Bon allez l'heure de mon CR
Fin de préparation :Comme je l'ai dit ailleurs, j'ai axé toute ma préparation sur 2 semaines. J'avais prévu 3 sorties de 100km au milieu de mes shifts Deliveroo. Finalement, je n'ai fait que le Tour de Chartreuse (117km) et une 2e journée à 100km avec une sortie de 65km en montagne. Et pas grand chose en 2e semaine.
En effet, pendant mon shift du mardi midi, je réalise que mon pédalier a du jeu, en particulier sur le 39 où le plateau tourne de manière voilée
Passage chez le vélociste qui me commande un nouveau boitier à monter le jeudi, puis finalement le vendredi après un souci de livraison. Entre temps, il m'a resserré le pédalier : moins de jeu mais plus de résistance. Suffisant en tout cas pour mes shifts et pour aller faire
la montée du Col de Porte le jeudi. Une belle montée dans le vent où je bats mon PR sur Vence : les sensations sont bonnes.
Le vendredi je récupère le nouveau pédalier et là c'est la libération : j'ai l'impression de voler sur le plat
J-1 :Samedi, je suis bien crevé de ma semaine et mon coprs est en mode lézard. Résultat je sors tard de table et je me tape une drache d'enfer en allant finaliser mon inscription chez l'orga. C'est finalement pas plus mal d'avoir programmé le BRM le dimanche
Gringo arrive à mon appart peu après 18h, pile au moment où je finis l'entretien de mon vélo. Après avoir délatté sur les éminents membres du présent forum, on passe à table avec un classique steak-pâtes. La MT1 de Luxembourg-France fait ensuite office de fond sonore pendant qu'on prépare nos sacs respectifs et mes sandwichs. Il faudrait pas être en retard demain.
Passage à l'heure d'été oblige, le réglage des horloges impose la vision terrifiante d'un "prochain réveil dans 4h15"
Bon perso, je suis incapable de dire si j'ai dormi. Peut-être 1h30 mais j'ai plus l'impression d'avoir somnolé 4h. Le réveil est tout de même facile et ça déjeune dans le calme, avant un dernier coup de pompe (7.5bar). On part tout de même à la bourre (3h52), mais pour une fois c'est pas de ma faute mais de Gringo qui cherche ses surchaussures ailleurs que sous son nez
4h08 : C'est parti !50 BRMistes sont au départ dont quelques femmes et vélo-couchés. Le départ se fait tranquillement sur les digues et avenues de Grenoble. Plus tranquille que l'an dernier d'ailleurs. Cela nous permet de recoller facilement alors qu'on s'est arrêté pour checker nos freins qui sifflaient dans la nuit.
Dès le pied du col du Fau, un mec part seul devant : personne ne l'a prévenu que ça dure 300km ?
Derrière, un groupe de 10-12 cyclos se forment dans lequel je tiens facilement en surveillant mon cardio régulièrement. Question ambiance : la nuit est parfaitement noire, bien plus que l'an dernier où la lune et le halo des nuages maintenaient un peu de lumière. Sur la fin du col, je m'isole d'ailleurs un peu en tête pour profiter de ces conditions. So far, so good
Sur le plateau entre Fau et le pied de la Croix-Haute, deux mecs se dévouent pour faire le train. Ça me change de l'an dernier où le seul gars qui m'accompagnait m'avait déposé dans une bosse me forçant à attendre les groupes derrière. Toutefois, je me rends compte au fil des bosses que j'ai un mal de dos insidieux qui monte
Et ouais j'ai complètement oublié de m'étirer vendredi soir et la veille
Va falloir faire avec alors qu'il reste 250km...
