Carnets de route et Sorties d'exception

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Re: Carnets de route

Messagepar Panzer » 23 Avr 2017, 18:02

Dans l’arrière-pays niçois


J’avais pas prévu de CR à la base, mais ma dernière journée dans le sud a été un régal. Pour les amateurs de lacets comme moi, c’est le top, avec les cols de Braus et Turini, répertoriés sur le très bon site Dangerousroad, le col de St Pancrace (Peille) est pas mal dans le genre.

Pas grand-chose à rajouter sur les premiers jours. Le Col de Vence a donné un très bon résultat. Le prolongement dans l’arrière-pays Niçois a été agréable, mais sans plus. 100km + un test de 33’ la veille d’une course de côte sur la Madone, c’est pas la meilleure prépa. J’ai accusé le coup et ça m’a déçu de ne pas avoir été au top, et de se prendre un tir d’entrée. Au final, je relativise. Même sans trop de sensations, je fais une perf équivalente à mes meilleures perfs l'an passé. En attendant, j’ai bien représenté le Gruppetto quand même, https://www.fsgtcyclisme06.fr/fsgt/races/51/ , Image on était que deux coureurs sans club, y avait quand même un sacré niveau. :niais:

Le soir, je revois un pote, fast-food, 5km de marche dans la ville, passage au Casino, qui rattrape la journée, avec une mise de 30€, j’en récupère 75€ OKLM. Image Je finis la journée bien crevé, avec l’idée de raccourcir l’étape de demain.

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Heureusement la nuit est très bonne, pas question de raccourcir, direction l’Escarène en train. Petite descente de 500m et me voilà déjà au pied de Braus, pas échauffé. Pas grave, le début est roulant et permet de faire tourner les jambes sans forcer. Je fais la moitié du col en-dedans avant d’accélérer un peu sur la seconde moitié, plus dure. Les panneaux indicatifs sont souvent erronés dans le pourcentage, à ne pas toujours tenir compte. La montée se fait au calme, elle est assez verte et possède de belles vues en contrebas. Plus on monte, plus les lacets deviennent présents. Ils sont assez plats et permettent de prendre de la vitesse, tout ce que j’adore. Aucune souffrance dans le col et une fois qu’on en termine avec les lacets, on a une belle vue de ce qu’on a monté. Image

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Arrêt au sommet. Je recommande le sandwich thon – roquette – tomates – œuf - huile d’olive, avec une touche de mayonnaise. Image Je vois passer Caleb Ewan plein gaz derrière un scooter. J’essaie de le reprendre mais le mec s’arrête tout juste quelques secondes pour se couvrir et repart direct plein gaz dans la descente, ça va trop vite pour moi. Image La descente du col de Braus est en bon état, ce qui me permet d’être très décontracté sur la descente.

Arrivé à Sospel, le col de Turini démarre presque immédiatement. 24km de montée à décomposer en 4 parties. Un échauffement de 3km avec des successions de faux-plats. On entre ensuite dans une magnifique partie de plus de 6km à environ 6% de moyenne. On passe à travers les Gorges du Piaon, d’une beauté exceptionnelle. C’est ici qu’on aperçoit les premières successions de lacets, 34 au total.

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Ensuite, un peu moins de 4km de replat montant, autour du village de Moulinet, histoire de pouvoir récupérer un peu, et on attaque la dernière partie du col qui présente le challenge le plus sportif, et peut-être le moins d’intérêt au niveau esthétique. Y a toujours quelques beaux lacets, mais on est souvent dans les bois et au bout d’un moment cette montée semble très longue. Le vent a en plus pas mal soufflé, difficile de dire s’il était avantageux ou non, tellement ça tournait, mais c’est bien fatiguant. Image

J’ai adoré ce col à la fois pour les paysages, le challenge sportif et la très faible circulation. Direct dans mon top 3 français. :love:

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La descente par Lucéram est un régal. Je pense que l’ascension par ce versant doit être encore plus spectaculaire en termes de paysage, avec une partie boisée moins longue. Splendide.

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Il me reste de l’énergie, je décide donc pour le deuxième jour de suite de rejoindre Peille en empruntant la très belle montée de Paris-Nice, où Contador et Gallopin avaient fait des différences les années passées. La vallée entre l'Escarène et Grave de Peille est magnifique.

