Écrit le par dans la catégorie Analyses, Coup de bordure.

Le bilan du Tour de France

Quelques jours après la fin dece centième Tour de France, il est temps de dresser un bilan. Afin de garder le meilleur pour la fin, commençons tout de suite par s’attarder sur ceux qui n’ont pas brillé sur les routes françaises.

BMC : 1/20

Démission. John Lelangue ne pouvait que faire cela après ce Tour catastrophique, qui restera longtemps dans les annales. Imaginez-vous donc à sa place … une équipe avec deux grands leaders, un champion du monde et des équipiers de grande valeur. Et repartir du Tour avec la 35ème place de Steve Morabito comme meilleur résultat.

Que s’est il passé chez BMC ? Mésententes internes déjà, sur le choix du leader. Il y avait les pros Evans, le choix de Lelangue, et les pros Van Garderen. Il y a aussi eu ce problème de jambes … Evans 3ème du Giro n’était il pas trop fatigué pour prendre part à ce Tour ? Qui plus est avec de réelles ambitions ? N’oublions pas que l’Australien a déjà 36 ans, et qu’il avait déjà eu du mal en toute fin de Giro. Et Van Garderen ? Comment expliquer cette incroyable faillite ? Incapable d’accrocher les meilleurs dès que la route s’élevait, il s’est sacrifié pour Burghardt lors de l’étape de Lyon. On le croyait de retour après la dernière journée de repos, grâce à un gros chrono, mais non … Échappé le lendemain sur la route de l’Alpe d’Huez, il s’est fait croquer dans le final alors que la victoire semblait lui tendre les bras.

On ne peut que parler aussi des mauvais choix entourant Gilbert. Lui qui aurait trouvé en Corse ou lors de la transition vers les Pyrénées un terrain parfait pour s’imposer, il était dévolu à la protection de Van Garderen. Un champion du monde pour protéger un leader … n’y avait il réellement aucun équipier capable de faire ça ?

Finalement le seul qui a tenu son rang dans cette équipe, ce fut Morabito. Solide guerrier, vaillant équipier, il fut là pour épauler Evans… et finalement le devancer !

 FDJ : 2/20

L’invisible armada.  Lorsque l’on s’aligne avec un sprinteur capable de jouer les premiers rôles, et un grimpeur capable de jouer le Top 10, voir mieux, et qu’aucun des deux n’a le temps de dégainer ses cartouches, on s’oriente inévitablement vers un gadin.

Si du côté des sprints, Bonnet (avec un Top 5) puis Fischer (un Top 10) ont tenté de rattraper le coup, ce ne fut pas du tout le cas du reste de l’effectif. Avec Jeannesson et Geniez, la FDJ possédait deux leaders de rechange, capable sans aucun doute d’aller titiller le Top 10. Si Geniez était affecté à la protection de Pinot, Jeannesson semblait avoir les mains libres.

Arrivent alors les Alpes … on espère voir Pinot de retour à son meilleur niveau, mais la maladie l’a finalement emporté. Tant pis, on espère voir les autres FDJ se mettre à jouer devant. Mais alors, que nenni. Si Jeannesson à Gap, puis Geniez au Grand Bornand, ont tenté, ça n’a pas marché. Malgré ces placettes, seule la victoire compte dans ces échappées…

On regrettera aussi le manque de visibilité d’Arthur Vichot, le champion de France, ou l’absence de Fédrigo et Roy à l’avant,  alors qu’ils possèdent ce petit plus qui leur permet de jouer la gagne.

 Lampre : 2/20

Transparents. Tel est le mot qui qualifie la prestation de Lampre sur ce Tour. Qui se souvient d’avoir vu les maillots violets sur nos belles routes françaises cet été ? Alors oui, quelques uns ont tenté, comme Mori, voir Niemiec, obligé de s’échapper sur le plat … Niemiec parlons en justement. On l’attendait comme le bras droit de Cunego. Au final, qui se souvent que le 6ème du dernier Giro était là ? On ne parlera pas de son leader, Cunego … enfin si un peu quand même ! Il a couru à contre temps, ratant les échappées quand il fallait les prendre, incapable de suivre les meilleurs lorsque la pente s’élevait.  Du côté des grimpeurs, seul Serpa a tenu son rang. 21ème, arrivant même à tenir le rythme des meilleurs en fin de Tour.

