Écrit le par dans la catégorie Cyclo-Cross, Hors-catégorie.

Les récents titres de champion du monde de Matthieu Van der Poel et Pauline Ferrand-Prévot ont mis en évidence l’accès d’une jeune génération de coureurs au haut niveau. De manière plus large, c’est surtout l’abondance de jeunes talents qui impressionne, quand au même moment une figure sacrée comme Sven Nys semble reculer dans la hiérarchie. S’il est difficile de déterminer les causes réelles de ce phénomène, il est possible d’avancer quelques hypothèses.

Un concours de circonstances ?

L’an dernier, il est difficile de croire que Matthieu Van der Poel ou Wout Van Aert auraient pu s’installer aussi facilement au sommet de leur discipline. Bien qu’irrégulier, Niels Albert aurait constitué un obstacle considérable et un Sven Nys à son niveau de la saison 2013-2014 aurait été beaucoup plus difficile à contenir, de même qu’un Sdenek Stybar présent sur ses terres à Tabor. L’absence ou le recul de ces trois champions a laissé le champ libre à d’autres coureurs, parmi lesquels Matthieu Van der Poel et Wout Van Aert. Et comme d’autres cadors internationaux tels Mourey, Walsleben ou Vantornout ont réalisé eux aussi une saison en demi-teinte, l’arrivée au premier plan d’une jeune génération (dont Merlier, Veermersch, Van Kessel ou Adams) a été d’autant plus marquante.

Même sorte de constat chez les féminines. Le titre de Pauline Ferrand-Prévot ou la coupe du monde de Sanne Cant sont largement dus aux mauvaises formes de Marianne Vos ou de Katie Compton. Les deux championnes à leur forme de l’an dernier auraient évoluées à un niveau inaccessible pour leurs adversaires. La mauvaise saison de Nikki Harris et la baisse de niveau d’Helen Wyman ont accentué la domination de Sanne Cant sur le continent européen et ont mis Sophie de Boer au devant de la scène sur la première partie de saison. Malgré tout, l’adversité chez les féminines aura été beaucoup plus consistante. Si l’arrivée d’une génération très forte (avec notamment Stultiens, Antonneau et Mikulaskova) est incontestable, la hiérarchie aura été globalement conservée avec les victoires régulières de Katerina Nash et de Marianne Vos, le titre à Tabor de Pauline Ferrand-Prévot constituant finalement sa seule victoire internationale.

Cette mise en contexte ne vise pas à nier les capacités des jeunes coureurs. Wout Van Aert peut être considéré comme le meilleur cyclocrossman actuel et la place de n°1 mondiale de Sanne Cant peut difficilement être contestée. Néanmoins, cela explique en partie l’importance prise d’un seul coup par la jeune génération de coureurs. Chez les hommes, le retrait des anciens et le creux de la génération Niels Albert / Sdenek Stybar / Lars Boom laisse davantage de place aux nouveaux arrivants. Mais c’est bel et bien le talent des néo-pros qui leur permet d’accéder à ce nouveau statut.

Pauline Ferrand-Prévot aura montré sa capacité à être présente au bon moment, à défaut de dominer la scène internationale

Pauline Ferrand-Prévot aura montré sa capacité à être présente au bon moment, à défaut de dominer la scène internationale

Un certain renouveau du cyclo cross

Des jeunes coureurs qui par leur talent bousculent la hiérarchie n’est pas un fait nouveau. Lars Boom et Niels Albert réussirent tous deux à remporter le championnat du monde élites dès leur première participation (2008 et 2009). Les phénomènes que constituent Wout Van Aert et Matthieu Van der Poel sont peut être plus impressionnants encore, mais l’histoire du cyclisme est remplie de ce genre d’histoires, à l’instar d’Anquetil remportant le grand prix des nations à seulement 19 ans ou plus récemment Andy Schleck deuxième du Giro à 21 ans. Chez les dames la plus impressionnante du genre est encore en activité puisqu’on peut citer le double titre de championne du monde cyclocross / route de Marianne Vos à seulement 19 ans (et sur un podium de coupe du monde à 15 ans !).

L’émergence conjointe de Wout Van Aert et Matthieu Van der Poel est une chose positive pour le cyclo cross, mais c’est sans doute plus encore l’arrivée massive d’une jeune génération qui est impressionnante. Menée par les surdoués Sanne Cant et Lars Van der Haar, la génération 1990 est venue dès ses débuts professionnels infiltrer le haut du tableau. L’an prochain, le très impressionnant contingent de coureurs nés en 1993 risque d’accentuer cette tendance. Alors que les classements se constituaient fréquemment des mêmes coureurs, on assiste à une densification du niveau chez les élites, et notamment chez les féminines où les tops 20 des coupes du monde sur la fin de saison étaient particulièrement impressionnants.

Est-ce du à un regain de popularité de la discipline ? Difficile de savoir. La jeunesse triomphant des anciens est un thème médiatique vendeur, et sans cesse répété, sans pour autant que le phénomène soit particulièrement différent des autres époques. Pour les dames, il est probable que des personnalités comme Marianne Vos ou plus récemment Sanne Cant en Belgique ont ouvert des vocations. Néanmoins, si on peut apprécier une certaine diversité dans les nationalités au sein des jeunes coureuses féminines, on pourra regretter un recentrement toujours plus accru sur le duo Pays-Bas / Belgique pour les hommes. L’hétérogénéité qui peut exister chez les juniors s’efface toujours dans les catégories supérieures, faute de professionnalisation possible en dehors de la route et du vtt. Aussi, le risque de perdre ses meilleurs éléments (Van der Poel et Van Aert) au bout de quelques saisons, ceux-ci ayant tout gagné et préférant se consacrer à la route, est à prendre en compte. Pour le cyclo cross c’est une précarité à ne pas négliger à l’heure où Sven Nys est proche de la retraite.

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Article rédigé par bullomaniak ; crédit photo Wikicommons (Ivan Dillen, François de Dijon)
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