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La première partie de cette montée est vraiment exigeante avec pas mal de portions à plus de 10%. Je comprends pourquoi Contador a pu tout faire exploser au pied. C’est ici que je donne le maximum avec les forces qu’il me reste, je sais que la seconde partie est plus abordable. J’adore cette montée, elle ne présente pas un paysage ou point de vue exceptionnel. Mais j’adore cette atmosphère très calme, sans trop de circulation, dans les pins, avec de beaux lacets et au sommet on retrouve le très joli village de Peille. Au top.

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Sans m’arrêter, je fonce plein gaz vers la Turbie. Quand je connais les routes, j’ai pas de blocage, donc je décide de faire un CLM jusqu’à Nice. La transition jusqu’à la Turbie est pas la plus belle, même si c’est calme et très bien à faire à vélo. Une fois à la Turbie, on voit la mer. Quelques faux-plats casse pates se présentent, et on peut enfin emprunter la fameuse descente du Col d’Eze. C’est la 3ème fois que je l’emprunte, je n’aime pas les descentes mais celle-ci est un régal avec de supers points de vue sur la mer.

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Vraiment le kiff cette sortie, une des plus belles que j’ai faite. J’ai adoré chaque moment. La tranquillité de chacune des montées. Le point de vue sur les lacets de Braus. Le sandwich au sommet. La diversité du paysage sur Turini. La vallée entre l’Escarène et Grave de Peille. Cette montée vers Peille. Cette redescente au bord de la mer. Autant de décors différents en une sortie, j’en ai pris plein les yeux. La Côte d’Azur quoi.

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Je suis vraiment conquis par la Côte d'Azur, c'est vraiment un endroit où je pourrais revenir année en année avec ce décor magnifique, un peu comme les Canaries en général le mélange mer/océan avec la montagne, c'est souvent magique. Dommage que la ligne train de nuit va arrêter, ça sera plus compliqué de revenir...

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Voilà, c'était pas un CR épique, la difficulté était pas ouf, les jambes étaient pas exceptionnels mais que c'était beau. :love: :love:

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Re: Carnets de route

Messagepar cel » 23 Avr 2017, 18:47

:love: :love:

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Re: Carnets de route

Messagepar Gringo » 23 Avr 2017, 20:07

C'est beau, ça me donne envie alors que je n'avais jamais vraiment songé à aller rouler du coté de Nice ayant des reliefs similaires près de chez moi. En tout cas, avant d'aller dans ce coin, je compte bien explorer de fond en comble la moyenne montagne que j'ai à disposition.

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Re: Carnets de route

Messagepar Leinhart » 23 Avr 2017, 20:43

Je me rappelle des sorties de Sisbos avec Tende/Turini, ça faisait déjà envie. Ça a l'air super beau Turini en tout cas !

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Re: Carnets de route

Messagepar Panzer » 23 Avr 2017, 23:01

C'était aussi Sisbos qui m'avait mis en tête Turini ! Y a encore pas mal de coins à explorer, une raison de revenir.
Content si ça vous donne envie de faire un tour. :ok:

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Re: Carnets de route

Messagepar Jenth » 14 Mai 2017, 19:05

CR TOUR 2017 Étape 7 : Troyes / Nuits-Saint-Georges 214KM (70km effectué)

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Début pour moi sur les routes du Tour à Pont de Pany, en franchisant le Canal de Bourgogne.
( Ayant fait 30 km pour arriver jusque la)
Direction Urcy.
Début par un faux plat de 1 km avant d'attaquer la côte proprement dite.
voir Strava :https://www.strava.com/segments/1154483

Une route qui ne rend pas, puis une petite bosse avant une monté plus régulière à 5 %
voir Strava:https://www.strava.com/segments/6045884

La route est bien refaite et le paysage est sympathique, très agréable, surtout ce jour
ou le vent est plutôt favorable.

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Impression:
Cette bosse, cote n'est pas assez dure et longue pour poser problème aux sprinteur.

Après le ''sommet'', on se retrouve quelque peu à découvert sur des faux plat et une route alternant petite bosse, descente courte.
Le vent pourra (peut être) choix un rôle, bien que ce ne soit pas trop long.
En effet, la route redescend rapidement ( 1 km environ ) et on attaque la dernière ''vrai'' difficulté du parcours,
sans doute non répertorié lors du tour de France.