Au pied de la Croix-Haute, notre groupe n'est plus que de 8-9 personnes et se coupe en deux. Gringo s'arrête pisser et je fais alors l'effort pour reprendre les 4 de devants. Il y a là Baptiste, le fameux blogueur de cestdurlevélo avec qui je discute un peu. Une rencontre bien sympa et que j'attendais depuis longtemps car c'est son blog qui m'a donné envie de faire des BRMs
Gringo revient finalement assez tard (il déclare s'être arrêté longtemps
) tandis qu'on arrive sur le sommet du col où les arbres sont enneigés
Le compteur indique 0.8°C mais sur le moment je n'ai pas si froid. Les camarades annoncent avoir senti du verglas sur la fin de la montée et décrète une descente prudente. Perso je la crains moins que l'an dernier et finalement ça va se retourner contre moi. Très vite on rentre dans une nappe de brouillard qui intensifie le froid : les mains congèlent immédiatment, la buée s'installe sur mes lunettes. Je ne vois plus rien et je ne peux plus freiner : tout est sous contrôle
Et soudain alors qu'on vient d'entrer sur les routes rugueuses de PACA : ploc, ploc, crevaison à l'arrière
Je ne sais pas trop comment on s'est débrouillé mais malgré les mains gelées, on n'a mis que 15' à changer cette foutue chambre à air. Toutefois, tous les costauds du premier groupe sont désormais loin devant.
Nous arrivons finalement à Aspres-sur-Buëch, où malgré l'arrêt au panneau pour constater la réponse au 1er contrôle, nous préférons nous engager dans le meilleur café du coin pour pointer... et se réchauffer avec du kawa
Parmi les arrivants, je note la présence de plusieurs gars que je sais moins bons rouleurs que nous. Dans ma tête, cette fin de brevet va ressembler à un Baracchi.
Après 15-20' de pause, on repart pour le troisième et dernier col : Cabre. Les paysages sont magnifiques dans la vallée avec la neige sur les hauteurs. Et dans le col c'est encore plus beau.
Heureusement parce que côté sport, rien ne va plus. Mon compteur s'est éteint pendant la pause café et refuse de se relancer. L'idée qu'il soit cassé me mine l'esprit et je n'ai aucun repère sur la montée
Le mal de dos devient vraiment intense et j'ai l'impression d'être totalement garé à 8-9 km/h sur ce que je sais être du 6-7%... Quand soudain le compteur se relance à 1500m du sommet et je constate que je navigue à 11-12. Et tout de suite ça va mieux, c'est facile le vélo
Au sommet on marque une pause avant de se lancer dans la descente. La route est mouillée par la neige fondue, on arrive dans la première épingle à l'ombre et merde c'est plus que mouillé là... A peine le temps de crier "verglas" et je m'étale à 30km/h.
Ma première pensée est pour le vélo qui heureusement a glissé du côté non-dérailleur. Le bonhomme va bien, juste un choc à la main et un bleu à la malléole. Gringo aussi se relève et après avoir réglé nos freins et perdu 10 nouvelles minutes dans l'histoire on repart pour une descente tranquille mais désormais sans danger...
De retour sur le plat, on décide d'embrayer pour rattraper les participants qui nous sont passés devant pendant la chute. On se fixe l'objectif de Luc en Diois (10km) mais finalement dès le 5e on met la main sur les 2 premiers. Ils ne s'accrochent pas au contraire du 3e, qui se révèlera très généreux dans l'effort. Gringo l'a surnommé Escartin mais dans ma tête c'était plutôt Zakarin car bien qu'il soit trappu, le mec prend ses relais un peu n'importe comment : il te laisse que 50m en tête et cherche toujours à se replacer 2e. Au fil des kilomètres notre trio de machines rattrape trois autres gars : un triathlète qui ratonnera à l'exception de deux relais plus qu'appuyés, un mec qui s'économisera 30km avant de venir rouler sur les 10 derniers et enfin le Master of Ratons, qui a fait 50km en dernière place du groupe sans jamais la lâcher
Malgré tout je garde un bon souvenir de ce passage : 2h à 35 de moyenne et encore j'étais bien handicapé par mon mal de dos pour prolonger les relais. A tel point que je m'étirais à chaque fois que je m'écartais, ce qui m'a d'ailleurs valu de reboucher le trou 2-3x parce que la Tortilla dromoise refusait de le combler
On s'arrête finalement à Crest pour manger : ça tombe bien j'ai chaud et faim et surtout il faut que je m'étire les lombaires car j'en peux plus. La pause est longue par ma faute et on l'allonge encore plus en cherchant une fontaine dans cette bourgade très accueillante. Un rapport avec le fait qu'on est chez Mariton ?
