Écrit le par dans la catégorie Les forçats de la route, Portraits.

Coureur cycliste est déjà un dur métier. Mais courir avec un diabète, qu’est-ce que ça change ? Nous avons abordé cette situation avec Charles Planet, 22 ans et dans sa quatrième année dans la structure de Novo Nordisk.

Remettons d’abord les choses dans leur contexte. Comme l’explique Charles Planet, « le diabète est une maladie génétique qui touche le pancréas, l’organe qui produit naturellement de l’insuline afin de réguler le sucre dans le sang. Une personne diabétique de type 1 voit son pancréas s’arrêter de fonctionner et doit donc s’injecter manuellement de l’insuline via des stylos, ou encore une pompe à insuline ». Pour un malade non-sportif, cela correspond à quatre doses quotidiennes : trois à action rapide pour compenser les apports de chaque repas et une dernière qui régule la glycémie sur 24 heures.

Cependant, le diabète est une maladie complexe dont le traitement varie d’une personne à l’autre, d’une saison à l’autre, d’une heure de la journée à l’autre… et bien sûr selon l’activité physique, qui consomme naturellement des glucides. Bref, un joyeux casse-tête pour un novice. Mais pas pour notre jeune lorrain, diabétique depuis l’âge de 12 ans. « Le diabète n’est pas une contrainte au quotidien. Je l’ai totalement accepté et aujourd’hui, ma gestion est très bonne. Je me connais par cœur. » Une bonne gestion que l’on imagine optimisée par l’environnement de Novo Nordisk ? Certes, mais ce n’est pas le principal pour lui. « J’ai toujours su très bien gérer mon diabète. C’est super intéressant de voir de quelle façon les autres coureurs gèrent leur maladie, mais chaque personne est totalement différente. On ne peut donc pas prendre exemple sur un autre. Mis à part l’aspect médical, l’équipe m’aide surtout à progresser sur l’aspect sportif. Le staff médical nous donne tous les conseils possibles pour la nutrition et nous soigne en cas de chute ou de problème physique. Cela m’aide à grandir en tant que coureur, à devenir plus fort chaque année et ainsi montrer ce qu’on peut réussir à faire avec le diabète. »

Gérer l’effort et le réconfort

Dans cette réponse, plusieurs aspects de son quotidien sont évoqués dont la nutrition. Ce facteur est déterminant dans la performance du cycliste et le bien-être du diabétique. Si Charles Planet nous explique manger « exactement comme les autres coureurs », quelques précautions doivent cependant être prises. « Je vérifie ma glycémie avant, pendant et après l’entrainement/course afin de manger en conséquence lorsque j’en ai besoin. Simplement, si mon taux de sucre est trop bas, je mange ou bois quelque chose pour me recharger en glucides. » Cette gestion est de fait assez intuitive et similaire au commun des cyclistes. Ainsi, bien que l’intéressé admette parfois faire face à « quelques soucis » à l’entrainement, le diabète ne le perturbe pas en course. Mieux que ça, il parvient à totalement l’oublier. « Je suis professionnel, donc je dois savoir gérer mon diabète dans n’importe quelle situation maintenant. En course, je me sens comme n’importe quel autre coureur. Je suis concentré sur mon travail, sur ce que je dois faire. Je n’ai jamais abandonné à cause de mon diabète car je n’ai pas de soucis lors des moments cruciaux en course. »

La ligne d’arrivée franchie, vient le temps de la récupération. Cette phase peut être plus difficile à gérer que la course en elle-même car le corps continue de consommer des glucides pour reconstruire ses réserves. Mais le phénomène varie évidemment selon de l’effort du jour. Il faut donc bien l’évaluer pour adapter en conséquence son traitement et son alimentation. En effet, pendant la nuit, les hypoglycémies sont toujours possibles et synonymes de réveils puis re-sucrages. À l’inverse, faire trop de réserves et dormir en état d’hyperglycémie n’est pas non plus bon pour la récupération – ni la santé. « Chaque détail est important pour être performant. Après une course je veille à manger des sucres lents comme du riz ou un sandwich avec un shake de protéines dans les 30 minutes qui suivent l’effort. C’est le moment où le corps absorbe le mieux les aliments. » Néanmoins Charles s’est habitué à cette gestion et ne la juge pas véritablement différente du commun du peloton.