Courte et offrant une pente raisonnable, pas une difficulté à proprement parler. Certainement pas d'attaque à attendre ici, vu ce qui reste comme kilomètres jusqu'a l'arrivé.



Voir Strava:https://www.strava.com/segments/8105893

Seul fait notable pour moi, des voitures de collection en ballade me double dans la bosse.
Une me klaxonnent vigoureusement quand je me déporte d' un mètres pour ne pas prendre le virage à la corde.
( Précisons que j'ai regardé derrière moi avant d'effectuer ce déport, y' avait le temps)

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Au ''sommet'' , on prend a gauche, laissant Nuits st George à droite.

Je les repasse un plus loin, elles sont à l’arrêt, ne sachant pas ou tourner.
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Ensuite on se dirige vers Chambeouf avec un profil toujours de faux plat (petite descente, petite monté mais rien de bien méchant).

Et la descente sur Gevrey , pas technique, un seul risque , le tunnel et l’enchainement qui suit.

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Voir Strava:https://www.strava.com/segments/6873685


Ensuite on rejoint la D 974 et on y reste jusqu’à Vougeot, puis on se dirige vers Cîteaux et son Abbaye
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Une boucle final, qui emprunte des routes secondaires , des routes de villages ( mais en bon état)
Selon la direction est la force du vent,la physionomie de la course peut changer.
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En passant par Saint Bernard.
Voir Strava: https://www.strava.com/segments/14736211

Lors de mon parcours vent plutôt défavorable (3/4 quelque chose) sur cette portion, souvenir de quelque faux plat
qui font mal ( pour moi), sans doute ( surement) pas détectable pour un peloton lancé a pleine vitesse.

Une fois arrivé Cîteaux,
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Les Coureurs auront droit à une route départementale, bien large et roulante.

Petite bosse à un moment, je pense que les éventuelles échappés seront désavantagé sur cette partie.
Voir Strava: https://www.strava.com/segments/14736278

Ensuite retour vers les côtes, vignes et donc des petite route, qui seront cette fois ci a l’avantage des échappés
Voir Strava: https://www.strava.com/segments/14736409

Comme dit plus haut, ces routes plus que secondaires sont assez roulante, les coureurs n'auront pas la joie de découvrir les routes ''normales du département.

Retour sur la D 974 et le final vers Nuits, qui est indéniablement a l'avantage d'un peloton
(au cas ou, des éventuels échappé serait encore à l'avant).

A découvert en partie, encore à voir selon la force et la direction du vent.
A Premeaux-prissey, descente et remonté dans le village qu' ils passeront certainement encore une fois en injection.

Voir Strava: https://www.strava.com/segments/8921517

Bref, cette boucle est à priori rédhibitoire pour éviter une arrivé au sprint.
Seul le Vent peut sauver ses 40 derniers kilomètres. Mais c'est les coureurs qui font la course

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Modifié en dernier par Jenth le 04 Juil 2017, 22:25, modifié 6 fois.

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Re: Carnets de route

Messagepar Nico32 » 14 Mai 2017, 19:29

En voyant ce sujet remonté, j'ai cru que Leinhart avait enfin posté son CR :niais:

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Re: Carnets de route

Messagepar Leinhart » 21 Mai 2017, 09:27

Nico32 a écrit:En voyant ce sujet remonté, j'ai cru que Leinhart avait enfin posté son CR :niais:


Je l'ai fini :mrgreen:
Plus qu'à relire et à intégrer quelques photos, et je mets ça ici et en partie "articles" :ok:

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Re: Carnets de route

Messagepar Leinhart » 21 Mai 2017, 19:16

Vous l'attendiez tous (enfin surtout Nico32 apparemment), voici un CR de mon expérience à LBL :heureux:
Beaucoup de photos de moi mais en même temps c'est tout ce que j'ai récupéré :mrgreen: Les photos d'ambiance, contrairement au Ronde l'an dernier, sont vraiment pas top...

Liège-Bastogne-Liège Challenge 2017


J’avais écrit, après avoir parcouru l’intégralité de la légendaire étape Pau-Luchon, parcourue onze fois sur le Tour de France (douze si l’on compte le nouveau parcours de 2016), que le cycliste avait la chance de pouvoir marcher sur les traces de ses idoles, sans autre limite que celles imposées par son corps. Il peut parcourir des portions de route, ouvertes à tous, devenues mythiques pour les exploits accomplis par de grands champions. Les pratiquants d’autres sports n’ont pas ce privilège, ne pouvant approcher le terrain de jeu de leurs héros, au mieux, que depuis les tribunes. Après avoir longtemps été tutoyer les cimes des plus grands cols des Pyrénées et des Alpes rendus célèbres par le Tour, je me suis depuis l’an dernier tourné vers d’autres pages de l’histoire du cyclisme : les Monuments.

