Écrit le par dans la catégorie Féminines, Hors-catégorie.

Cette saison Le Gruppetto vous fera vivre la saison de cyclisme féminin avec de manière régulière des résumés sur les compétitions récentes. Aujourd’hui, le début de saison extra-européen.

Tout comme pour les coureurs masculins, les féminines reprennent la compétition par une série de courses hors de l’Europe. Mais excepté le Tour du Qatar qui sert de première vraie réunion du plateau international, ces courses s’ancrent sur leur contingent local, ou au moins continental. Ainsi le Tour de San Luis accueille-t-il surtout le plateau américain et le Tour Down Under le plateau australien. C’est l’occasion pour un certain nombre de coureuses de s’exprimer sur un terrain délaissé par les coureuses européennes, en raison du décalage horaire et de la précocité de ces courses dans un calendrier féminin qui justifie peu une reprise aussi précoce. Saluons tout de même l’initiative de l’équipe Wiggle-Honda de se rendre au Tour Down Under pour encourager l’éclosion de cette course (UCI seulement depuis cette année) malgré les contraintes logistiques et financières.

Des révélations tardives ?

Katrin Garfoot impressionne depuis le début de l’année. Elle avait déjà montré une superbe condition l’an dernier. Devenue une des meilleure coureuse contre-la-montre en 2015 (4e aux championnats du monde et 4e du difficile chrono du Tour d’Italie), à l’aise également en moyenne montagne comme le montre sa 5e place à l’Emakumeen Bira (course par étapes au Pays Basque), elle semblait déjà devenir une coursière au profil intéressant, et un des fer de lance de l’équipe Orica Green-Edge. Mais outre un premier titre de championne d’Australie contre-la-montre assez logique, c’est sur le Tour Down Under puis le Tour du Qatar qu’elle s’est montrée à son meilleur. Sur le Tour du Qatar, elle se montra capable à la fois d’aller chercher tous les bons coups, mais également de devancer au sprint la pourtant très rapide Shelley Olds-Evans à deux reprises !

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Katrin Garfoot à l’attaque !

 

Intouchable sur son tour national, elle bluffa tout autant sur la deuxième étape du Tour du Qatar où elle termina en solitaire après avoir distancé tous ses adversaires dans le final. Et si piégée sur une bordure dès le départ de la 3e, elle échoua à remporter le général, sa manière de gagner aura marqué tous les suiveurs. Avec seulement deux années d’expérience dans le monde professionnel malgré son âge avancé, elle pourrait bien être la grosse révélation de la saison. A l’aise dans tous les registres, avec une incertitude sur ses capacités en haute montagne mais où elle ne sera certainement pas ridicule, elle pourrait compenser en partie la perte d’Emma Johansson pour son équipe en rivalisant avec les meilleures mondiales.

Dans un style différent mais avec des ressemblances sur le plan de l’âge et de la carrière tardive, Katie Hall de l’équipe United-Healthcare a largement dominé l’étape de montagne du Tour de San Luis. L’adversité avait beau être un peu plus réduite avec un contingent quasi-exclusivement américain, sa manière de s’imposer, faisant craquer ses adversaires une à une simplement au train, a confirmé ses prédispositions en montagne entrevues l’an dernier. Sa physionomie ne trompe d’ailleurs pas : très grande mais très fine, à la manière d’un Robert Gesink. En 2015, elle avait déjà remporté l’arrivée au sommet pour sa reprise en Argentine, mais avait perdu trop de temps sur le contre-la-montre. Or, cette année, terminant deuxième de l’exercice, elle a pu concrétiser une victoire au général, profitant également d’une petite contre-performance de Lauren Stephens, la révélation de l’an dernier sur les courses par étapes et qui avait pourtant écrasé l’exercice chronométré. Pour Katie Hall comme Lauren Stephens se pose maintenant la question de l’échelon supérieur. Même si le Tour de Californie, intégré au World Tour, verra probablement une confrontation entre les coureuses du circuit américaine et les coureuses du circuit européen, on est curieux de voir ce que ces coureuses (tout comme d’autres ex) feront à un échelon supérieur, dans les traces de la double vainqueur du Giro Mara Abbott.

 

Katrin Garfoot

Katrin Garfoot intouchable sur le Tour Down Under.

 

Les filles en forme

En Argentine, la polonaise Małgorzata Jasińska s’est également montrée à son avantage, en remportant la classique d’ouverture puis en terminant 2e de la course par étapes. Celle qui avait été une des principales animatrices des mondiaux à Richmond sera probablement une des fer de lance de l’équipe Alé-Cippolini sur les courses accidentées de second rang. La sprinteuse Shelley Olds-Evans aura aussi fait une belle rentrée en accompagnant les meilleures lors du Tour Down Under et terminant 2e du général, avant d’être un peu plus discrète au Tour du Qatar (deux top 5 et 11e du général). De nombreuses australiennes se seront montrées à leur avantage comme Annette Edmondson, championne du monde de l’omnium, qui aura remporté une étape au sprint, ou surtout Amanda Spratt, nouvelle championne d’Australie et vainqueur avec autorité de la Cadel Evans Great Ocean Road Race. Le Tour du Qatar lui était la rentrée pour bon nombre de coureuses. Kirsten Wild déjà multiple vainqueur de la course perd malheureusement le général sur un problème mécanique, mais repart avec une étape et la confirmation de sa condition. Ellen Van Dijk repart également avec une étape et peut démarrer l’année en confiance après une saison 2015 en demi-teinte. Trixi Worrack repart avec le classement général et lance son équipe Canyon sur de bons rails.

Mais des jeunes coureuses se sont également exprimées. On retiendra notamment la performance de Chloe Hosking, parvenue à devancer Kirsten Wild sur la dernière étape du Tour du Qatar. Anouska Koster de la Rabobank aura également surpris en terminant 8e du général et meilleure jeune. Côté sprint, la sprinteuse Coryn Rivera, vice-championne des États-Unis, a bien lancé sa saison avec une étape du Tour de San Luis. Mais la vraie révélation de ce début de saison est Danielle King, qui depuis deux saisons traînait les conséquences d’une grave chute, et qui sur le Tour Down Under a impressionné dans les reliefs, remportant notamment le classement de la montagne. Son entraîneur lui a prédit une éclosion au top niveau cette saison, à surveiller.

Le mois de mars est celui des classiques et du début des courses World Tour : Strade Bianche, Tour de Drenthe, Trofeo Alfred Binda, Gent-Wevelgem… Le reste du peloton devrait faire alors sa rentrée, et les meilleures mondiales devraient reprendre leur place dans le haut des classement. Notamment on attend beaucoup du retour de Marianne Vos après une année blanche. Mais ce début de saison a donné quelques pistes intéressantes à suivre et qui pourraient venir perturber la hiérarchie entrevue en 2015.

 

Par Johann P.

 

Crédit Photo : http://www.letour.fr/ladies-tour-of-qatar/ & tourdownunder.com
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Modérateur: Animateurs cyclisme pro