Écrit le par dans la catégorie Féminines, Hors-catégorie.

Cap sur le cyclisme féminin trop peu médiatisée et trop souvent délaissée au profit de son pendant masculin pourtant souvent englué dans des schémas de course stéréotypés. Sur ce site, nous essaierons de vous donner des nouvelles régulières de la saison féminine, soit par notre forum, soit par le biais d’articles faisant le bilan d’une partie de l’année, ici celle qui entame 2014, de février au Tour du Qatar à fin avril sur la Flèche wallonne.

Elisabeth Armitstead, patronne incontestable

La faible médiatisation du cyclisme féminin fait que globalement un seul nom ressort, celui de Marianne Vos. Or, cette année, la championne néerlandaise a entamé sa saison assez tard – sur la Flèche wallonne justement – d’où la possibilité pour d’autres coureuses de se mettre en avant. Une en particulier a brillé dans ce début de saison, non pas nécessairement en terme de victoires, se limitant finalement à la classique de Drenthe, mais en terme de régularité.

Elisabeth Armitstead jusqu’ici avait peu de références marquantes. Certes, beaucoup de places honorables dans les grandes courses, mais ne jouant que rarement les premiers rôles. Or, depuis le début de l’année, sur chaque manche de coupe du monde, elle est la patronne de la course, celle dont on se méfie, dont on essaie de se détacher et dont la moindre action prend une importance considérable. A Drenthe, partie avec autorité dans l’unique difficulté du parcours, elle régla facilement au sprint Anna Van der Bregge. En Italie elle buta sur la pointe de vitesse d’Emma Johansson. Au Tour des Flandres elle dut laisser filer sa coéquipière Ellen Van Dijk, se contentant de contrôler les ardeurs d’Elisa Longo-Borghini. A la Flèche wallonne elle fut surprise par la fraîcheur de Pauline Ferrand-Prévot.

Au bout du compte, cela ne fait qu’une seule victoire de prestige, mais il est difficile de ne pas s’extasier sur sa présence constante au sommet : sur la coupe du monde qu’elle domine aisément, elle n’a pour l’instant jamais été au-delà de la deuxième place. Le nom de ses adversaires directes varie, mais Elisabeth Armitstead demeure constamment dans la lutte pour la victoire. A vingt-sept ans, l’anglaise s’est imposée comme une coureuse plus qu’incontournable du peloton féminin.

le mur de Huy

le mur de Huy

La jeunesse prend la main

Elisabeth Armitstead est celle qui se démarque le plus dans ce début de saison. Pourtant elle n’est pas la seule à émerger ainsi. De fait 2014 marque, sinon un tournant, au moins l’arrivée d’une nouvelle génération de coureuses dans le top niveau international. Trois en particulier se sont démarquées (en plus d’Armitstead) : l’italienne Elisa Longo-Borghini, la néerlandaise Anna Van der Bregge et la française Pauline Ferrand-Prévot.

La première avait déjà imposé sa marque en remportant le trofeo Alfredo Binda, deuxième manche de la coupe du monde, en 2013. Mais après ce beau résultat elle avait peiné à rester au meilleur niveau. Cette année, si elle n’a pu rééditer sa performance en Italie, elle a en revanche su conserver une belle régularité, notamment se montrant très impressionnante sur les pavés des Flandres. Anna Van der Bregge, elle, s’était révélé au grand public sur le championnat du monde de Florence en superbe équipière de Marianne Vos. Dans la lancée, elle a su cette année, assurer le leadership de l’équipe Rabobank, frôlant l’exploit à Drenthe en attaquant de très loin, puis assurant en second rideau dans les autres manches de la coupe du monde, classée actuellement 3ème du classement général.

Pour la troisième l’irruption dans le haut du panier fut plus fulgurante encore. Pauline Ferrand-Prévot a réalisé l’exploit de ce début de saison en s’imposant sur la Flèche wallonne à seulement 22 ans. Jusqu’ici, équipière chez Rabobank, elle n’avait pas réalisé grand chose de probant sur la route ; ses performances marquantes il fallait aller les chercher chez les catégories jeunes ou dans d’autres disciplines, en VTT et en cyclocross. Son début de saison était certes solide et démontrait une vraie montée en puissance, mais de là à l’emporter sur la grande classique de référence du peloton féminin, il y avait une vraie marche que peu de monde envisageait. L’équipe Rabobank, elle, y a cru, et avec l’appui précieux de Marianne Vos, Pauline Ferrand-Prévot s’est ouverte de grandes perspectives.

Evelyn Stevens, troisième de la Flèche wallonne

Evelyn Stevens, troisième de la Flèche wallonne

Et d’autres…

Parler ainsi seulement des coureuses qui émergent, mettre cet article sous l’angle d’un changement de génération rendu factice par le manque de moyens du cyclisme professionnel féminin, c’est occulter d’autres performances notables. Deux autres coureuses ont effectué un grand début de saison. Kirsten Wild dans ces premiers mois de l’année 2014 s’est montré la plus forte dans le domaine du sprint et a remporté de très nombreuses victoires : le tour du Qatar avec 3 étapes, la Novilon EDR Cup, 2 étapes de l’Energiewacht Tour et la Ronde van Gelderland. Aussi, comment ne pas évoquer l’exploit cancellaresque d’Ellen Van Dijk sur le Tour des Flandres, partie dès Kruisberg à 25 km de l’arrivée, et où à l’arrière le peloton n’a jamais pu reprendre du temps, ni même éviter d’en perdre davantage. Celle qui avait remporté le championnat du monde contre-la-montre à Florence a connu certainement le plus beau jour de sa carrière.

Encore bien des choses pourraient être évoquées. La victoire de Emma Johansson au trofeo Alfredo Binda. Vera Koedooder et Lauren Hall qui sur l’Energiewacht Tour (course par étape néerlandaise) et sur Gand-Wevelgem ont triomphé face à des coureuses bien plus référencées. Les performances d’Amélie Rivat qui domine outrageusement la coupe de France tout en assurant de belles performances en coupe du monde. Les courses par étapes sud-américaines de février et mars. Mais les choses les plus marquantes ont été dites. Surtout le reste de la saison différera certainement. La période phare des classiques est achevée, les courses par étapes vont se faire plus nombreuses, d’autres noms devraient se mettre en avant comme Evelyn Stevens ou Georgia Bronzini, et surtout Marianne Vos ayant repris la compétition c’est de nouveau vers elle que se tourneront les regards. Son absence aura néanmoins été riche d’enseignements.

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Article rédigé par bullomaniak. Crédit photo : Wikicommons (André Karwath), Akitsuki
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