S’adapter à l’environnement

Charles Planet

Malgré son diabète, Charles Planet participe aux plus grandes courses du monde comme Milan San Remo ou les Strade Bianche !

Tout au long de la saison, Charles Planet parcourt le monde. Entre la chaleur du Tour de Dubaï, l’altitude de certaines courses américaines ou les climats européens, les conditions environnementales sont très différentes. Selon l’individu, cela joue ou non sur les effets du traitement. Il faut donc savoir écouter son corps. « Chaque personne est différente. Nous arrivons toujours plusieurs jours, voire plusieurs semaines à l’avance sur une course, et notamment lors des courses en altitude pour s’habituer aux conditions. Lorsque je prends le départ de la course, je suis prêt à les affronter. » L’équipe Novo Nordisk est donc très présente pour amener ses coureurs dans les meilleures conditions possibles à l’approche des compétitions. Mais à l’entrainement, plus isolé, est-ce aussi facile de se gérer ? « Ils sont là si nous en avons besoin mais je n’ai absolument aucun problème à gérer mon diabète lorsque je suis seul. Sur le vélo, je suis face à moi-même en permanence et personne n’est là pour me dire quoi faire. Tu te dois d’apprendre. Pour moi la question ne se pose même plus ; tout est automatique. »

Un homme normal et heureux

Le sentiment d’être un coureur ordinaire dans une équipe ordinaire est finalement le fil rouge qui ressort de cet entretien. Une source de motivation, aussi. « L’un de nos objectifs au sein de la Team Novo Nordisk est justement de montrer à toutes les personnes qui sont atteintes de diabète qu’elles peuvent malgré la maladie réaliser leurs rêves. Je pense que nous le démontrons, en nous confrontant comme nous le faisons aux meilleurs coureurs du monde. » nous explique Charles, avant de conclure : « Je suis fier de ce que fais avec le diabète et j’espère montrer à toutes les personnes vivant avec la maladie que ce n’est en aucun cas une barrière. Aujourd’hui, je vis de ma passion, je cours les plus grandes courses au monde et partout dans le monde. Je suis soutenu pas toutes les personnes qui m’entourent. Je ne peux pas être plus heureux qu’à l’heure actuelle. »

Par Yoan Boussès.

CréditPhoto : @TDWSport 
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Re: Charles Planet : « Comme n’importe quel autre coureur »

Messagepar bouri » 19 Mar 2016, 18:10

Très sympa
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Re: Charles Planet : « Comme n’importe quel autre coureur »

Messagepar Médé33 » 20 Mar 2016, 16:41

Y a pas d'injection d'insuline en course ?
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Re: Charles Planet : « Comme n’importe quel autre coureur »

Messagepar Nico32 » 20 Mar 2016, 17:39

Médé33 a écrit:Y a pas d'injection d'insuline en course ?

D'un point de vue pratique, ça me parait impossible de se faire une piqûre avec un stylo (environ 10s avec l'aiguille plantée, plus toute la préparation) pendant que tu pédales oklm. Si c'est avec une pompe, c'est potentiellement faisable mais ça t'oblige à avoir un cathéter planté en permanence dans le ventre + un réservoir caché quelque part dans le maillot. Avec en plus tous les risques que cela peut entrainer en cas de chute...
D'un point de vue logique, l'insuline servant à faire diminuer le taux de sucre, il n'y a aucun intérêt à le faire en course car l'effort consomme déjà le sucre. S'injecter de l'insuline serait plutôt un moyen de se provoquer bêtement une hypoglycémie ;)
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Re: Charles Planet : « Comme n’importe quel autre coureur »

Messagepar ElWallon » 21 Mar 2016, 19:48

Très bonne question, n'hésitez surtout pas à en poser d'autres, un contact pourrait être pris avec le staff de l'équipe pour obtenir des réponses :heureux:
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