Ces cinq courses d’un jour se démarquent de toutes les autres en ce que la simple évocation de leur nom suscite l’émerveillement des connaisseurs, et parfois même des profanes : Milan San-Remo, l’interminable « classissima » ; le Tour des Flandres, grande kermesse du vélo célébrant les bergs pavés ; Paris-Roubaix, « l’enfer du Nord », dernière folie du sport cycliste ; Liège-Bastogne-Liège, la « Doyenne » des classiques ; et le Tour de Lombardie, la classique « des feuilles mortes » qui vient clore la saison dans un cadre majestueux. Pour quatre de ces cinq Monuments, des cyclosportives sont organisées annuellement, permettant au modeste pratiquant de rouler sur les traces des grands. L’an dernier, j’avais choisi de commencer avec le Tour des Flandres, parce que c’est probablement la classique qui m’a toujours le plus fasciné : ces monts pavés aux pourcentages démesurés au milieu d’un plat pays, des hauts lieux du vélo et surtout, une ambiance hors-norme, enflammée par la passion flamande pour le cyclisme. L’expérience ayant été concluante (voir article Akit), je décidai de retenter l’aventure cette année avec la Doyenne : Liège Bastogne Liège.

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Le projet demande de l’investissement personnel : il faut partir le vendredi, rentrer le lundi, supporter quatorze heures de route à l’aller, un peu moins de douze au retour, pour une seule « petite » cyclosportive. J’arrive à Verviers, à côté de Liège, à 22h30, gracieusement hébergé par un autre membre du Gruppetto. La soirée est courte car il faut se lever à 5h le lendemain. Petit déj de champion, on se change, on charge la voiture et c’est parti pour Liège. Il pleut, déjà, et il fait froid. Retrait des dossards, photos tout sourire au départ, qui contrasteront vite avec l’enfer que nous nous apprêtons à vivre. Il ne pleut plus, mais il fait toujours froid. Un moindre mal, pensons-nous…

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Vers 7h15, c’est parti pour 273km de légende, de pèlerinage. Ces routes, je les connais presque par cœur, puisque je les vois chaque année à la télé depuis quinze ans que je m’intéresse au cyclisme. Le rêve va vite virer au cauchemar, quand la pluie fait son apparition après trente minutes de route. Elle ne cessera qu’à 12h30. Pendant cinq heures donc, nous sommes abondamment arrosés. Le froid et le vent viennent aggraver le ressenti. Rapidement, je suis transi de froid et l’eau commence à s’infiltrer dans mes gants. Ayant des problèmes de circulation sanguine, mes doigts deviennent engourdis. Après 80km, je commence à lâcher prise dans la tête, mes mains me font horriblement souffrir, j’ai du mal à boire, je dois m’arrêter pour manger.

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A Bastogne, c’est la gifle. Je m’arrête à un premier ravitaillement, et au moment de faire demi-tour pour rentrer vers Liège, je prends une énorme rafale en pleine face. L’air souffle de front, s’infiltre dans les gants humides. Mes doigts commencent à littéralement figer, à se geler… Je ne peux plus boire, manger, changer correctement les vitesses sans m’arrêter. Evidemment, ça pique terriblement et je ne pense plus qu’à ça. La côte de Saint Roch arrive alors, un premier mur à plus de 20%. Je ne parviens pas à remonter les vitesses jusqu’en haut de la cassette et me retrouve à bourriner sur un 36x21. Les jambes sont, elles, encore bonnes, et tout se passe plutôt bien. Je m’arrête au ravitaillement après 140km, j’enlève mes gants, mes doigts dégèlent et se mettent à me brûler terriblement. Je peine à ouvrir l’emballage des gaufres proposées. Je me dirige vers la voiture de la croix rouge à la recherche de chaufferettes, mais ils n’ont malheureusement rien à me proposer. Un bénévole me propose quand même une paire de gants de soins en latex, pour éviter que l’humidité des gants n’atteigne mes doigts. J’accepte volontiers, mais me rends compte en enfilant le gant gauche que mon petit doigt est recroquevillé et ne répond absolument plus. Je suis obligé de demander de l’aide pour enfiler mon gant et refermer ma veste. Le bénévole me suggère alors l’abandon, la route vers Liège étant encore longue. Sur le fond, je suis d’accord avec lui, mais je préfère lui rire au nez et lui dire que tant que je suis debout, je continue.