Alors pourquoi une note de 2 sur 20 ? Et bien grâce à Roberto Ferrari ! Au contraire de ses équipiers, lui a parfaitement tenu son rang. 3 fois 5ème de sprint massif, il est à sa place. Malheureusement pour lui, et pour Lampre, lorsqu’on ne lutte pas pour la gagne dans un sprint massif, on est transparent. Tout au plus une tache, au fond de l’écran, derrière les vedettes. Qu’il fait bon être grimpeur sur le Tour…

Oui vous ne rêvez pas, on a bien trouvé une photo d’un Lampre sur le Tour 2013 !

 

Europcar : 4/20

A l’envers. C’est la façon de courir d’Europcar sur ce Tour. Rolland pourra longtemps regretter de ne pas avoir ramené ce maillot à pois à Paris.

Les quelques efforts en début de Tour pour prendre le maillot ne furent pas préjudiciables, et  plutôt intelligents même. Ils assuraient à Rolland une porte de sortie si jamais le classement général ne suivait pas. C’est  à l’arrivée de la haute montagne que tout a commencé. On peut commencer à se demander à quoi cela servait d’attaquer si tôt dans Pailhères, alors qu’il pouvait encore espérer jouer à la pédale avec les meilleurs. Tout c’est vraiment dégradé dans l’étape du Ventoux. Partant à contre temps pour rattraper l’échappée qui ne voulait pas le voir revenir, Pierre s’est, inutilement, fatigué. Pire, une fois repris, Europcar a décidé de rouler sur les échappées, ramenant le peloton à quelques minutes… et donc Froome et Quintana ! Qui n’eurent que peu d’efforts à faire pour croquer les faibles échappés. Si ce jour là Europcar n’avait pas ramené le peloton, qui sait ce qui serait advenu de l’échappée ? Peut être qu’elle serait allée au bout, évitant d’offrir des points à Quintana et Froome… Par la suite Pierre a tout donné, voir même trop, lors de l’étape du Grand Bornand.

Pour le reste de l’équipe, que dire … Voeckler pas au niveau, les autres tentant sans jamais conclure. Ça n’était pas le Tour d’Europcar. Notons tout de même la belle révélation Kevin Reza, qui s’est mêlé à deux reprises au sprint du peloton en marge d’une belle échappée vers Marseille. Il y a peut être quelque chose à faire dans ce domaine là …

 Vacansoleil : 4/20

Attaquants. C’est la caractéristique de cette équipe sur ce Tour. Avec un avenir toujours incertain, il était de mise de se montrer aux avants postes, comme l’a régulièrement fait Juan Antonio Flecha, qui s’est même mis à jouer le classement par point, obtenant une surprenante 7ème place.

Pour le reste, c’est tout de même plus mitigé. Sur le plan du sprint, ils ont été présents. Danny van Poppel  a créé le buzz le premier jour, prenant une belle 3ème place,  ou réalisant quelques autres top 10. Mais comme Ferrari, les sprinteurs de second rang sont transparents. Boeckmans lui se contentait des sprints intermédiaires, tentant sans doute de passer à l’écran.

La grosse déception vient bien évidemment de la montagne. Lorsqu’on aligne une équipe très solide, autour de Wout Poels, avec Thomas De Gendt, Sergey Lagutin et Lieuwe Westra, repartir sans victoire d’étape, ni sans avoir eu l’occasion d’être devant à la pédale, c’est dur. Néanmoins De Gendt a fait un excellent chrono, mais lorsque l’on part loin sur le chrono, on ne nous remarque pas… De Gendt étonnant. Capable d’être aux avants postes CLM, et invisible dès que la route s’élève, comme à Gap.

Au final, si Vacansoleil a beaucoup tenté, il a toujours manqué quelque chose pour conclure.

 Euskaltel : 5/20

Clap de fin ? Entre les difficultés financières annoncées dans le peloton, et un Tour guère convaincant, Euskaltel vit peut être là ses dernières heures. Entre jeunes qui n’arrivent pas au niveau de leurs glorieux ainés, et anciens grands qui n’ont plus le même coup de pédale, la formation basque a vécu un Tour difficile. Sans parler d’une stratégie pas toujours inspirée …

Commençons par Igor Anton. Le voir nommé leader nous inspirait plein d’espoirs. Était il de retour, ce coureur qui jouait la gagne il y a quelques années sur la Vuelta avant de lourdement chuter ? Les Pyrénées laissaient espérer. Mais contre-la-montre il ne tenait pas le rythme, et se faisait piéger à Saint Amand Montrond. Clap de fin. Les Alpes ne furent qu’une désillusion de plus. Il finit tout de même 23ème

