Écrit le par dans la catégorie Analyses, Coup de bordure.

L’étape de la veille avait déjà dessiné une première hiérarchie. Sky n’a pas souhaité observer de round d’observation entre les leaders. Pour cette étape, le programme est plus corsé, avec un enchainement de cinq ascensions et une arrivée. Il est plus difficile de contrôler sur ce terrain, d’autant plus si les battus de la veille déclenchent les grandes manœuvres. Néanmoins, les efforts de la veille pourront peser et enjoindre les favoris à lever le pied et ne pas s’exposer à une nouvelle démonstration de Froome.

Col du Portet d’Aspet

L’étape est partie sur un rythme très rapide. Comme souvent avec ce profil, une échappée cherche à se dégager avant la première difficulté. Garmin a lancé l’offensive, une offensive qui s’est poursuivie tout au long du Portet d’Aspet. Dans le peloton, Sky a préféré contrôler pour ne laisser sortir personne, une tâche compliquée par la chute de Peter Kennaugh au pied du col, laissant le seul Richie Porte assumer le travail. Arnold Jeannesson a franchi le sommet en premier, au terme d’une ascension bouclée en 14’20 environ. Les multiples ralentis de la chute de Kennaugh m’ont empêché d’apercevoir précisément le point de départ du col. Le peloton a franchi le sommet quelques secondes plus tard. Ce rythme est très rapide, symbole d’une étape démarrée de façon particulièrement soutenue, même si ce versant du col ne présente pas énormément de difficulté.

 

Col de Menté

Le Col de Menté s’enchaine dans la foulée, ne laissant aucun répit aux coureurs. L’échappée ne se dégage toujours pas malgré d’incessantes attaques. Ce tempo rapide sera fatal à Richie Porte. L’Australien semblait aérien la veille, mais aujourd’hui, il déchante. Accuse-t-il le coup des efforts de la veille ? S’est-il mal échauffé, surpris ensuite par le départ rapide ? Devant, Chris Froome se retrouve seul et doit contrôler lui-même le peloton, bientôt soulagé par la formation Saxo-Tinkoff, prête à rouler pour le garder isolé. Cette fois-ci, Tom Danielson passe en tête en 19’46, d’une ascension menée sur un rythme encore plus rapide. Le peloton suit toujours à quelques secondes. L’enchainement Portet d’Aspet-Menté ayant été avalé sur une moyenne de 415 W environ, ce qui constitue un départ très rapide. Les coureurs sont à bloc alors qu’ils ne sont que dans la première partie de l’étape, ce qui augure soit d’un ralentissement après Luchon, soit de défaillances spectaculaires car tout le monde ne pourra pas tenir à cette allure jusqu’au bout. Nombreux sont les coureurs qui se sont déjà mis dans le rouge.

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Col de Peyresourde

La vallée entre Saint-Béat et Luchon aura été marquée par l’offensive des Movistar. Les choses sont ensuite rentrées dans l’ordre avant le pied du Col de Peyresourde. Un petit groupe comprenant notamment Pierre Rolland et Romain Bardet a pu se dégager dans cette portion plate et aborder le col avec une petite avance. En produisant un effort régulier, ils se sont maintenus en tête tout au long de l’ascension. Thomas de Gendt passe en tête en un peu moins de 40 minutes, bien loin du record d’Alexandre Vinokourov (31’10 en 2003). Cette année-là, l’arrivée était jugée en bas de la descente. Avec seulement 356W, le groupe de tête a nettement ralenti l’allure, tout comme le peloton. La montée s’est faite en deux temps, avec une légère accélération à l’approche du sommet pour bloquer tout retour de l’arrière, en particulier Richie Porte. Le peloton a donc grappillé un peu de temps sur les échappés, 21 secondes au total. L’Australien a fait quand à lui une bonne montée, reprenant progressivement du temps avant de flancher sur l’accélération de la Movistar. Porte n’est pas dans un grand jour, accusant le coup d’un départ rapide et incapable de remonter alors que la puissance développée par le peloton reste faible.

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Col d’Azet

Simon Clarke a fait la descente de Peyresourde à fond et s’est détaché juste avant d’aborder le Col d’Azet. Seul en tête, il n’a pas été rattrapé par ses poursuivants. Le Col d’Azet a été monté sur le même rythme que le Col de Peyresourde. Le peloton a décidé de temporiser avant éventuellement de se lancer dans de nouvelles attaques lors de la dernière ascension, celle de la Hourquette d’Ancizan. Seul à l’arrière, Richie Porte continue de perdre du temps, sans pour autant exploser complètement. Les organismes ont souffert du départ rapide et ne semblent visiblement pas en mesure de répondre à de nouvelles sollicitations. Les coureurs ont signé un temps de montée compris en 25 et 26 minutes, 3 minutes de moins que les T-Mobile en 2005 qui manœuvraient péniblement pour déstabiliser Armstrong.

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Hourquette d’Ancizan

Simon Clarke repris, c’est Romain Bardet qui s’est mis en évidence dans cette dernière ascension du jour. Le Français était par contre trop juste pour résister jusqu’au sommet. A l’arrière, le peloton continue de temporiser par l’intermédiaire des Movistar. Ils imposent un rythme rapide pour décourager les attaques mais globalement faible. Certains coureurs ont réussi à s’extirper, Dan Martin et Jakob Fuglsang en particulier. Au prix d’une montée régulière, ils ont pu creuser l’écart et se jouer la victoire d’étape. En mettant plus de 30 minutes à gravir ce col, Martin et Fuglsang sont au niveau de l’ascension de 2011, qui ouvrait à l’époque une étape comprenant Tourmalet et Luz-Ardiden. Cette fois-ci, c’est le dernier col, preuve que les organismes sont fatigués. Cela s’est vu dans la montée des favoris, où seul Nairo Quintana plantait des banderilles. Le Colombien a été rapidement repris au vol par son leader Alejandro Valverde pour stopper ses changements de rythme. De même, Roman Kreuziger semblait retenu par Alberto Contador.

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Le départ rapide de l’étape, courue à rythme équivalent à celui que les coureurs développeraient plutôt dans un final a eu pour conséquence de couper les jambes des principaux leaders. Le spectacle s’est avéré décevant, mais les coureurs ont dans l’ensemble montré qu’ils avaient du mal à faire la différence, comme en témoigne les puissances assez faibles en deuxième partie d’étape. La configuration de l’étape offrait pourtant de belles opportunités aux battus de la veille, bien entourés par leurs équipiers alors que le leader était esseulé. Le grand perdant du jour est Richie Porte, lâché au plus mauvais moment. Cette petite faiblesse lui aura coûté cher. Incapable de suivre le rythme le plus élevé, il a tout de même réussi à se tenir à distance respectable du peloton, avant de s’effondrer suite à tous les efforts accomplis.

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Par CSC_3187 / Photo : Maxime Lafage

 

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