" Pourquoi ne verrait-on pas La Rochelle, Royan, Arcachon... ? "
CHRISTIAN PRUDHOMME Le directeur du Tour voudrait visiter le littoral atlantique et laisse entendre que la Charente-Maritime pourrait être une étape
" Sud Ouest " Le Sud-Ouest et son tourisme florissant ont-ils besoin du Tour ?Christian Prudhomme En tout cas, le Tour aime le Sud-Ouest, qui représente le charme, l'esthétique du Tour. Quand on va vers les Pyrénées, il y a toujours un moment où l'on va passer par là. Après, il y a des raisons spécifiques à notre passage. Comme la demande du Département de la Dordogne cette année et de Germinal Peiro (président du Conseil départemental de la Dordogne). Elle a trouvé dans ma tête un écho supplémentaire à partir du moment où j'ai appris que l'homme de Neandertal venait de Düsseldorf, d'où nous sommes partis. Ce rapprochement Neandertal - Cro-Magnon m'a intéressé tout de suite. J'ai envie de montrer ça. Partout où le Tour peut sortir de l'aspect sportif et toucher des gens qui ne s'intéressent pas spécialement au sport et au cyclisme, cela me plaît au plus haut point.
L'arrivée à Peyragudes est à demi-inédite. Pourquoi utiliser la piste de l'altiport ?En 2012, l'enchaînement du port de Balès et du col de Peyresourde m'avait énormément plu. Mais j'étais resté sur ma fin à l'arrivée, avec un dernier kilomètre à plat, Alors que le paysage était magnifique. Un jour, je regardais des photos aériennes de Peyragudes et je tombe sur cette image de l'altiport, à quelques 70-80 mètres de la route. J'ai ensuite demandé à Michel Pelieu, le président du Conseil départemental des Hautes-Pyrénées, s'il était possible de bitumer la jointure entre la route et la piste. Il m'a dit banco et en a profité pour refaire la piste du seul altiport des Pyrénées. On se retrouve avec une piste de sprint rectiligne, sauf qu'elle est à 17 % de pente. C'est un bonheur de défricher une nouvelle arrivée.
Quels lieux du Sud-Ouest souhaiteriez-vous essayer ?J'adore qu'il y ait de l'eau. Qu'il s'agisse d'une île ou du bord de mer, je suis toujours partant...
Pourquoi si peu de villes du littoral atlantique sur le Tour ?Il y a plusieurs raisons. J'assume une part de la responsabilité : en sortant des massifs montagneux, lorsqu'ils sont décisifs, je veux que les coureurs soient près de Paris, pour ménager le suspense. La remontée par les Landes n'existe plus. C'est un choix.
L'autre difficulté, c'est évidemment que nous sommes en période de vacances. Quand il y a des centaines de milliers de touristes et qu'on bloque tout, ce n'est pas simple. Mais une fois encore, j'aime l'eau. Pourquoi ne verrait-on pas La Rochelle, Royan, Arcachon, Mimizan, Biarritz ? Une fois que je vous ai dit ça, je n'oublie pas que nous avons toujours 250 candidatures.
Mais ces villes sont-elles intéressées par le Tour ?Je sais simplement que nous avons des candidatures au sud de la Vendée... Le fait que Dominique Bussereau (président du Conseil départemental de Charente-Maritime) soit président de l'Assemblée des départements de France, et à ce titre qu'il vienne régulièrement nous rendre visite sur le Tour, nous permet de parler. Je ne veux pas être plus précis (sourire).
La rumeur d'un grand départ de Bilbao, au Pays basque, ne cesse de grandir...Nous avons des candidatures intéressantes en France et à l'étranger. Et oui, nous avons des approches de Bilbao.
Bordeaux est-elle en voie de disparition sur le Tour ?Je ne le crois absolument pas. On ne retrouvera pas le Bordeaux systématique qui existait chaque année autrefois, pour différentes raisons et notamment l'amitié profonde entre Jacques Chaban-Delmas (maire de Bordeaux de 1947 à 1995, NDLR) et Jacques Goddet (directeur du Tour de 1936 à 1987). Bordeaux est un candidat un peu permanent et informel. Je ne saurais pas vous dire si là, maintenant, nous avons une lettre de candidature précise, mais Alain Juppé nous appelle chaque année. Il souhaite avoir le Tour régulièrement. Pas forcément chaque année. Et une fois de plus, j'y reviens, on veut finir près des montagnes. Il y a donc des critères autant géographiques que sportifs à prendre en compte.
Recueilli par Julien Duby, envoyé spécial