L’une des deux côtes du jour a été placée dans les 15 premiers kms pour animer la prise de l’échappée. L’effet est réussi puisque personne n’a encore réussi à sortir au pied de Notre-Dame-de-Lorette. Le point de la montagne est donc disputé par Vansummeren et Langeveld, et c’est cette fois le belge qui prend l’avantage sur le maillot à pois. Roy, Garcia, Sepulveda et Vorobyev profitent du désordre pour se joindre aux deux attaquants et prendre 2’30’’ d’avance. Cependant le peloton réagit et, après une vingtaine de kms, finit par les ramener dans le rang. Le français de la FDJ ne s’avoue pas vaincu et ressort presque aussitôt, suivi de Weening, Vachon et Ben King. Ce quatuor prend cette fois le large bien que le peloton contrôle prudemment l’écart. Il ne faudrait pas que cette poursuite précoce soit préjudiciable pour le final, à l’image de la victoire d’Hayman sur le dernier Giro. Leur retard est de 3’30’’ au sprint intermédiaire que Greipel règle devant Petit et Cavendish. Dans la Côte de la Boisselle, le peloton pointe toujours à 3 minutes, puis plus que deux à 30 kms de la ligne. Le rythme s’accélère sous l’impulsion des Etixx, Sky et Giant qui avalent Weening à 10 kms du but. Ses anciens compagnons résistent beaucoup mieux. Ils donnent des sueurs froides au peloton mais s’inclinent finalement à 3 kms du but. Le train Etixx a pris l’avantage sur un gros relais de Turgot, qui emmène Boonen et le champion de France. Hathaway est dans la roue de Démare, suivi de près par Trentin et Degenkolb. Goss et Sagan sont plus en retrait tandis que Van Avermaet remonte Cavendish au dernier moment. Le belge est très efficace et déborde même Boonen pour lancer son sprinter en tête. Hathaway a été attentif et prit la roue de Cavendish, mais un saut de chaine l’oblige à ralentir au moment où son compatriote lance son sprint. À un tel niveau, c’est évidemment irrattrapable pour jouer la gagne. Hathaway se fait déborder de tous les côtés par la meute aux trousses de Cavendish. Démare, Trentin et Degenkolb sont au coude à coude mais personne n’arrive à remonter l’ancien champion du monde. Cavendish remporte donc sa 30e victoire sur la Grande Boucle, le record de Merckx se rapproche. La malédiction continue pour Démare qui accroche lui sa 10e deuxième place de l’année. Sagan signe quant à lui la mauvaise opération dans la course au maillot vert en ne parvenant même pas à rentrer dans le top 10 de l'étape.
Brèves de l'équipe
Sur les étapes de plaine, le temps est parfois long dans le peloton. Quand en plus la Picardie offre des champs de betteraves à perte de vue, il faut de la volonté pour ne pas s’éclipser dans la première voiture venue. Heureusement que les copains sont là pour se serrer les coudes, à l’image de Taylor Phinney et Wilco Kelderman.
« Taylor, qu’est-ce qu’il te voulait, le bosche ? »
« Qu’on les aide dans la poursuite ? »
« Ah ? Quelle drôle d’idée ! »
« N’est-ce pas ? Il parait qu’on doit assumer le maillot jaune. »
« À tous les coups, encore une lubie de leur nouveau manager chez Giant. Suki, je crois qu’il s’appelle. Le plus dangereux de l’échappée est à quoi ? 10 minutes ? On est peinards. »
« Oui, je lui ai dit qu’on avait une équipe de grimpeurs et qu’on ne servait à rien sur le plat. »
« Haha, vachement crédible avec ton gabarit. Tu lui as dit qu’on avait un sprinter en bois aussi ? »
« S’il t’entendait… Je l’ai envoyé trouver les Mapei. Ce n’est pas aux américains de collaborer. »
« Ouais, toi t’emmènes notre british pour qu’il tape tout le monde à la fin. On ne se refait pas. »
« En attendant, pfff qu’est-ce que c’est long… Je n’ai même pas besoin de remonter les bidons, c’est Tom qui s’en charge. Interdiction de prendre le vent pendant 4 jours, c’est gai tiens. »
« La même. Pédale, sois vigilant pour éviter les chutes, et tais-toi. Limite si je ne préférais pas les pavés hier, au moins il y avait de l’animation. Vivement la montagne ! »
« Dans le gruppetto, il y avait de l’animation ? Faudra que tu me racontes un jour. Vivement le chrono, surtout, qu’on sache pourquoi on se repose. »