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Mine de rien, ces sous gants évitent l’humidité à mes doigts, et même s’ils sont encore engourdis, j’ai transité de l’enfer au purgatoire… J’ai du mal à passer le grand plateau mais j’arrive désormais à boire. Je découvre alors les deux premières côtes du nouveau triptyque : Côte du Pont et Côte de Bellevaux. La première est un petit mur à 10% sur un kilomètre, la seconde une bosse quelconque sur une route large, sans aucun intérêt esthétique ni sportif. Nouveau ravitaillement après 185km. Un rayon de soleil arrive, la température passe au-dessus de 10 degrés. Je peux enlever mes gants trempés, je revis ! Je passe du purgatoire au paradis… J’aurai fait toute la Divine Comédie de Dante en 50 kilomètres. Je termine alors le triptyque inédit par la Côte de la Ferme Libert. Un sacré morceau, dans les bois, avec des rampes au-dessus de 15% et quelques rares replats (ou du moins des infléchissements de pente). Sur ce coup, les organisateurs ont vu juste, cette nouvelle bosse s’intègre parfaitement dans l’esprit LBL. On arrive alors dans le final, dans le classique, en s’approchant de tout ce qui fait le mythe de cette course. Cette fois-ci, alors que je suis enfin au sec et que mes mains ne me font plus souffrir, ce sont mes jambes qui vont comprendre pourquoi la course bénéficie d’une telle aura dans le monde professionnel.

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On le conçoit assez facilement en analysant le parcours sur le papier, mais cela se ressent encore plus sur le vélo. Le final de LBL est absolument redoutable. Cela commence par deux cols, pas nécessairement très pentus mais longs qui, après 200km d’effort, viennent couper les jambes de ceux qui avaient encore un restant de fraîcheur. Le Col du Rosier et le Col du Maquisard n’ont objectivement rien d’impressionnant, mais à ce moment, chaque effort compte. Le nouveau parcours nous donne en plus de cela la chance de passer devant un autre lieu mythique de cette région belge : le circuit automobile de Spa-Francorchamps. Il y a des essais ou qualification ce jour-là, on entend les moteurs et on devine quelques voitures à travers le bois. Une petite évasion fort appréciable.

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Après que le Rosier et Maquisard ont planté leurs banderilles, La Redoute se présente devant moi. Une chose est certaine, sa réputation n’est pas usurpée. Après 220km de route, c’est un véritable calvaire. Je me retrouve rapidement sur le 36x27 alors que je ne suis « que » sur du 12%. Les camping-cars sont déjà là pour la course du lendemain, l’ambiance est formidable, on se sent vraiment chez les grands à cet instant. Je passe comme je peux les passages à 20%, en danseuse en mettant ce qu’il reste de mon poids sur les pédales. Finalement, le sommet arrive assez rapidement, la côte n’est pas si longue que ça. A partir de là, il n’y a plus aucun répit. On enchaine sur la modeste côte de Sprimont, puis la Côte de la Roche aux Faucons, la petite sœur de la Redoute, où de nombreux coureurs professionnels ont récemment construit leur victoire. Je me sens plutôt bien à ce moment et je remonte pas mal de cyclos. Le sommet arrive vite mais la grosse difficulté de cette côte, c’est que la descente est brève et la route remonte directement. Ce qui apparaît comme un faux plat depuis son canapé est en fait une nouvelle bosse à 7%, fortement exposée à un vent de face qui souffle fort du côté de Liège. Je termine au courage, avant de plonger vers la ville, vers le final de cette journée interminable.

