit le par dans la catégorie Les forçats de la route, Portraits.

Dimanche, s’est achevée, dans l’ombre du Tour de France, la dix-neuvième édition professionnelle du Tour d’Autriche. L’épreuve mélange, en son palmarès, un panel de grands noms étrangers (Vandenbroucke, Evans,…) et de coureurs locaux qui avaient fait de ce Tour un objectif prioritaire (Glomser, Rohregger). Le parcours, toujours corsé, profite de l’environnement montagneux du pays et offre ainsi régulièrement une arrivée au sommet de la mythique station de ski de Kitzbühl. Contrairement à ses voisins suisses et allemands et malgré cet environnement riche en difficultés, le cyclisme autrichien n’a que très peu compté sur l’échiquier mondial. Voici quatre coureurs qui font ou ont fait l’histoire de ce cyclisme. 

Partie 2 : Georg Totschnig, 70 ans après 

Il existe un type de cyclistes, appelés suiveurs. Peu offensif, souvent placé, rarement gagnant sont les principales caractéristiques du suiveur. Georg Totschnig a longtemps été de cette race de coureurs. Lorsqu’il prend le départ du Tour de France 2005, il n’a jamais vraiment marqué les esprits malgré plus de dix ans de carrière, plusieurs top 10 dans les Grands Tours et un talent indéniable. Il y réussira pourtant le plus grand résultat de sa carrière au terme d’un exercice qu’il n’a que peu affectionné, l’échappée.

Le Giro lui réussit mais pas le Tour

Passé professionnel au sein de l’équipe Italienne Polti, Totschnig a rapidement trouvé sur les routes du Tour d’Italie un terrain de jeu à sa convenance. Dès sa première participation en 1994, il intègre le top 15. L’année suivante c’est le Top 10 (9ème) qui s’offre à lui. Lors de cette édition il se révèle vraiment à la suite de sa performance sur l’étape menant à Val Senales. L’autrichien arrive à suivre les principaux hommes forts de ce Tour d’Italie (Berzin, Ugrumov, Chiappucci et le maillot rose Tony Rominger) et à les devancer durant l’ascension finale. Malheureusement pour lui, le Colombien Oliveiro Rincon qui avait anticipé, avait déjà franchi la ligne. Sur le Tour de France la même année, Totschnig est nommé leader mais déçoit en terminant au delà de la trentième place du général, Il n’aura pas la possibilité de retenter sa chance en 1996, car blessé au début de l’année, il doit déclarer forfait pour les deux premiers grands tours de la saison, se rabattant alors sur le Tour d’Espagne. Pour ce qui sera son unique participation à la Vuelta, il profite de sa relative fraicheur et de sa régularité pour accrocher une bonne sixième place au général.

Equipier chez Telekom

Son transfert chez Telekom est acté au début de l’année 1997. Son nouveau rôle d’équipier dans une des équipes dominantes du peloton l’empêche alors de se mettre en valeur. Il reporte ainsi ses ambitions personnelles sur des tours d’une semaine, principalement sur le Tour de Suisse et le Tour de Catalogne où il accroche de nombreux top 10 toujours sans pour autant la moindre victoire. Les seuls succès de Totschnig sont en fait des succès domestiques. Il lève pour la première fois les bras lors du championnat d’Autriche 1997 où il réalisera le doublé. Dans sa carrière, il remportera deux fois l’épreuve en ligne et quatre fois son équivalent en contre-la-montre. En parallèle il brille sur le Tour d’Autriche. Grand favori de l’édition 2000, il écrase la course lors de l’étape reine qui mène le peloton pour la première fois au sommet du Kitzbüehler Horn. Néanmoins l’aventure Telekom se termine mal. Malgré son dévouement pendant quatre années au service de Jan Ullrich, il n’est pas retenu pour le Tour de France 2000. Vexé, il décide de quitter l’équipe pour rejoindre une autre équipe allemande, la naissante Gerolsteiner.

Un leadership confirmé

Il retrouve alors une place privilégiée au sein de sa nouvelle formation. Une position qu’il fait rapidement fructifier en usant une nouvelle fois de ses qualités de suiveur et de ses capacités contre-la montre : de retour sur le Giro, il termine à une excellente septième place en 2002. Un an plus tard, il progresse de deux places pour ce qui restera comme sa meilleure performance sur un Grand Tour. Pour la première fois de sa carrière, Totschnig commence à également performer sur les routes de la Grande Boucle. Il accroche ainsi une douzième place en 2003. Mais c’est sur le Tour 2004, qu’il passera à la vitesse supérieure, en terminant septième d’une édition écrasée par Lance Armstrong. L’autrichien affichera alors un retard de plus de dix-huit minutes à Paris malgré son excellente position au général. Par cette performance, il rejoint une prestigieuse liste : celle des coureurs étant rentré dans le top 10 des trois grands tours.

Un mal pour un bien

A l’intersaison, Gerolsteiner recrute pourtant Levi Leipheimer, installant un co-leadership entre les deux coureurs. A ce petit jeu là c’est l’américain qui sort vainqueur. Sur le Tour 2005, Totschnig peine a retrouver la forme de l’année précédente et lâche rapidement. Pour la première fois, il se retrouve ainsi sans ambitions pour le classement général ou obligations pour un leader. Il passe donc à l’offensive. Le 16 juillet 2005, le peloton s’élance d’Agde pour rejoindre Ax 3 domaines pour le compte de la quatorzième étape. L’autrichien, relégué à plus d’un quart d’heure, arrive alors à prendre la bonne échappée composée de quinze coureurs. Il profite alors du Port de Pailhères pour s’isoler à l’avant, Garzelli et Bénéteau étant les derniers à résister. Malgré une avance maximale de plus de neuf minutes, ses chances de victoires s’amenuisent lorsque la bagarre entre favoris s’amorcent dès l’ascension du Géant des Pyrénées. S’en suit une course-poursuite rythmée entre le coureur autrichien et Lance Armstrong parti seul derrière lui. Sur les 3 minutes 50 d’avance qu’il avait au pied d’Ax 3-Domaines, il parvient à sauvegarder 56 secondes pour remporter sa première et unique victoire hors d’Autriche. Totschnig, peu habitué à cette situation, ne prend même pas la peine de refermer son maillot pour franchir la ligne. Il efface ainsi des tablettes Max Bulla, jusque là seul coureur autrichien à avoir remporter une étape du Tour. C’était en 1931.

L’année 2006 marque un net déclin pour le grimpeur dont les plus belles années sont désormais loin. Il dispute ainsi sa dernière course en Lombardie. Une sortie effectuée avec classe puisque, pourtant échappé pendant 150 kilomètres, il parvient à suivre le groupe des costauds jusque dans le final de l’épreuve remportée par Bettini. C’est finalement les rares fois ou il a attaqué qu’il s’est fait remarqué.

Par Holbac // Image : Pitert via Wikimedia Commons

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