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Disparition d’une équipe historique

Qu’on apprécie l’équipe Euskaltel ou non, il faut bien reconnaître la dignité de ce projet et la fidélité à certaines valeurs essentielles au cyclisme comme la formation de jeunes coureurs. Depuis presque vingt ans et hormis sur cette dernière année, l’équipe basque campe sur ses positions et constitue son effectif avec des coureurs basques ou issus de la formation d’une équipe de la région. Retrouver Euskaltel à ce niveau depuis ces années retenait presque du miracle. Mais on le sentait venir et l’annonce est tombée, l’équipe va s’arrêter à la fin de l’année.

Déjà, la tournure prise cette année sous la houlette d’Igor Gonzalez de Galdeano, ancien coureur de cette formation, n’augurait rien de bon. Obligée de tourner le dos à ses valeurs pour rester dans l’élite, Euskatel engage des coureurs étrangers dont un certain Alexander Serebryakov, pris pour dopage par la suite. Plus que de réels choix sportifs, les basques engagent surtout des coureurs pour les points UCI qu’ils apportent comme l’illustre la présence d’un Jure Kocjan ou d’un Tarik Chaoufi. Et cela, au détriment d’un Velasco ou de Txurruka, pensionnaire fidèle et îcone en sa région. Les réactions des anciens se font virulentes comme le souligne une lettre de sept anciens coureurs : « Nous regrettons et nous sommes très attristés par la dérive qu’est en train de suivre ce projet depuis qu’il est tombé dans les mains de la nouvelle gestion. »

Mais désormais, il va falloir se remettre d’une autre annonce, à savoir celle de l’arrêt de l’équipe. Terre de cyclisme, le Pays-Basque aura sûrement du mal à encaisser le choc de cette décision. Faute d’avoir trouvé un co-sponsor pour continuer à survivre, dû à la crise économique qui touche durablement l’Espagne, Euskaltel décide de mettre la clé sous la porte. Elle laisse ainsi seule la Movistar en tant que formation espagnole en Pro-Tour et des coureurs libres pour la saison prochaine. Difficile d’imaginer un Samuel Sanchez sous d’autres couleurs que sous celles de son équipe actuelle ou de voir un Tour du Pays-Basque sans son équipe locale. Pourtant, ce sera le cas dès la saison prochaine.

La disparition d’Euskatel annonce aussi probablement la fin d’une époque. Aujourd’hui, les équipes qui dominent le peloton se sont internationalisées et sont sponsorisées par de riches entreprises ou mécènes. Les courses locales disparaissent une à une au profit de courses qui se disputent aux quatre coins du globe. Le cyclisme se mondialise et la disparition future de cette fondation n’illustre qu’une fois de plus ce constat. Il est désormais banal de voir un slovaque rapporter le maillot vert à Paris ou un colombien s’affirmer comme le principal adversaire d’un britannique sur ce dernier Tour de France, même si les deux nations puisent un passé plus lointain avec le cyclisme. Au départ de cette Grande Boucle qui vient de s’achever, 34 nations sont représentées là où trente ans auparavant, on ne comptait que quinze nations au départ.

L’arrêt de cette structure est regrettable mais pas franchement surprenant à l’heure d’un cyclisme qui se modernise, le changement de philosophie marquant déjà la fin d’une ère, on ne pourra déjà que les féliciter d’avoir tenu aussi longtemps dans le milieu et d’avoir fourni autant de champions sur ses deux dernières décennies.

Racontez vos souvenirs de l’équipe Euskaltel et réagissez sur cette disparition sur notre forum, entre passionnés !

Par Guame / Photo par Bizkaino via Wikimédia Commons.

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