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Dans Liège, la circulation est dense et l’organisation ne bloque pas grand-chose. Il est difficile de circuler, ce qui rend la chose assez énervante. Rapidement, j’arrive devant le stade du Standard, et je reconnais aussitôt cet endroit que j’ai vu tant de fois en tant que spectateur. Quand je tourne à droite vers la « fameuse » zone industrielle, j’ai l’impression d’être dans la télévision. C’est l’un des moments qui m’a le plus marqué dans cette journée, ce sentiment d’être dans un endroit à la fois un peu glauque et complètement mythique. Je pense qu’il n’y a qu’un cycliste passionné qui peut s’émerveiller dans un lieu aussi austère. Mais quand l’histoire et le prestige sont là…

La côte de Saint-Nicolas, malgré le kilométrage, fait office de formalité. Elle monte à 10% sur un kilomètre, ce qui n’est rien par rapport à ce que j’ai affronté jusqu’alors. La côte d’Ans, ensuite, ressemble à un interminable faux plat. Mais j’y suis enfin, après près de 10h de souffrance mêlée à quelques instants de bonheur intense, je vois l’arrivée de ce monument. Enfin, presque, puisqu’on nous fait tourner à droite et non à gauche en haut de la dernière bosse. A partir de là, il reste une dizaine de kilomètre pour rejoindre notre point de départ. Une vingtaine de minutes pour se remémorer le chemin parcouru. Cela n’est évidemment pas suffisant, puisque ces souvenirs resteront gravés à jamais dans ma tête. Chaque année, quand je regarderai LBL à la télévision, je me dirai : « j’y étais ». Je me dirai même probablement que « c’était génial », le temps aidant à oublier les heures de souffrance, la météo, ce supplice causé par des doigts gelés, pour ne garder en tête que les moments magiques. Le sentiment d’accomplissement, de dépassement de soi qui ressort d’une telle aventure et total. Il ne donne qu’une envie : recommencer.

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Re: Carnets de route

Messagepar Panzer » 21 Mai 2017, 20:02

Super CR, bravo encore, ça se place déjà parmi l'exploit de l'année. 8)

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Re: Carnets de route

Messagepar Cyro » 21 Mai 2017, 20:08

Superbe CR Leinhart :love:

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Re: Carnets de route

Messagepar Gringo » 21 Mai 2017, 20:14

Superbe oui. Sacré courage. :ok:

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Re: Carnets de route

Messagepar Samuel » 21 Mai 2017, 20:14

Enorme 8)

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Re: Carnets de route

Messagepar Tilo » 21 Mai 2017, 21:07

Jenth a écrit:CR TOUR 2017 Étape 7 : Troyes / Nuits-Saint-Georges 214KM (70km effectué)



J'aime bien ton CR

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Re: Carnets de route

Messagepar Tilo » 21 Mai 2017, 21:14

Beau CR Leinahrt, il est de qualité 8)

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Re: Carnets de route

Messagepar Nico32 » 22 Mai 2017, 19:34

Je l'aurais moins attendu si tu ne nous avais pas promis un truc épique à ton retour :mrgreen:
Encore félicitations, et les photos sont superbes :o

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Re: Carnets de route

Messagepar Will_Valverde » 01 Juin 2017, 19:53

CR Maurienne 2017


Comme chaque année depuis 2014, j'organise un WE de vélo étudiant pour faire découvrir des cols mythiques à des passionnés de vélos ou bien des débutants qui n'ont jamais mis les fesses sur un vélo de route.
Après le Ventoux et l'Alpe d'Huez, on s'attaquait cette année à la Maurienne. J'appréhendais les conditions et l'ouverture des cols, on aura eu un WE de rêve ... et cette année, le niveau était relevé.

Jour 1 : Col du Chaussy par Montvernier
https://www.strava.com/activities/1005321070

Le jeudi après-midi après une journée de bagnole, nous voilà 24 cyclistes face aux lacets de Montvernier.

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J'ai déjà effectué cette montée, mais j'ai un peu peur d'avoir les jambes lourdes du trajet.
Ca démarre plutôt vite et je me retrouve au sommet des lacets avec les tous meilleurs mais avec un coeur à 200%. Je me laisse glisser derrière pour récupérer mais je finirai finalement le col avec de très bonnes sensations en devançant mes acolytes.
1000m en 1h sur un col aussi irrégulier et rendant mal, à l'heure chaude sous un soleil de plomb et avec le trajet dans les jambes : je me rend compte que j'ai des jambes de feu ce que la suite du WE confirmera.

