Au-dessus des 2000
Il y a les cols "normaux" et ceux qui dépassent les 2000m. Passer cette barre, c’est très souvent quelque chose de spécial. Souvent pour la difficulté, le dénivelé, le manque d'oxygène mais surtout pour les paysages, sauvages et plus minéraux. Quand on va au-dessus des "2000", c’est très rare d’être déçu, à quelques exceptions. Et ma semaine dans les Alpes l'a confirmé, j'en suis sorti avec des étoiles dans les yeux mais aussi beaucoup de difficultés.
Les coups de moins bien pardonnent difficilement. Je n'étais pas venu faire péter mes records de performances, avec l'altitude les chiffres baissent. Mais c'est toujours frustrant de se préparer dur, et de pas pouvoir donner son max. J'étais un poil fiévreux en début de séjour, rien de bien méchant mais c'était certainement suffisant pour me plomber les premières sorties. C'est allé un peu mieux ensuite, sans être génial. Je pense que c'était aussi de trop, de faire cette semaine dans les Alpes, seulement 3 semaines après ma grosse semaine dans les Pyrénées. J'avais eu un peu le même problème l'an dernier après ma semaine dans les Pyrénées, avec un passage à vide dans le mois qui a suivi...
Le moral et le niveau étaient très bas sur les deux premiers jours, mais c'est allé mieux ensuite, avec une progression au fil des jours. J'ai aussi accepté de ne pas avoir mon niveau, et me suis mis dans la peau d'un simple et pur cyclotouriste sur les dernières sorties, avec le seul but de monter au sommet et de profiter de ses paysages assez magiques.
Ma seule déception parmi les 11 "2000" grimpés est le Col de Sestriere. Émotionnellement difficile après le Finestre, au milieu de toutes ses voitures et dans un paysage de "station de ski".
Les "2000" en-dessous du lot
Vars, Allos, Bellecombe
Ce sont des montées qui ont de l'intérêt, mais j'en attendais mieux pour des 2000. Depuis les Gleizolles,
Vars n'est pas un montée très passionnante jusqu'à ses 5 difficiles derniers kms, dégagés et rocailleux.
Depuis Colmars,
Allos a été un bel enfer, il était sur le papier un des cols les plus simples mais a été celui qui m'a le plus fait souffrir. J'ai souvent eu des défaillances car mon niveau était trop bas, mais la motivation était présente pour pas craquer. Sur Allos, tout m'a lâché, mon pire moment en montagne. La montée n'est en plus pas super agréable, sur une route large et plutôt passante sur la première moitié du col.
Bellecombe est une montée très difficile. Il y a ce kms en descente à 5kms du sommet, mais sinon on est toujours sur du 9/10%... Première partie en forêt pas très enthousiasmante. La vue se libère une fois les 2000 passés et le sommet offre une belle récompense.
Les 2000 qui tiennent leur rang
Iseran, Cayolle, Champs Lombarde
L'
Iseran est techniquement le col le plus haut de France. Le paysage est typiquement Alpin tout le long. Il est malheureusement victime de son succès et de son prestige. La difficulté n'est pas immense si on part de Bonneval-sur-Arc, mis à part cet avant-dernier kilomètre à 10%, qui peut faire mal avec l'altitude.
Depuis Barcelonnette,
Cayolle est un col long de 30km, où on peut apprécier une belle diversité dans le paysage. On commence d'abord à traverser des gorges assez imposantes, et plus on monte, plus le décor devient minéral, sauvage, avec très peu de traces humaines. Sur le papier, 4% de moyenne seulement, en forme, c'est une très belle ballade.
Champs (depuis Saint-Martin) est ma plus belle surprise de ce séjour, je m'attendais à un col assez médiocre dans les bois. C'est le col de la première partie, mais ce final, ses 6 derniers kms sont peut-être les plus sauvages parmi les "2000" français. La circulation est presque inexistante, on est seul au monde dans un décor à la fois vert et rocailleux. La difficulté est également au rendez-vous malgré ce que peut indiquer le profil, avec de longues portions difficiles, régulières et pentues.
Le versant Italien de la
Lombarde est un régal. Il va satisfaire les fans de lacets, très présents sur le pied, en forêt puis sur un décor rocailleux. Les 10 premiers kms de ce col sont très exigeants, on est pratiquement tout le temps en prise à 9/10%, sur une route parfois en état médiocre.
Arrivé vers Sant'Anna di Vinadio, on entre dans une route parfaite en forêt, avant de découvrir ce sommet magistral. Plus de 21kms de montée, près de 1500m de D+, c'est monstrueux.
Les 2000 magiques
Bonette, Fauniera
Magique, c'est bien le mot pour décrire ses deux cols. Ils sont un peu attrape-nigauds avec leur panneau "plus haute route d'Europe"... malgré tout, depuis Jausiers, la route vers la
Cime de la Bonette est réellement magnifique, il est selon moi le plus beau col des Alpes Françaises. C'est sublime pendant 15kms non-stop.
La route n'offre pas de pourcentages démentielles, mais sa longueur en fait une montée très redoutable.
La
Fauniera (par Demonte) est mon coup de coeur de ce séjour, mon col préféré de cette semaine. Je ne sais pas s'il est plus beau que la Bonette, mais son côté sauvage me le rend au-dessus avec très peu de circulation et des constructions presque inexistantes sur les 15 derniers kms. La difficulté est au rendez-vous, 25km d'ascension, plus de 1500m de D+. C'est un col très irrégulier, avec des portions interminables à plus de 10%. La Fauniera représente tout ce que je recherche dans un col, un challenge sportif énorme et une atmosphère exceptionnelle
L'inclassable : le Finestre
Le Finestre ne peut rentrer dans aucune case. On est vraiment dans une difficulté hors-norme. On le sait dès la première rampe qui vient nous accueillir durement, et donner le ton pour la suite. Presque pas de répit. Un col suffocant, qui ne pardonne pas de mauvais jours. C'est un Relais du Chat + la partie non goudronnée infernale, atypique. Un col pour tester ses limites.
C'est équivalent à un Angliru en terme de difficulté, bien que différent. J'ai ressenti la même chose. On se sent un peu comme un coureur pro. J'ai été encouragé par chaque personne croisée. Applaudi. Au sommet, les gens voulaient poser avec moi en photos. Y a vraiment très peu de cols, qui te font ressentir ça.
C'est probablement fini pour 2017 les cols. J'ai encore des rêves et des objectifs dans la tête, que j'espère pouvoir réaliser prochainement :
- Grimper au sommet du Pico del Veleta et dépasser la barre des 3000.
- Retourner dans les Asturies, grimper au sommet des Lacs de Covadonga, explorer plus profondément les montagnes Asturiennes, seul inconvénient, la pluie très présente dans la région...
- Grimper le Col du Nivolet
- En Suisse, Martigny pourrait être une bonne base pour grimper Finhaut-Emosson, la Forclaz, le Sanetsch, Champex etc. J'aimerais aussi grimper le Saint-Gothard et la Grosse Scheidegg, et les alentours.
- En France, le Beaufortain manque à mon tableau de chasse.