Quant à Nieve, son Tour ressemble à celui de Rolland. Même lutte, même échec. A cela près que la déception est d’autant plus grande que Mikel a prouvé être capable de jouer devant, et qu’il aurait largement pu finir dans le Top 10. Alors à quoi jouait Euskaltel ? 6ème lors de l’étape d’Ax 3 Domaines, on pensait voir le Basque continuer de jouer devant. C’était sans compter sur les 5’ perdues lors du chrono du Mont-Saint-Michel…  et la cassure prise aussi à Saint-Amand Montrond. Par contre, dès le Ventoux, il est revenu aux avants postes. 3ème, faisant même craquer Contador ! Le jour qui lui a donné des envies de pois … puis la machine se grippa. Dans la bonne échappée lors de l’étape du Grand Bornand, panne de jambe … incapable de suivre Rui Costa.  Au final, il accroche une 12ème place qui fait pâle figure comparée au potentiel affiché lors du Ventoux ou à Ax. Mais un grand tour, ça n’est pas une course de côte … et c’est, depuis des années, le problème d’Euskaltel.

Et les autres ? Juan Jose Lobato peut tirer un beau bilan de son Tour. Il a prouvé qu’il avait les capacités, dans le futur, de jouer devant lors des sprints. Pour les autres, c’est tout de même plus limité. Sicard incapable de suivre le rythme des échappées sur le plat, Izaguirre ou Astarloza loin de leur meilleur niveau … ce fut un Tour difficile pour les basques, même si on les a vu tenter.

Nieve et Rolland échoueront tous deux à remporter le maillot à pois…

 

Sojasun : 6/20

Petit poucet. C’est toujours assez difficile d’évaluer la performance du petit poucet. Arrivés sans autre ambition que de remporter une étape en baroudeur, puisque n’ayant ni sprinteur, ni grimpeur, l’ambition légitime était donc d’être dans tous les coups. Sur ce plan là, Sojasun n’a jamais failli.

Malheureusement, entre être dans les tous les coups et pouvoir jouer la victoire une fois là, c’est autre chose. Seul Julien Simon s’est montré capable de réaliser cet exploit, à Lyon. Malheureusement il y avait un kilomètre de trop pour Julien. Rappelons aussi qu’il n’est pas passé loin du maillot jaune, à une seconde de Bakelants en première semaine.

Mais en dehors de ça… le néant. On regrettera le manque d’impact global sur la course. Au rayon bonne note tout de même ajoutons Alexis Vuillermoz, qui a montré de belles choses, notamment lors de l’étape du Semnoz.

 Cofidis : 6/20

Inespéré. Le Top 10 de Navarro est inespéré, et ne doit son salut qu’à l’intelligence de course qu’a montré l’espagnol.  Incapable de suivre les meilleurs à la pédale, alors qu’il excellait lors du dernier Dauphiné, Dani Navarro a choisi de s’échapper, plusieurs jours de suite, pour reprendre les minutes à la pelle, et le ramener dans le Top 10, à une 9ème place qu’on oserait presque qualifier de chanceuse, tant Navarro n’arrivait pas à suivre dès que la bagarre se déclenchait. Mais tout de même, il a offert à Cofidis ce Top 10, objectif au départ de Corse.

Chanceuse aussi tant l’équipe a souffert sur ce Tour. Taaramäe en particulier. Lui qui arbore un si beau maillot de champion d’Estonie ne l’a fait voir qu’en queue de peloton. Comment ce coureur, grand espoir du cyclisme mondial, a t-il pu se rater à ce point ?

Et quid de Coppel ? Lui qui grimpait si bien a semblé à côté de la plaque sur ce Tour, sauf lors de l’étape de Gap, où il n’était pas loin d’avoir les jambes pour jouer la gagne. Après un début de saison transparent, c’est une déception.

Les autres auront bien tenté de temps en temps, ils n’ont pas non plus réussi à briller. Au final Navarro sauve Cofidis in extremis, mais a du mal à faire briller un bilan pas loin d’être désastreux. La formation nordiste s’était considérablement affaiblie par le passé, mais avait une belle allure, au moins sur le papier, cette année … attention à ne pas sombrer de nouveau.

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Par Vino_93 // Images : Vincent Lefèvre (reflexe.photo.free.fr)

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