Vu le nombre de photos que j'ai mis, soyez patients sur le chargement de la page
Toujours dans l'optique de découvrir ma nouvelle région, les gorges de Cians et de Daluis étaient dans mon viseur ce samedi. Levé tôt pour un départ à 8h30 d'un petit parking en bord de départementale, juste à côté de Malaussène. Pas la ville proche du Ventoux, simplement un minuscule village à une heure d'Antibes.
Le départ se fait en redescendant ladite départementale sur trois kms. Une grosse trois voies pas très sympathique mais j'arrive vite à un petit pont qui marque l'entrée dans les gorges de la Mescla.
Elles correspondent en fait à la partie finale des gorges que j'ai suivies en voiture pour venir, ou pour aller à la Bonette la semaine dernière. Elles n'en restent pas moins belles tout en proposant des faux plats montant entrecoupés de quelques uns descendants. Un terrain idéal pour s'échauffer, donc, tout en profitant de l'ambiance et la fraicheur qu'apportent les gorges de bon matin.
Le seul point négatif est la route qui pourrait être passante, mais ce n'est pas le cas avant 9h (et la Bonette est en plus fermée ce samedi). Les gorges s'ouvrent peu à peu, le soleil arrive et les choses sérieuses commencent après 13 kms. Je traverse la Tinée pour taper dans 4 kms à 7%, dont le premier autour de 10. Vu ce qui m'attend, je ne me mets évidemment pas dans le rouge. La route s'élève en alternant les portions ombragées et celles plus ouvertes qui laissent apparaitre la moyenne montagne. Mieux encore, la route est en bon état et je ne vois pas une voiture dans la montée. Je suis tranquille dans la montagne, il ne fait pas encore chaud, le bonheur quoi
Arrivé à Tournefort, je continue sur une petite route plutôt descendante qui traverse trois villages sympathiques, toujours dans la même ambiance bucolique. Il faut faire attention à quelques gravillons, mais rien de bien méchant. Après 10 kms, bien que je l'aie évitée jusque-là, je dois me résoudre à plonger vers le Var et sa grosse départementale passante. Autrement dit, 7 kms en faux plat montant assez pénibles. Mais il faut bien passer par là et j'essaye d'envoyer un peu pour que ce soit vite fini. Un coin de mon cerveau me rappelle que je fonce droit sur le col et que je pourrais le regretter, mais peu importe. D'ailleurs j'y suis déjà, il est temps de s'engouffrer dans les gorges de Cians.
Il s'agit d'une montée de 28 kms pour rejoindre la station de Valberg, proche du Col de la Couillole testé sur Paris-Nice en début d'année. Elle se décompose en 4 parties :
. 8 premiers kms dans les gorges inférieures où la pente oscille entre 2 et 5%
. Puis 8 kms plus durs dans les gorges supérieures où on titille régulièrement les 10%
. Sortis des gorges, de nouveau une portion plus roulante de 5 kms presque jusqu'à Beuil
. Enfin une dernière partie pour rejoindre Valberg, où les portions entre 5 et 7% sont entrecoupées de quelques replats.
Bref, peu importe car je ne suis pas venu ici pour souffrir, okay ? Ce qui m'intéresse, c'est l'aspect touristique et je suis de suite servi. Moins connues que les gorges supérieures, les gorges inférieures du Cians offrent tout de même de beaux paysages. La route est bizarrement peu fréquentée, je ne m'en plains pas
En en sortant, j'aperçois déjà les montagnes rouges au loin, caractéristiques des gorges supérieures, et je me force à ne pas accélérer le rythme malgré mon impatience. Ce n'est pas que le paysage est moche, bien au contraire, mais ça souffre quand même de la comparaison avec ce que je viens de quitter et surtout ce qui m'attend. Après 8 kms, on s'élève brusquement avec un bon km à 10%. Les habitants y ont d'ailleurs installé un grand sapin de Noël bien décoré, et orné de multiples peluches de toutes tailles. Oui, en plein été Bref, je prolonge cette première rampe par quelques hectomètres sur un chemin de chèvre plus proche des 15%, histoire de voir de haut ce que je viens de traverser.
En redescendant (à pied) à l'embranchement, le paysage a complètement changé par rapport aux gorges inférieures.
Le Cians coule 50m en contrebas, mais revient petit à petit à notre hauteur à mesure qu'on s'élève dans les gorges supérieures. L'ambiance est à la fois feutrée et impressionnante. Je me félicite d'ailleurs de faire ma boucle dans ce sens. Il y a de nombreux gravillons ou pierres sur la voie de la descente, et surtout je n'aurai pas pu profiter des paysages comme je le fais actuellement. Je monte en effet tranquillement, du moins autant que possible sur des pentes proches des 10%
La route traverse par ailleurs plusieurs tunnels. Ceux-ci ont été construits après que la route historique ait été jugée trop dangereuse. Cependant les piétons et vélos peuvent toujours contourner les tunnels par cette voie, et on plonge ainsi vraiment au cœur des gorges. La route est dégueulasse (caillasse due aux éboulements), je commence à regretter de n'avoir qu'une chambre à air de secours, et me résout à souvent descendre du vélo. Mais la beauté du lieu me fait facilement oublier mes tracas. Je ne reviens pas de pédaler dans ce cadre
Cette traversée dure 8 kms. Je quitte finalement les gorges à regret pour récupérer la portion plus roulante. Vent de dos, je me fais quand même plaisir. Niveau touristique, le paysage change encore radicalement (difficile de faire autrement en même temps, vu ce que je viens de quitter). L'air s'est rafraichi, les cigales se sont tues, les conifères parsèment désormais des prairies verdoyantes. Pas de doute : on entre dans la haute montagne !