Le bidon patiemment conquis sera vite consommé sur la portion suivante vers Chabeuil. L'an dernier le vent de face l'avait rendu interminable mais là avec l'ami Gringo, les faux-plats passent crème
Ça se complique un peu plus après Chabeuil où la route rugueuse rend moins bien. Je prend alors ma meilleure décision de la journée en forçant une pause pour enlever une couche. Revenu dans une bonne zone de confort, je retrouve tout de suite du poil de la bête. On bascule alors vers Hostun où nous sommes bloqués par une kermesse anti-cyclistes
Un détour et 3 arrêts GPS plus tard, on retrouve la route vers St-Nazaire-en-Royans où on note mentalement la réponse au 3e contrôle. Pas de pause dans le PMU du coin cette fois : j'évite ainsi tout spoiler de Gent-Wevelgem et surtout la coupure qui avait signé le début de ma fin l'an dernier.
Là au contraire je me sens bien. On a passé les 230km mais j'enquille encore à 32-33 sur le plat.
Sauf que le Gringo a encore de la réserve et renchérit avec du 35 km/h où ça devient limite
Une dernière pause bidons passée, on arrive sur la digue aka la bannière des 37 derniers kms. Tout de suite, le cerveau débranche puisqu'on ne roule plus qu'à 28 km/h. Au fil des minutes, je dois pourtant me rendre compte que c'est pas qu'un problème de cerveau mais d'énergie. Je n'ai nullement mal aux jambes (e dos, le cou, la main gauche par contre...) mais je suis vidé.
La grosse fringale me tombe dessus, celle qui fait passer tout ce que j'ai appelé "fringale" précédemment pour un petit coup de moins bien. Je ne pédale plus qu'à 24-25km/h et le compteur me trolle en affichant "Batterie Faible"
A ce moment je regrette la non-pause de St-Nazaire, là où je m'étais enfilé un coca et un ultime sandwich l'an dernier.
Ce final est interminable et rendu stressant par la foule (et les gosses) présents sur la digue : si la tête pédale, elle peut difficilement gérer un 2e truc en ce moment.
Le salut viendra du compteur de Gringo qui nous signifie qu'on a passé les 300kms
Au moins, ça s'est fait... Et puis rapidement, le pont d'Oxford apparait enfin, suivie de la remontée de nos Champs-Elysées, la boîte aux lettres : c'est fini.
Bilan :Allez quelques chiffres et données pour relativiser la journée
308 km : 4 de plus que l'an dernier, merci l'appart plus lointain et la "fontaine" de Crest. Record battu donc
1h : Le temps gagné par rapport à l'an dernier. L'absence de vent joue beaucoup alors que les pauses (dont beaucoup de subies) ont été aussi nombreuses et ont souvent coupé le rythme. C'est clairement sur cet aspect que j'essaierai de progresser sur mon prochain 300...
4 : Le nombre de sandwich mangés seulement (+4 barres de céréales, 6 pâtes de fruits, 2 pompot' et 1 banane). J'ai clairement fauté au niveau de la bouffe cette année par rapport à l'an dernier. Les pauses subies n'ont pas aidé : j'ai plus été occupé à régler des problèmes qu'à en prévenir
2.5bar : la pression de mon pneu arrière à l'arrivée
1000km : la barre atteinte sur 15j avec cette sortie
1 : Le nombre de leçon à retenir pour ceux qui veulent se lancer en longue distance. Et la leçon c'est la volonté. Il y aura forcément un ou plusieurs coups de mou sur l'épreuve aussi il faut être prêt à les affronter le temps que ça passe.
Et pour finir un gros merci à Gringo d'avoir embarqué dans l'aventure. Les galères c'est moins chiant à 2 et les séance de watts ont bien compensé ça