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Jour 2 : Croix de Fer par le Mollard
https://www.strava.com/activities/1006493758

Avec deux potes du groupe, on a déjà décidé du programme du lendemain, donc aujourd'hui, il faudra en garder sous la pédale. Forcément, ça flingue dès le pied du Mollard dans le groupe des costauds et on monte ce col plus vite que le Chaussy la veille :moqueur:

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Un petit bug Garmin dans la descente (vraiment la cata ce Edge 820) et me voilà en direction de la Croix de Fer. C'est mon col (par ce versant) préféré, je ne saurai dire pourquoi, et j'ai toujours de superbe sensations. Ce jour-là, ce sera bien le cas, car je finis en trombe pour rattraper tous ceux partis plus tôt dans la journée. J'ai même le meilleur temps du groupe, devant mon pote malade qui s'avale des 300km ...

Petit pic-nic apporté par la bagnole et descente à fond. D'ailleurs je descends pas trop mal, mais je pensais pas pour autant finir 11e sur strava de la descente du Chaussy :shock: Mais c'est vrai que je prends un sacré kif dans les descentes :noel:

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Jour 3 : Petite Marmotte
https://www.strava.com/activities/1008123740

Quand j'ai appris que le tunnel du Galibier serait ouvert, je n'ai pas pu m'empêcher de rêver à un enchaînement Galibier-Croix de Fer. Un rêve pour moi qui n'ai jamais enchaîné de cols durs avant l'an dernier. Ce délire va donc se réaliser avec le gazier du groupe et son pote. Journée de kiff ultime sur le vélo, je n'ai pas vu passer le temps, je n'ai jamais regardé l'heure, et j'en ai même oublié l'étape du Giro :moqueur:
Bref, une aventure dans un décor surréaliste au milieu de congères de plus de 3m (4-5m dans l'avant dernier virage) au tunnel du Galibier. Malgré un coup de chaud violent dans les premières pentes de la Croix de Fer qui m'oblige à m'arrête au Rivier pour plonger ma tête dans la fontaine, je finis pas si mal, avec des frissons dans les derniers hectomètres de la Croix de Fer.
Ca ne m'a donné qu'une envie : faire la vraie Marmotte et recommencer les gros raids en Montagne.

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Je suis à droite ;)


Jour 4 : Col de la Madeleine
https://www.strava.com/activities/1009208019

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Après le menu de la veille, les jambes sont lourdes. J'ai une douleur au genou gauche qui s'est déclenché le vendredi après-midi et qui m'a cloué dans le Télégraphe la veille, et je sens que je vais souffrir. Heureusement, ça démarre le col cool (par contre sur le plat à l'aller et au retour ça bourrine). Je vais progressivement accélérer dans le col pour me trouver des jambes finalement pas trop mal. Mais sur la fin, c'est le mental qui va jouer. Il faut dire qu'après 4 jours en montagne, 15h40 de selle en l'espace de trois jours, 346km et 9200m de D+ (soit près de la moitié du D+ de ce début d'année), j'arrive au bout.

Je n'avais as particulièrement d'objectif sur ce WE si ce n'est passer la barre des VAM, ce que j'ai fait (pas officiellement mais bon ...), et faire cette mini Marmotte avec 4000m de D+. Avant août dernier, je n'avais jamais fait plus de 2500m de D+ en une journée, je me rends compte que j'ai vraiment passer un cap.

C'était ma troisième fois en Maurienne, et mon 6e Galibier, mais à chaque fois, c'est un réel plaisir.
Modifié en dernier par Will_Valverde le 03 Juin 2017, 14:15, modifié 2 fois.

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Re: Carnets de route

Messagepar Panzer » 01 Juin 2017, 20:38

Joli CR, y a juste les photos qui déconnent.

Ca se voit que tu as passé un bon cap depuis l'an dernier.
Je te comprends, le Galibier, c'est vraiment un col à part, tellement au-dessus du lot dans ce coin, et pourtant y en a de jolis. :heureux:

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Re: Carnets de route

Messagepar Nico32 » 01 Juin 2017, 22:03

Super ! Ce sont uniquement des étudiants de ton école (les Mines Paris ? J'ai un doute...) ou c'est plus ouvert ? Super sympa d'organiser ça en tout cas :o

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Re: Carnets de route

Messagepar Samuel » 02 Juin 2017, 08:22

Un beau WE :ok: Et en effet, si t'as suivi tes deux potes de la Velostar tu devais pas être trop mal :noel:

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