En été, la station est bien paisible. Dans un sens ça me fait penser aux montagnes suisses. Après une pause quiche lorraine, je m'attelle à monter jusqu'à Valberg en galérant face au vent. Je suis en plus sur une autoroute, ce qui n'améliore pas l'impression visuelle. D'ailleurs, si le vent souffle régulièrement dans cette direction, je suis désormais plus sceptique sur la pertinence d'une arrivée à Valberg après la Couillole pour des pros. Bref, arrivé à la station, je réalise que je suis parti depuis 5h et n'ai pas encore fait la moitié de mon kilométrage Mes débuts dans la Mescla me paraissent déjà très loin... Heureusement, plus de 80% du D+ est derrière moi. C'est d'ailleurs l'heure de plonger dans la descente vers Guillaumes. Pour cela je délaisse la route principale, plus passante, pour faire un détour par Péone. Cette route est également en bon état (un peu moins dans sa deuxième moitié), un peu technique en son milieu, et surtout plus tranquille et plus ouverte, ce qui offre de superbes panoramas sur les montagnes.
Le milieu de la descente n'est pas mal non plus, par exemple le village de Péone au milieu des roches.
Et la fin également.
Arrivé à Guillaumes, les jambes sont encore bonnes. Je m'autorise une petite montée vers un vestige de château planté sur un rocher, histoire de voir ce vers quoi je m'engage.
Derrière moi, le dessin des roches est vraiment particulier. Ce sont souvent des pitons qui sortent un peu de nulle part. Toutes proportions gardées, cela me rappelle les Dolomites. Bref, je remplis une troisième et dernière fois mes bidons et m'élance vers les gorges de Daluis. Contrairement aux gorges de Cians où l'on est au pied des falaises, cette fois on domine le Var qui coule une centaine de mètres en contrebas. J'ai du coup trouvé ces gorges encore plus impressionnantes que ses consœurs de la vallée parallèle
Là encore toutes proportions gardées, cela fait penser aux canyons du Colorado. Je ne suis d'ailleurs pas le premier à faire ce rapprochement car les gorges de Daluis sont surnommées "le Colorado niçois". Comme précédemment, de nombreux tunnels ponctuent la route, plus ou moins longs. Ils sont cette fois à sens unique dans mon sens, tandis que la voie d'en face en contourne la plupart avec une vue imprenable sur les gorges. Forcément, je ne résiste pas à l'envie de faire demi-tour. Je redescends les gorges "par l'extérieur" jusqu'au fameux Pont de la Mariée (en photo), spot de saut à l'élastique.
Ces gorges ont un gros potentiel touristique, pourtant (à mon grand bonheur), elles restent méconnues. Des motards parcourent cette route mais les voitures sont très peu nombreuses ! Tant mieux Je les parcours une deuxième fois dans le sens montant, et sorti des tunnels je me fais la promesse d'acheter une loupiote. En effet ils ne sont pas éclairés, et je n'étais clairement pas serein dans les plus longs (autour de 200m). Bref, j'en suis à 100 kms de mon périple, et le dernier tiers consiste simplement à suivre le Var sur un long faux plat descendant... vent de face dans un premier temps
La première douzaine de kms confirme cependant l'absence de voitures, car je peux compter sur les doigts d'une main celles qui m'ont doublé Je choppe ensuite la nationale venant de Digne-les-Bains. La circulation augmente, sans être déraisonnable, mais surtout le bitume devient parfait et je change de direction pour prendre le vent de dos. C'est un plaisir de rouler à plus de 40 dans un faux plat quasiment sans effort. J'arrive donc vite à Entrevaux, dernière étape touristique de mon parcours. Ce village possède un agencement atypique, à flanc d'un gros bloc rocheux jusqu'à sa citadelle au sommet, bien sympa. (avec mon aller-retour désormais habituel pour le voir de haut)
Il me reste alors 30 kms, la partie que je pressens logiquement comme la plus monotone de ma journée. Bon, je fais la fine bouche car le paysage reste nettement plus beau qu'en région parisienne Mais rouler sur une grosse deux voire trois voies n'est pas l'idéal. Je me motive en essayant de rester autour des 40 km/h (j'ai une moyenne ridicule à remonter ). Malheureusement après 15 bornes, alors que je reste dans la même vallée rectiligne, le vent tourne et devient de face Je perds quasiment 10 km/h, plus dans les quelques faux plats montant où je dépasse à peine les 25. Bref, cette dernière demi-heure est bien longue et c'est avec joie que je retrouve enfin ma voiture Deuxième satisfaction : en me retournant je vois un ciel tout noir là où j'étais il y a une heure, alors que la météo ne prévoyait pas d'orage. Il était temps de rentrer
https://www.strava.com/activities/1062607868
Au final, cela donne environ 145 kms (j'ai oublié de relancer le gps par moments, et il m'a régulièrement perdu dans les gorges encastrées) pour 2300m D+. Très satisfait d'avoir tenu la distance, bien mieux que mon premier 150 en Chevreuse. Ça m'offre de belles perspectives pour mon séjour en Haute-Savoie
C'est la troisième fois que je viens dans ce coin (après la Madone d'Utelle et la Bonette), et à chaque fois j'ai été conquis ! Pour 5/6 jours de vélo, se poser à Isola ou Saint-Etienne/Sauveur-de-Tinée me parait un très bon plan alliant challenges sportifs et sorties touristiques Dans le coin, j'ai encore la Couillole, la Lombarde, Moutière, Saint-Martin et Turini dans le viseur... il y a de quoi faire !