Adam Hansen est le premier à accélérer, suivi du super-baroudeur du Giro, Nocentini. Ils sont rejoints par Roux, Stybar, Durbridge, M.Wyss et Verhelst pour former un beau groupe de sept pris au sérieux par les Mapei qui maintiennent un tempo élevé. Dans la côte de Boscraie, les hommes de tête portent leur avance à 1’15’’, mais se délestent aussi de M.Wyss. Puis Durbridge doit laisser filer, et enfin Hansen et Verhelst ne peuvent plus suivre le rythme. Désormais à trois, Stybar, Nocentini et Roux obtiennent enfin leur bon de sortie. Leur avance se porte à 7’30’’ à 115 kms de l’arrivée. Contrairement aux jours précédents, les Mapei ne sont pratiquement pas aidés dans leur chasse. Au sprint intermédiaire de Pré-en-Pail, Cavendish se montre le plus véloce devant Goss et Démare. L’australien conforte donc son maillot par rapport à Sagan qui, comme la veille, se contente de prendre sans effort le dernier point restant. Ses équipiers continuent en tout cas de ramener tranquillement le peloton, les Sky ayant aussi mis un homme à rouler pour la forme. L’écart reste ensuite dans des eaux raisonnables, malheureusement pour le trio qui est avalé dans les dix derniers kms. Les trains Sky et Mapei se mettent alors en place avec Eisel et Van Avermaet pour emmener le Cav d’un côté, et Terpstra et Ginanni pour Sagan. Kittel et Démare ont choisi la roue du Man Express tandis que Goss et Hathaway sont dans celle du slovaque. Terpstra et Eisel font jeu égal, et c’est finalement Ginanni qui fait la différence par rapport à Van Avermaet ! Sagan lance donc son sprint en bonne position sous la flamme rouge mais il ne fait pourtant pas grosse impression. Kittel le remonte le long des barrières, comme Démare au milieu de la route et Cavendish sur la droite. Il faut tenir sur ce faux-plat, et c’est finalement le colosse allemand qui s’en sort le mieux ! C’est une petite surprise, il remporte la première victoire de sa carrière sur la Grande Boucle devant Sagan et Démare.
Brèves de l'équipe
Dans le bus, après le briefing du DS.
« Bah mon chou, tu vas où ? » lança Hathaway à Gallopin en voyant que ce dernier se levait.
« Obligation professionnelle. » répondit-il en jetant un coup d’œil à la troupe massée autour du bus.
« Alors ça y’est tu me quittes ? » Hathaway se jeta à ses pieds. « Tonyyyyyy ! Qu’est-ce que je vais devenir sans toi ? Tu es si beau, si brillant, si parfait ! Ne m’abandonne pas, je t’en supplie ! »
« On a vécu de belles choses tous les deux. Je ne les oublierai jamais… Mais je préfère les rousses, ça ne pouvait pas marcher entre nous. Adieu. » Il se retourna de manière théâtrale sous les ricanements de ses camarades.
« C’est ça, va profiter de tes fans, tu as bien raison. » lui répondit le gallois avec un clin d’œil.
Notre maillot jaune passa la tête par l’entrebâillement de la porte.
« Tony ! »
« Il est là ! »
« Tony, un autographe s’il vous plait ! »
« Tony, ça va aujourd’hui ? »
« Oui oui, ça va merci. J’ai le maillot, tout va bien. Vous avez un stylo ?»
« Belle place hier, impressionnant ! »
« Merci, je me suis surpris aussi. »
« Tony, je vous adore. Je le dis à mes petits-enfants, je vous A-DO-RE. Vous êtes très bien élevé. Ah, si j’avais quarante ans de moins… »
« C’est gentil, et moi si j’avais quarante ans de plus… »
« Tony, c’est votre premier Tour ? »
« Non, non, je le fais tous les ans ! C’est la première fois que j’ai le maillot jaune en revanche… »
« Vous pensez gagner le Tour ? »
« Ouhlà non ! Déjà avoir eu le maillot quelques jours c’est super. J’espère le garder jusqu’aux Pyrénées, mais je n’ai pas le niveau en montagne. »
« Moi j’y crois ! On ne sait jamais, par exemple Voeckler en 2011, pareil que vous et il a failli gagner. »
« Si seulement ça pouvait être aussi simple. Mais non, j’espère juste passer mon maillot à Robert Gesink, lui a de vraies chances de gagner le Tour. D’ailleurs le voilà qui sort, vous pouvez aussi aller le voir, il ne mord pas et est très intéressant ! »
« Bien tenté Tony, mais try again and good luck. » sourit intérieurement Gesink lorsque la foule eut à peine un regard pour son maillot irisé. Il ne verrait pas son frenchie préféré avant un bon moment sur la ligne de départ.